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Entretien « Seuls à Seuls » avec W. Mouawad (nonfiction.fr)

Entretien « Seuls à Seuls » avec W. Mouawad (nonfiction.fr)

Publié le par Marc Escola

 

ENTRETIEN - « Seuls à Seuls » avec Wajdi Mouawad (nonfiction.fr, avril 2015)

Sœurs, interprété sur scène par Annick Bergeron, est le deuxième volet du « cycle domestique » ouvert en 2008 avec le texte de Seuls, premier solo qui défaisait et/ou refaisait les fibres du lien fils-pères . C'est à l'occasion de la présentation de Seuls à Bogota, il y a tout juste un an, dans le cadre du 14ème Festival de Théâtre Ibéro-américain, que nous avions pu interroger Wajdi Mouawad. Pour évoquer la première pierre – et donc l'origine – de ce nouveau cycle où l'auteur approche d'une manière nouvelle ce canevas qui lui est cher, essentiel, celui de la famille, mais aussi pour évoquer plus généralement les bases du « travail de théâtre », savoir comment un dramaturge pour qui fiction et histoire personnelle sont toujours entrelacées de façon troublante intègre la réappropriation de ses œuvres.

Nonfiction.fr – Avec Seuls, vous restez en terrain connu – en plongeant encore et toujours dans le thème du filial, conçu comme le magma premier de la construction identitaire – tout en empruntant de nouveaux chemins, dans la façon d'approcher et de raconter le sujet. Hier vous privilégiez les grandes fresques et les croisements multiples, aujourd'hui vous ouvrez un cycle où la scène devient par définition plus intimiste, puisque le cycle ne sera composé que de solos. Quelle a été l'envie de départ, le point déclencheur du « cycle domestique » et de son premier morceau, Seuls ?

Wajdi Mouawad Je crois que je ne peux répondre que de façon très simple. Il y a quelque chose qui me frappe dans la formulation de la question : vous me montrez du doigt « la pièce », « le cycle », « ce cycle-là », « tel morceau ». C'est important ça. Il y a une chose que je ne dis jamais. Je ne construis jamais de phrase en disant « ma pièce, mon spectacle, mon écriture ». Je ne me sens pas à l'aise avec le pronom possessif pour parler de la pièce que j'apporte. Je pense que ça vient du sentiment que ce ne sont pas des pièces que j'invente, mais ce sont des histoires que je rencontre. Je rencontre une histoire comme on rencontre un ami dans la rue. Évidemment c'est quelque chose qui est fantasmé, mais pour moi c'est vrai. Seuls, je l'ai rencontrée alors que j'étais chez moi, j'étais à une table, celle de ma cuisine, en train d'écrire. On a frappé à la porte. C'était un petit garçon, il avait une casquette. Il est entré et m'a dit : « C'est moi. J'ai onze ans ». Et j'ai compris que ce garçon était la prochaine pièce que j'allais écrire. […]

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