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“Entangled histories and voices

“Entangled histories and voices". Popular Music & approches postcoloniales / approcci postcoloniali / acercamientos postcoloniales (Innsbruck)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Gerhild Fuchs)

“Entangled histories and voices".

Popular Music & approches postcoloniales / approcci postcoloniali / acercamientos postcoloniales

Innsbruck, 6-8 mai 2020

Au cours des dernières décennies, les tendances transnationales en histoire ont engendré une série de concepts qui se sont révélés fructueux dans le domaine des études littéraires et culturelles. En plus des approches de la ‹ histoire des transferts culturels › ou des ‹ histoires croisées ›, le concept de l’‹ entangled history ›, théorisé par Shalini Randeria et Sebastian Conrad, a revêtu une pertinence particulière. La conférence vise à l’appliquer à la popular music des pays de langues romanes, d’un côté, et des territoires autrefois occupés ou colonisés par la France, l’Italie, l’Espagne ou le Portugal, de l’autre.

La question principale du colloque est de savoir comment la popular music met en récit (ou questionne) les liens étroits entre les histoires transnationales, en passant soit par le texte soit par la musique, soit encore par l’interprétation. Shalini Randeria considère l’histoire comme un « enlace­ment complexe d’histoires ‹ partagées › » (1999, 17), comme un lieu d’échanges et d’interactions. A partir des théories postcoloniales, les histoires coloniales devront donc être repensées et redéfinies comme de telles histoires croisées menant à des transferts multidirectionnels.

Le but de la conférence est de confronter ce concept de l’‹ entangled history › avec les différents styles et genres de popular music (de la chanson d’auteur à la chansonnette, des chansons au cinéma aux comédies musicales, du rock, pop ou rap à la musique du monde) et d’analyser les moyens d’expression (sons, mots ou types de performance) par lesquels les rencontres (post)coloniales se manifestent. Le concept de ‹ rencontre › peut être compris, dans ce contexte, comme le contact personnel et concret entre musiciens, capable d’influencer à son tour leurs conceptions respectives de l’histoire et du passé; mais il peut également renvoyer aux conséquences matérielles de ces contacts comme l’utilisation d’instruments, de sons, de la voix, etc. Les rencontres sont les résultats de la mobilité et des voyages des individus, elles se fondent sur des structures dialogiques (constructives/amicales mais aussi conflictuelles) et aboutissent à des influences mutuelles (p.ex. l’intervocality of hooks). Parfois, ces rencontres peuvent être seulement imaginaires et se manifester dans l’évocation de voix et de sons ‹ étrangers › rien que par des effets sonores. Ici, les voix peuvent être interprétées comme des présences matérialisées, des résonances et des incarnations, et, en même temps, comme des métaphores d’une agency politique et sociale.

La conférence a une vocation interdisciplinaire et mettra l’accent sur les recherches multimodales. Néanmoins, les contributions s’appuyant exclusivement sur une analyse textuelle ou une analyse musicale seront également acceptées. En plus de la popular music en langue romane ou née dans des territoires ayant subi la colonisation ou l’occupation italienne, française, espagnole ou portugaise, les communications traitant la popular music provenant d’autres régions linguistiques, comme le wolof du Sénégal ou l’amharique de l’Éthiopie, seront aussi admises.

Voici quelques suggestions de sujets :

Quels types d’influences et de relations réciproques, au niveau de la popular music, peut-on identifier entre les pays de langues romanes et les territoires ayant subi leur domination coloniale? Exemples : thèmes, motifs, figures de style ou de pensée présents dans les textes ; genres et styles musicaux ; phénomène de l’intervocality of hooks ; matérialité du son et de la voix en tant que mémoire culturelle ; biographies artistiques ‹ croisées ›.

Comment les textes ou la musique abordent-ils l’histoire coloniale et postcoloniale ? De quelle manière des phénomènes tels que le racisme contemporain sont-ils liés au colonialisme ?

Quel rôle l’histoire coloniale joue-t-elle dans la création d’un imaginaire ‹ africain › ou de concepts comme l’altérité et la blackness ? De quelle manière les attributions ethniques et les stéréotypes sont-ils mis en scène dans la musique populaire ?

Comment des archives sonores ou de popular music préservant l’héritage colonial sont-elles enracinées dans des contextes contemporains ?

Comment les styles musicaux mondialisés (reggae, rap, hip hop, etc.) se réfèrent-ils à des histoires et des historiographies controversées ?

Comment la parole chantée, au sens de la pratique artistique combinant l’utilisation de la voix, du son et des paroles, peut-elle réaliser un ‹ croisement › musical d’agencies transnationales dans les différents endroits du monde (d’Addis-Abeba aux camps de réfugiés en Italie ou en France) ?

Quel rôle jouent les ‹ entangled histories › de la popular music dans les flux migratoires actuels et dans la soi-disant ‹ crise des réfugiés › ?

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Nous vous prions de bien vouloir nous communiquer votre titre et votre résumé d’une demi-page (environ trois cents mots) jusqu’au 30 novembre 2019 au plus tard, à l’une des trois adresses mails indiquées ci-dessous. Les langues officielles de la conférence sont l’italien, le français et l’espagnol, mais les contributions en anglais et en portugais seront également acceptées.

Nous avons également le plaisir de vous annoncer la présence de Iain Chambers (Naples), conférencier d’honneur, et de l’auteure et chanteuse Gabriella Ghermandi (Addis-Abeba/Bologne) qui effectuera une lecture-performance. La conférence est organisée dans le cadre du projet de recherche « Ethiopian-Italian Relationships in Popular Music » (http://www.afrovocality.com/), existant depuis juin 2019 aux « Archives Texte et Musique » de l’Université d’Innsbruck, et s’insère dans la convention de partenariat scientifique à laquelle l’Université d’Innsbruck participe comme membre du réseau de recherche « Les Ondes du Mondes » (https://www.lesondesdumonde.fr/).