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Éprouver, pratiquer, enseigner les arts et la culture. Former à l'approche de l'oeuvre les enseignants et les médiateurs.

Éprouver, pratiquer, enseigner les arts et la culture. Former à l'approche de l'oeuvre les enseignants et les médiateurs.

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Marc Parayre)

IUFM de l'académie de Montpellier

Université Montpellier II

Site de Perpignan.

Dates : 29, 30 et 31 octobre 2009

Journées d'étude

Éprouver, pratiquer, enseigner les arts et la culture. Former à l'approche de l'oeuvre les enseignants et les médiateurs.

Pratiques de l'oeuvre, discours sur l'oeuvre, savoirs et expériences de l'oeuvre : des questions théoriques et pratiques partagées en formation des enseignants des disciplines artistiques (littérature, arts visuels, musique, arts du corps…) et des médiateurs culturels

Version 3

Quelles sont les formes et les conditions de la rencontre avec les oeuvres d'art ?

Comment former les professionnels chargés de préparer, accompagner et prolonger cette « rencontre » ?

Comment enseigner à approcher, à regarder, à écouter, à « éprouver » une oeuvre ? Comment accueillir les premières formes du « discours sur l'oeuvre » ?

Problématique

Ces journées d'étude ont pour but d'organiser la rencontre de chercheurs, de formateurs, de professionnels, qui travaillent sur deux objets articulés :

- d'une part sur les conditions et les formes de la rencontre avec des oeuvres d'art de publics d'âge scolaire (les toutes premières socialisations culturelles), lorsque cette rencontre est prise en charge par un professionnel, qu'il relève de l'Éducation Nationale ou d'un service d'accueil des publics dans une institution culturelle ;

- d'autre part, sur les problèmes plus précisément posés par la formation des médiateurs (enseignants ou non) aux gestes professionnels précis d'accompagnement (ou d'étayage) de cette rencontre avec l'oeuvre, et son articulation avec les savoirs et compétences propres au domaine des Enseignements Artistiques et Culturels (EAC).

L'expression « enseignements artistiques et culturels » [EAC] est une désignation conventionnelle[1], utilisée par des institutions nationales (ministères de l'Éducation et de la Culture[2], Haut conseil de l'Éducation artistique et culturelle[3]…) ou internationales[4] pour désigner les enseignements (ou le travail éducatif) qui relèvent de tous les arts, la littérature, les arts visuels, la musique, les arts du corps, etc. La réflexion que les Journées souhaitent engager se situe autour de questions qui sont partagées par les acteurs du domaine plus particulièrement chargés de la formation de ces enseignants[5] ou de ces médiateurs[6]. Un des enjeux est la constitution d'un réseau interdisciplinaire de chercheurs et de formateurs.

Ce que nous appelons « rencontre avec l'oeuvre », ce sont les premières prises de contact avec l'oeuvre (qu'elle soit texte littéraire, pièce musicale, oeuvre plastique, pièce chorégraphique…). Cette rencontre est à la fois un évènement personnel et intime, mais aussi un évènement social et socialisé, fortement médiatisé ; c'est à la fois une expérience sensible et l'occasion d'interactions sémiotisées par la parole ou d'autres signes (corporels, plastiques…). C'est à la fois un évènement qui mobilise des savoirs de toute nature, qui les met en mouvement et qui en prépare de nouveaux. C'est de l'observation de ces premiers moments que l'enseignant puis le formateur dégage matière à guider son action.

Lorsque cette rencontre avec l'oeuvre a lieu dans des espaces institués pour cela, elle est souvent préparée, accompagnée, prolongée par le travail de professionnels, qui vont construire pas à pas les liens avec l'expérience personnelle, avec les savoirs déjà-là, avec les apprentissages à venir. Malgré la diversité de leurs lieux de travail ou de leurs statuts, spécialistes et non-spécialistes ont beaucoup à partager. Leurs questions, leurs interrogations, les solutions qu'ils improvisent, constituent un espace commun de réflexion :

Ces professionnels peuvent être des spécialistes, comme les personnels des musées ou les professeurs de littérature, d'arts plastiques ou d'éducation musicale (par exemple), mais nous pensons particulièrement  :

- Aux enseignants de l'école primaire, dont les programmes incluent une éducation à la « culture humaniste » et à « l'histoire de l'art » (voir note 5). Pour la plupart, en particulier pour les publics les plus jeunes, ce sont des non-spécialistes[7] qui n'ont pas de formation universitaire dans les diverses disciplines « artistiques et culturelles ».

