Séminaire
Entre modernité et avant-garde RÉINVENTER LE ROMAN DANS LES ANNÉES 20
Calendrier 2007-2008
23 novembre
François Berquin
Miroitements (à propos de Joë Bousquet)
14 décembre
Catherine Dufour
Le roman dada
25 janvier
Maryse Vassevière
La Défense de l'infini ou l'expérimentation du roman
29 février
Benoît Conort
Sur Paulina 1880
21 mars
Marie-Paule Berranger
Le roman à clés
4 avril
Alain Schaffner
(à confirmer)
Alexandre Vialatte en ses premiers romans
16 mai
Claude Leroy
André Beucler
13 juin
Régis Tettamanzi
Au rythme du jazz
Les séances auront lieu à l'Université Paris X-Nanterre, le vendredi de 17 h à 19 h.
Myriam Boucharenc
Emmanuel Rubio
Ce séminaire prend place dans l'équipe « Recherches sur la modernité littéraire. Études et Travaux sur Cendrars » dirigée par Claude Leroy.
Parce que Paul Valéry se refusait à voir la marquise sortir à cinq heures, certains modernes, au lendemain de la Grande Guerre, ont pris comme André Breton un parti de réticence absolue à l'égard du roman. Jamais pourtant la production romanesque n'aura été aussi abondante qu'au cours des années 20, mais, sous l'étiquette commune, la diversité des formules touche au plus grand écart, comme le constate, en 1928, un Daniel-Rops : « la multiplicité des genres romanesques confond l'esprit, et il faut renoncer à dresser une liste des catégories dans lesquelles on peut enfermer le roman ». Alors que ce trouble dans les définitions affecte surtout une critique mal dégagée d'une conception réaliste du « roman romanesque », il offre en contrepartie une liberté nouvelle au désir d'expérimenter. Changer le roman est à l'ordre du jour, mais chacun propose ses démarches.
L'attitude des avant-gardes constituées est, à cet égard, des plus ambiguës. Si, pour Monsieur AA, l'antiphilosophe de Tristan Tzara, « il n'y a que deux genres : la poésie et le pamphlet », la mouvance avant-gardiste est riche en tentatives romanesques. Le surréalisme est, en France, le meilleur exemple de cette contradiction. Dans le Manifeste de 1924 et dans Nadja, Breton frappe la pratique du roman d'un interdit auquel pourtant Aragon, Soupault, Leiris ou Crevel ne souscrivent pas. Comment faut-il considérer les romans qu'ils signent, avec ou sans étiquette ? Le groupe surréaliste et ses théories sont-ils le meilleur contexte de lecture de ces oeuvres ? ou le récit surréaliste serait-il finalement soluble dans la modernité ?
On se propose d'examiner, au cours du séminaire, comment le roman s'est réinventé au cours des années 20, années fécondes, entre des désirs de modernité contradictoires et une contribution parfois paradoxale des avant-gardes. Très vaste est le chantier qui s'ouvre alors. Le roman du roman à la façon de Gide, le récit poétique (tel que l'a décrit Jean-Yves Tadié) ou le roman d'aventures (théorisé par Jacques Rivière) n'en épuisent pas les richesses. Dans la topographie de cette recherche, on fera porter l'accent sur des oeuvres trop peu étudiées (Max Jacob, Toulet), des tentatives ponctuelles (Supervielle, Reverdy, Chirico), des romans de poètes (Jouve, Cendrars, Segalen, Bousquet, Albert-Birot), des récits fantaisistes (Delteil, Ribemont-Dessaignes). Confronter modernité et avant-garde fera apparaître des affinités électives mal reconnues entre Salmon et Desnos, Soupault et Giraudoux. Dans cette période d'effervescence créatrice surgissent de nouveaux mythes dont on soulignera le caractère transversal (Fantômas, Charlot, la vamp). On fera se croiser le Paris des grands récits surréalistes avec le Berlin de Döblin ou le Dublin de Joyce. De texte en texte, on verra se dégager des problématiques d'époque : le « nouveau mal du siècle », le déclin de l'Europe, l'appel des ailleurs (africain ou oriental). On prendra la mesure de l'influence qu'exercent de grands prédécesseurs (Apollinaire, Gourmont, Péladan, Schwob) sur ce qui s'impose aujourd'hui comme une génération d'inventeurs.