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Entre littérature et cinéma, Benoît Jacquot

Entre littérature et cinéma, Benoît Jacquot

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Timothée Picard pour Jean Cléder)

Semaine littéraire du département des lettres de l'Université Rennes 2

Entre littérature et cinéma : hommage à Benoît Jacquot
le mercredi 29 et le jeudi 30 novembre 2006)


Benoît Jacquot est le grand homme discret du cinéma français. Après avoir travaillé avec Marguerite Duras (pour India Song notamment), cet héritier de la Nouvelle Vague commence à tourner en 1975 (L'Assassin musicien), avant d'enchaîner les films jugés parfois austères, mais tout de suite fortement soutenus par la critique (Les Ailes de la colombe, 1981, Les Mendiants, 1988, La Désenchantée, en 1990) ; il rencontre un peu plus tard le succès public avec des films aux séductions plus immédiates : La Fille seule (1995), Sade (2000), Adolphe (2002), À tout de suite (2004).
Ce qui frappe dans le parcours de Benoît Jacquot, c'est d'abord la diversité de sa production : documentaires, longs métrages de fiction, « films de théâtre », film « d'opéra », téléfilms alternent sur son parcours. Mais à travers cette diversité, on aperçoit vite que ce travail est centré sur certains seuils, certaines intersections, ou combinaisons fascinantes de l'expérience humaine : la naissance de l'amour, les jeux de masque / dévoilement du langage, la vérité des rencontres, le déclin des sentiments. Enfin, Benoît Jacquot n'a jamais cessé de s'intéresser au théâtre et à la littérature (Marivaux, Constant, Musset, James, Des Forêts, Duras, Mishima, etc.). C'est pourquoi le département des lettres de l'Université Rennes 2 a décidé de lui consacrer une semaine littéraire, qui se déroulera en sa présence sous la forme de deux tables rondes, et d'une rétrospective où L'Intouchable sera présenté en avant-première.

Les tables rondes sont préparées par les étudiants du département des lettres et du département des Arts du spectacle (Master 1 ; Master 2 et thèse)

mercredi 29 novembre :
Rencontre de 14 heures 30 à 17 heures (pause de 15 heures 30 à 16 heures) :
« Benoît Jacquot : un parcours, une méthode, un style »
avec Benoît Jacquot, Isild Le Besco.
modérateurs : Jean Cléder, Anthony Le Moullec, Roselyne Quemener (Université Rennes 2)
Dans la première partie de cette rencontre, le cinéaste sera invité à évoquer son parcours à travers le cinéma. Dans un deuxième temps, la discussion sera centrée sur le travail avec les acteurs. Nous serons alors rejoints par l'actrice Isild Le Besco, qui a travaillé avec Benoît Jacquot sur Sade (2000), À tout de suite (2004) et L'Intouchable que nous projetons le soir au Tambour.

Projection à 18 heures :
À tout de suite (Benoît Jacquot, 2004, France, 95 minutes).
Avec Isild Le Besco, Ouassini Embarek, Nicolas Duvauchelle.
Dans les années soixante-dix à Paris, une jeune bourgeoise qui étudie les Beaux-Arts (Isild Le Besco), s'éprend d'un jeune maghrébin (Ouassini Embarek) qui prétend travailler dans l'immobilier. Après le braquage d'une banque, le jeune homme embarque la jeune fille dans une cavale qui les conduira jusqu'en Grèce où elle sera abandonnée par son amant.
Tourné en vidéo et en noir et blanc, ce film raconte une cavale passionnée en se tenant au plus serré des corps et des visages, au plus près du temps vécu et de l'expérience immédiate magistralement ré-inventés par le cinéaste.

Projection à 20 heures 30 :
Avant-première en présence de l'auteur.

L'Intouchable, 2006, Benoît Jacquot.
Avec Isild Le Besco, Marc Barbé, Bérangère Bonvoisin.
Le jour de son anniversaire, Jeanne apprend de sa mère que son père est un indien. Indou rencontré en voyage, il est un « intouchable », lui expliquera sa mère. Jeanne est actrice. Elle abandonne les répétitions de Sainte Jeanne des Abattoirs, mis en scène par son amoureux, pour partir tout de suite en Inde. Comme elle a besoin d'argent, elle demande à son agent d'accepter un rôle au cinéma qu'elle avait auparavant refusé. Ce rôle est un calvaire qu'elle s'inflige. Puis elle part. En Inde, elle cherchera son père, le manquera, le retrouvera, puis le laissera pour revenir…


jeudi 30 novembre :
Table ronde de 14 heures 30 - 17 heures (pause de 15 h 30 à 16 heures) :
« Benoît Jacquot : un cinéma littéraire ? »
avec Benoît Jacquot, Xavier Lardoux (critique ), Jean Cléder (Université Rennes 2)
modérateurs : Timothée Picard, Guillaume Lavenant (Université Rennes 2)
Entre les positions du cinéaste et les analyses de critiques et d'universitaires, nous essaierons d'apporter des éclairages complémentaires sur cette question difficile des rapports entre littérature et cinéma — qui ouvre des perspectives intéressantes pour appréhender l'oeuvre de Benoît Jacquot : outre le fait qu'il s'est livré régulièrement à l'exercice d'adaptation (de romans parfois jugés inadaptables), son cinéma est volontiers qualifié de littéraire, pour des raisons que nous chercherons à élucider.

Projection à 18 heures :
L'École de la chair (1998, France-Luxembourg-Belgique, 110minutes).
Avec Isabelle Huppert, Vincent Martinez, Marthe Keller, Vincent Lindon
Une femme de quarante ans, Dominique, directrice d'une maison de haute couture, s'éprend d'un jeune homme d'origine maghrébine, Quentin. Il n'appartient pas vraiment à son monde : serveur dans un bar gay, il vend ses charmes aux filles comme aux garçons. Dans cette transposition du roman de Mishima (1963), la géométrie des sentiments est déterminée par un certain nombre d'inversions par rapport aux stéréotypes. Mais les différences et les obstacles deviennent les éléments d'une véritable épreuve, dans ce film où Benoît Jacquot s'interroge sur ce que l'on peut saisir de l'autre dans une relation amoureuse.

Projection à 20 h 30 :
Adolphe (2002, France, 102minutes).
Avec Isabelle Adjani, Stanislas Merhar.
Jeune homme désoeuvré de 24 ans, Adolphe entreprend la conquête d'Ellénore, une belle femme un peu plus âgée qui vit en province avec le comte de P. Elle finit par céder aux avances du séducteur, lui sacrifiant sa vie passée. Cependant, les sentiments d'Adolphe perdent de leur ferveur.
Très belle adaptation du roman de Benjamin Constant (1816), le film de Benoît Jacquot continue de s'intéresser à l'évolution (exaspération ou dégradation) du sentiment amoureux, tout en décalant nettement la perspective sur les personnages du texte..

Cette manifestation est organisée à l'initiative de Jean Cléder et Timothée Picard, avec le soutien du Département des lettres, de l'UFR « Arts, lettres, communication », de l'association « Clair Obscur », du Service Culturel, et de la librairie Le Failler.