- Aux enseignants de l'école moyenne et du secondaire supérieur[8], qui travaillent avec des oeuvres dans le cadre de leur enseignement (professeurs de français, d'histoire…) sans en être des spécialistes, qu'ils aient ou non une formation complémentaire ou mention attestée[9].

- Aux personnels hors éducation nationale, qui sont amenés soit à relayer les enseignants dans les institutions culturelles (musée, sites patrimoniaux, etc.) soit à collaborer avec eux dans le cadre des opérations conjointes désormais encouragées par les ministères de l'Éducation et de la Culture.

Pour tous, il s'agit d'organiser l'accès à trois espaces qui sont autant de formes de la pratique de l'oeuvre, symboliquement présentés ainsi[10] :

- le musée (la bibliothèque, le conservatoire…), lieu de la « pratique culturelle » (le voir) : là où les oeuvres sont approchées, vues et re-vues, écoutées et ré-écoutées, reçues et appréciées, vécues et expérimentées, etc. ;

- le laboratoire, lieu de la « connaissance des langages artistiques » (le savoir) où sont élaborés les outils de l'analyse, de la comparaison, du classement, de l'histoire, etc. ;

- l'atelier, lieu de la « pratique créative » (le faire), adossé aux deux autres espaces qui le nourrissent autant qu'il s'en nourrit : écrire la littérature, par exemple, c'est aussi apprendre à la (re)lire.

Les relations entre ces trois espaces ne sont pas toujours tranchées. Elles ne sont pas toujours aisées. On peut le mesurer autant dans les institutions éducatives que dans les pratiques sociales de référence : les mondes de l'artiste, du marchand d'art, de l'historien de l'art, du philosophe spécialiste d'esthétique, du sémiologue, de l'enseignant des écoles d'art, de l'animateur d'ateliers culturels ouverts au grand public… sont parfois séparés par des rivalités, parfois rapprochés par les collaborations. On peut citer par exemple, en éducation musicale, la difficulté d'équilibrer l'initiation à la pratique instrumentale et les activités d'écoute ; dans l'enseignement de la littérature au secondaire, l'introduction discutée d'une épreuve dite « d'écriture d'invention », à côté des exercices classiques du commentaire ou de la dissertation.

Le champ de questions ainsi dessiné est vaste. Nous ne nous intéressons pas aux pratiques culturelles en général[11], mais aux toutes premières socialisations culturelles, aux moments d'initiation aux pratiques de l'oeuvre. Ce sont aussi les moments où se heurtent les déterminations sociales et le travail des acteurs qui cherchent à les déplacer, à les transformer… C'est pourquoi le public scolaire des plus jeunes nous paraît un objet digne d'intérêt, mais on peut aussi s'intéresser aux publics dits « difficiles », aux lecteurs-spectateurs-auditeurs réputés non avertis.

Au delà, c'est la question de la formation aux gestes professionnels de la rencontre avec l'oeuvre qui nous intéresse. Nous proposons de travailler, à partir de l'analyse de situations réelles d'initiation, sur la compétence de celui qui est chargé d'étayer les premiers contacts du lecteur-spectateur-auditeur avec l'oeuvre. C'est un premier plan de la réflexion, auquel nous voulons joindre une réflexion sur la formation des non-spécialistes à ce type de travail.

- Comment enseigner à approcher, à regarder, à écouter, à « éprouver » une oeuvre ? Comment enseigner à avoir un regard critique ?

- Comment enseigner « le discours sur l'oeuvre », à en parler, à écrire, dans des formes tantôt improvisées et spontanées, tantôt transposées des pratiques savantes autour des oeuvres, – à se taire ou à agir pour mieux écouter-recevoir-produire ? Comment transposer les termes et les techniques des spécialistes (historien, sémiologue, artiste…), tout en respectant la singularité d'une expérience et d'une appréciation personnelle ?

- Quelles formes langagières sont observées ? Quels jeux de langage[12], quels genres[13] dans cette médiation entre les non-initiés et les oeuvres ? Comment se croisent les discours et les conduites individuelles/collectives, spontanées/dirigées… ?

