Impuissance(s) de la littérature ?
Sous la direction de Eric BENOIT et Hafedh SFAXI
Presses Universitaires de Bordeaux, coll. « Entrelacs », 2011, 449 p.
- 24 euros
- ISBN : 978-2-86781-712-0
- Actes du colloque de Gafsa (avril 2009)
Présentation de l'éditeur:
L'impuissance de la littérature est de nos jours une question centrale dans la création littéraire et dans la critique. Ce livre collectif examine cette question selon deux axes : en amont de l'oeuvre, l'impossibilité d'écrire ; en aval de l'oeuvre : l'interrogation sur l'action ou l'inaction de la littérature face au monde réel et à l'Histoire.
Cette interrogation n'est pas pessimiste : l'impuissance peut être féconde. L'un des paradoxes de la littérature, c'est que, de cette impuissance, l'écrivain va tirer des oeuvres particulièrement intenses, bouleversantes par la singularité d'un style, d'une voix, et toujours riches d'effets sur le lecteur.
C'est sur fond d'impuissance que la littérature continue de s'élever. L'impuissance est créatrice, et c'est bien avec un double sens qu'il faut entendre l'expression « impuissance créatrice » : impuissance à créer, et impuissance qui crée, qui incite à créer.
La littérature persiste obstinément à être parole de résistance. Fragile, mais résistante. Ce n'est pas une parole de pouvoir, mais de contre-pouvoir : « hors-pouvoir », comme le disait Barthes dans sa Leçon. A long terme, la parole littéraire se révèle gagnante, elle contribue à mieux humaniser l'homme. Sa réception, de générations en générations, invente de nouvelles formes de sensibilité, de subjectivation, de vie. Impuissante souvent dans son présent - puissante dans le temps.
Table des matières
Avant-propos
Introduction
Première Partie : Problématisations
Eric Benoit : Bouche bée (« Qui, si je criais… ? »)
Hafedh Sfaxi : Du pouvoir de la langue au pouvoir dans la langue
Olivier Bessard-Banquy : Du déclin des lettres aujourd'hui
Alexandre Gefen : Ma fin est mon commencement : les discours critiques sur la fin de la littérature
Deuxième Partie : La modernité à l'épreuve de l'impuissance
Makki Rebaï : Hantises de l'impuissance dans l'oeuvre de Baudelaire
Arsélène Ben Farhat : Puissance et impuissance du poète lyrique dans Jack d'Alphonse Daudet
Hassen Bkhaïria : Bouvard et Pécuchet, une poétique de l'impuissance
Alissa Le Blanc : Failles et faillites du discours chez Jules Laforgue
Troisième Partie : L'impuissance, source de créativité
Francis Lacoste : Flaubert, de l'impuissance à la toute-puissance
Kamel Fekih : Impuissances superviliennes
Jelena Rose : L'écriture autobiographique de Michel Leiris, entre impuissance et coquetterie
Mustapha Trabelsi : (Im)puissances fragmentales ?
Alain Sebbah : La littérature hors d'elle-même
Quatrième Partie : Dans les impasses du langage
Wafa Ghorbel : Le deuil blanc : Georges Bataille et « l'hécatombe des mots » (Le Mort)
Fayçal Mazhoudi : Le Malentendu de Camus : de l'impuissance du langage au pouvoir de la littérature
Faouzi Horchani : Impuissance du langage et langage de l'impuissance dans En attendant Godot de Beckett
Yann Mevel : Etre ou ne pas être écrivain ? Autour de La Dernière Bande de Samuel Beckett
Ilias Yocaris : « Mais comment appeler cela ? » Impuissance et sursémiotisation du langage dans les romans de Claude Simon
Cinquième Partie : Face à l'Histoire
François Ouellet : « Que peut un homme ? » Une poétique de l'histoire littéraire
Pierre Schoentjes : Pouvoir des armes… impuissance du roman. Livres, barbarie et fictions de guerre
Bessem Aloui : Paroles en fuite dans l'oeuvre romanesque de Sony Labou Tansi
Fadhila Laouani : De la volubilité à l'esthétique en archipel (Frankétienne)
Noureddine Ameur : Ourania de J.-M.G. Le Clézio: le discours utopique, de l'impuissance à la réhabilitation