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Entre terreurs et passions: construction/déconstruction de l’espace européen

Entre terreurs et passions: construction/déconstruction de l’espace européen

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Tania Collani)

Entre terreurs et passions:
construction/déconstruction de l'espace européen


Colloque international
l'Institut de Recherche en Langues et Littératures Européennes EA 3437 – Université de Haute-Alsace
11-13 octobre 2007

    Si, à l'origine, la langue française attribue à l'espace une valeur temporelle – celle par exemple de l'espace de quelques jours – le mot n'en constitue pas moins un emprunt au latin spatium, terme qui désigne le champ de course ou l'arène. Qu'on le considère comme territoire, comme aire conceptuelle ou encore comme surface de déploiement de la parole créatrice, l'espace renvoie donc d'emblée à la tension, à la dynamique qui l'organise. On peut même supposer qu'il n'émerge comme notion fondamentale qu'à partir du moment où la conscience humaine procède au découpage significatif qui consiste à opposer le profane au sacré – ou plus simplement le masculin au féminin. Nombre de cosmogonies imaginent d'ailleurs l'engendrement de l'espace à partir d'un acte de séparation : séparation des eaux d'en haut de celles d'en bas dans la Genèse ou, dans la geste de Mardouk, séparation en deux du corps de la Grande Mère…

    C'est dire si l'espace est fils de la frontière – frontière entre ici et là, droite et gauche, devant et derrière. Comme la psychologie expérimentale l'a montré, l'espace renvoie en effet à une perception relative du réel et résulte d'un classement pratiqué par le cerveau en fonction de deux catégories, celle de la figure et celle de l'arrière-plan (ground). Procédure que le Danois Edgar Rubin théorise en ces termes, à partir de sa célèbre Synsoplevede Figurer : « On peut établir un principe fondamental : lorsque deux champs ont une limite commune et que l'un est vu comme figure, l'autre comme arrière plan, l'expérience de perception immédiate se traduit par un effet de configuration [shaping] fondé sur la limite commune des champs et opérant uniquement sur l'un des champs ou, du moins, plus sur un champ que sur l'autre » (Synsoplevede Figurer, Copenhague, Gyldendalske, 1915). Et c'est cette même relation dynamique qui opère dans la construction du paysage ou encore dans l'élection d'un lieu, tant il est vrai, comme l'établit Marie-Claire Ropars-Wuilleumier, que « l'espace n'est pas le lieu » mais plutôt « un rapport au lieu, et à ses lois d'orientation » (Écrire l'espace, Vincennes, Presses Universitaires de Vincennes, 2002).

    Élucider, comme on se propose de le faire durant ce colloque, les modes de structuration de l'espace européen ne consistera donc pas à ajouter quelques réflexions sporadiques à une liste de travaux déjà fort longue. Le projet vise bien plutôt à développer une vision dynamique de la constitution, de la composition et de l'histoire des espaces – publics ou privés, nationaux ou supra-nationaux, etc. –, vision fondée sur l'observation des forces diverses qui conduisent à conférer aux lieux impliqués une valeur ou signification collective. Du point de vue de l'imaginaire, une telle perception, de nature évidemment phénoménologique, pourrait très simplement se transcrire en termes de passions. Quel lieu, quel type de lieux se trouvent sentimentalement valorisés – ou dévalorisés – par telle culture, telle forme d'expression et pourquoi ? Quelles ressources l'imaginaire peut-il y rencontrer ? Comment l'intelligence humaine trouve-elle à s'y accrocher et quelles relations établit-elle avec des espaces jumeaux ?
Les communications (20 min. env.), fondées de la sorte sur une conception dynamique de l'espace, pourront s'intéresser aux champs les plus divers du savoir, pour mieux saisir les phénomènes littéraires concernés (histoire, psychologie, neurosciences, géométrie, géographie, physique).

Les propositions de contribution, rédigées en français ou en anglais, sont à adresser avant le 15 janvier 2007 à:

tania.collani@uha.fr

  • Responsable :
    Tania Collani
  • Adresse :
    Université de Haute-Alsace (Mulhouse)