- Quel équilibre entre les apports savants, les enseignements techniques, les apports de notions, les démarches transmises… et la réception singulière, authentiquement ou illusoirement « spontanée » ?

- Quel rôle, dans cette rencontre, pour les activités pratiques, les formes de « l'atelier artistique », quel lien entre éprouver/ressentir, parler-écrire et faire[14] ?

- De quelles ressources dispose l'enseignant/le médiateur ? Improvise-t-il librement ou dispose-t-il de recettes, de « gestes de métier », de techniques réutilisables ? Comment intervient-il ? Comment évalue-t-il les situations pour prendre des décisions ? Quels sont ses savoirs d'arrière-plan, ses postulats théoriques, explicites ou non ?

- Sommes-nous d'accord sur le sens de consignes qui semblent triviales comme « commenter », « expliquer », « décrire », « pratiquer », « ressentir », etc. ? À quelles tâches, à quelle activité renvoient-elles ?

Savoir « initier » les lecteurs-spectateurs-auditeurs à leur parcours culturel autour des oeuvres relève pour nous d'un savoir faire professionnel, sur lequel des recherches sont nécessaires, dans les perspectives de transformation de la formation qui sont d'actualité[15]. Cette réflexion ne doit pas se contenter de la présentation d'expériences. Elle appelle des éclairages théoriques, aussi diversifiés que possible, pour s'enrichir, s'approfondir, se critiquer. La pédagogie et la didactique des arts ont à dialoguer avec la sociologie et la psychologie de la réception esthétique, la théorie des écrits sur l'art, l'histoire des arts et plus précisément l'histoire de la transmission en matière d'histoire des arts, la poétique et la poïétique, la sémiologie…

Un des enjeux de ces journées est aussi institutionnel. Il s'agit bien de contribuer à rendre visible et à conforter un secteur des curricula, celui des « disciplines de l'art », qui souffre de la concurrence de ses voisines : les sciences du langage (la préoccupation récurrente de la « maîtrise de la langue »), les sciences humaines (français et histoire, français et philosophie…) et les sciences dites « dures » (mathématiques, sciences de la vie, sciences physiques)[16]. Les programmes scolaires promeuvent un équilibre entre elles ; la formation et la recherche sur la formation doit y contribuer.

OrganisationDates et lieu

Du jeudi au samedi, 29 au 31 octobre 2008.

Sur le site IUFM de Perpignan, 3 avenue Alfred Sauvy.

Frais d'inscription

30 euros (collation, prépublication en ligne, recueil des résumés).

Public destinataire

Enseignants premier et second degré, chercheurs et formateurs-chercheurs en formation des enseignants et des intervenants EAC, dans les institutions de formation (IUFM) ou les masters spécialisés des Universités.

Comité scientifique

BOUDINET Gilles Paris VIII

BUCHETON Dominique IUFM-UM2

DETREZ Christine ENS Lyon

DEZUTTER Olivier Univ. Sherbrooke, Quebec

DUFAYS Jean-Louis Université Louvain, Belgique

FELIX Jean-Jacques IUFM Montpellier-UM2

FERNANDEZ-HERNANDEZ Eric Université La Havane

GERVAIS Bertrand UQAM, Montréal

LANGLADE Gérard Université et IUFM Toulouse

RICKENMANN René FAPSE, Université Genève

ROUXEL Annie Bordeaux

VAUGEOIS Dominique Université Pau

CHABANNE Jean-Charles Université Montpellier 2 – IUFM

VILLAGORDO Éric Université Montpellier 2 – IUFM

PARAYRE Jean-Charles Université Montpellier 2 – IUFM

Comité d'organisation

Marc Parayre, Eric Villagordo, Jean-Charles Chabanne, et équipe LIRDEF.Équipe organisatrice

L'équipe organisatrice est un groupe de travail inscrit dans l'équipe ALFA (Activité Langage Formation Apprentissage), composante du LIRDEF (Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Didactique Éducation et Formation), EA 3749, IUFM de l'académie de Montpellier/Université Montpellier II.

Adresse de l'équipe :

IUFM-Université Montpellier 2

2 place Marcel Godechot

BP 4152

34092 Montpellier cedex 5

Secrétariat des journées : Marc Parayre

Envoyez toute demande d'information à :

parayrem@yahoo.fr

jean-charles.chabanne@montpellier.iufm.fr

eric.villagordo@montpellier.iufm.fr

Site du colloque

IUFM

3 avenue Alfred Sauvy

66000 PERPIGNAN

Format des communications

Les communications orales ont une durée de 20 mn suivies de 20 mn de discussion. Elles se répartiront entre communications plénières et ateliers, au choix du CS.

Un recueil des résumés sera mis à disposition des participants.

Publication des actes en ligne, d'un ouvrage

Une première publication de l'intégralité des communications se fera en ligne, pour une diffusion rapide. Une publication sélective sous forme d'ouvrage est envisagée si le comité scientifique le juge possible au vu des travaux réunis.

Réponse à l'appelDate limite

Les propositions de communication seront renvoyées avant le 31 janvier 2009.

Elles comporteront une présentation du projet en 3000 caractères, suivie d'une bibliographie succincte indicative des références théoriques privilégiées (problématique, méthodologie, résultats, discussion).

Fournir les indications suivantes : nom, prénom, statut, équipe d'appartenance, institution.

Propositions de communications à envoyer à :

parayrem@yahoo.fr

copie à :

jean-charles.chabanne@montpellier.iufm.fr

eric.villagordo@montpellier.iufm.fr

Critères de sélection

Les propositions de communication seront évaluées anonymement.

Le CS appréciera que les intervenants choisissent de s'appuyer sur des données empiriques observées dans des situations d'enseignement, de médiation, de formation et présentent une méthodologie explicitée. Il favorisera les communications d'équipes.

Inscriptions

Demander (voir adresses ci-dessous) que l'on vous envoie un fichier Excel prévu à cet effet.

parayrem@yahoo.fr

copie à :

jean-charles.chabanne@montpellier.iufm.fr

eric.villagordo@montpellier.iufm.fr


[1] La formule peut être contestée, comme on peut le lire dans le rapport du HCEAC, audition du 19 Décembre 2006 : Définition de l'éducation artistique et culturelle : http://www.education.arts.culture.fr/images/documents/Rapport_annuel_2006_HCEAC.pdf

[2] http://www.education.arts.culture.fr/

[3] Haut conseil de l'Éducation artistique et culturelle, décret n°2005-1289 du 17 octobre 2005.

[4] Voir par exemple la Feuille de route pour l'éducation artistique de l'Unesco, Conférence Mondiale sur l'éducation artistique « Développer les capacités créatrices pour le 21ème siècle », Lisbonne, 6-9 mars 2006. http://portal.unesco.org/culture/fr/ev.php-URL_ID=30335&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html

[5] Les nouveaux Programmes de l'école, du collège et du lycée donnent une place significative à une éducation culturelle via l'histoire des arts (Encart - Bulletin officiel n° 32 du 28 août 2008), dans le prolongement du Décret relatif au socle commun de connaissances et de compétences (n° 2006-830 du 11 juillet 2006). Voir aussi les conclusions du rapport Gross (Vingt propositions et huit recommandations pour renouveler et renforcer le partenariat Education -Culture-collectivités locales en faveur de l'éducation artistique et culturelle, déc. 2007).

[6] Par « médiateurs », nous désignons par exemple les personnels chargés de l'accueil des publics d'âge scolaire dans les institutions culturelles (musées, sites archéologiques, etc.).

[7] Les pratiques des débutants montrent qu'ils s'appuient sur des préconceptions, issues le plus souvent de leur expérience personnelle et limitée à quelques stéréotypes.

[8] En France : le collège et le lycée.

[9] Certifications complémentaires « histoire des arts », « danse », « cinéma », « théâtre », accessibles aux professeurs du secondaire.

[10] Sur le site interministériel www.education.arts.culture.fr, http://www.education.arts.culture.fr//index.php?option=com_content&task=section&id=5&Itemid=99.

[11] Voir les enquêtes du ministère de la Culture (« les pratiques culturelles des français »).

[12] Au sens de Wittgenstein.

[13] Au sens de Bakhtine.

[14] Si on exclut les pratique simplificatrices d'activités comme le « à la manière de », les « jeux créatifs », voire les exercices qui se masquent en activités faussement créatives…

[15] « Masterisation » de la formation, intégration des missions des IUFM dans les universités, mission de diffusion de l'éducation artistique et culturelle à tous les niveaux de l'enseignement, etc.

[16] Il suffit d'observer sur quels objets travaillent aujourd'hui les équipes de recherche « interdidactiques ».