Agenda
Événements & colloques
Enseignement du français: le

Enseignement du français: le "terrain"

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Université Paris III)


Enseigner le français: le "terrain".

Dans les controverses autour de l'enseignement, l'argument du terrain revient souvent comme ce qui donnerait autorité à certains pour parler plus légitimement de ces problèmes que d'autres. Il est par exemple central dans le discours des formateurs qui l'opposent volontiers à la vision élitiste d'universitaires trop éloignés de la réalité des pratiques et des publics scolaires ; mais il est aussi renvoyé aux spécialistes des sciences de l'éducation (les « pédagogues ») par les enseignants qui, « sur le terrain », cherchent à transmettre culture et connaissances à leurs élèves selon des exigences inentamées par les réalités (ou pseudo-réalités selon eux) du « terrain ».
La question du terrain est une question théorico-pratique qui se pose dans toutes les sciences humaines (c'est la question des observables). Cependant, les expressions « être sur le terrain », « homme de terrain », désignent, et valorisent généralement, un certain engagement dans l'action concrète : il s'agit là d'une autre dimension, entre rhétorique et politique, de la question. Il n'est que de voir la floraison annuelle de livres relatant des expériences de professeurs ou, plus rarement, d'élèves, ou bien l'importance prise par la sociologie de l'école, de la jeunesse, voire de l'enfance, pour comprendre que le domaine scolaire, et, au-delà, celui de l'éducatif, sont venus rejoindre ces zones du réel – qu'elles aient nom « pauvreté, « banlieues », ou « prisons », etc. -, où analyses et récits - science et littérature, en somme – s'entrecroisent pour livrer à des lecteurs désemparés, fascinés, ou tout simplement curieux de comprendre, des compte-rendus fiables et des clefs pour éclairer l'état présent de l'école.
Qu'est-ce que ce terrain qui nourrit l'imaginaire réaliste des uns et traduit une construction mentale plus ou moins élaborée de l'obscure réalité des autres ? Quel est le rapport entre le terrain et l'expérience ? Y a-t-il « terrain » par exemple pour les enseignants en arrêt de travail, en dépression longue durée ? Pour les élèves absentéistes ? Pour les parents qui n'ont jamais pris le chemin de l'école, ni dans leur jeunesse, ni dans leur présent de parents d'élève ? Les psychanalystes, psychologues, orthophonistes, etc, parlent-ils de « terrain » lorsqu'ils essaient de systématiser un peu leur expérience ? Quel souci de comprendre, ou à l'inverse, quel désarroi, quel point aveugle, cette exigence de parler à partir du terrain traduit-elle aujourd'hui ?
A l'occasion de la création d'une option de master intitulée « Français discipline d'enseignement », l'UFR LLFL a organisé en juin 2006 une première rencontre entre des spécialistes de l'enseignement du français autour des questions épistémologiques et institutionnelles soulevées par l'existence de cette discipline proprement scolaire (i. e., sans label scientifique) qu'est le français (Publication des actes prévue). L'année 2006-2007 a accueilli les premiers étudiants inscrits dans ce cursus, et c'est avec eux et avec l'Observatoire de l'éducation que se dérouleront ces deux journées de table ronde autour de la question du « terrain ». Elle déborde le champ de la discipline « français » : mais dans la mesure même où elle est au coeur des sciences humaines, et, en ce qui concerne l'école, à l'intersection des sciences humaines et de l'humanisme, il nous est apparu qu'elle était capitale pour renouveler les débats sur l'enseignement du français.
Ces deux journées seront ainsi l'occasion de s'interroger sur les conditions « réelles » dans lesquelles l'enseignement s'effectue, et qui sont souvent négligées par la réflexion épistémologique : les sorties culturelles d'un côté, les comportements scolaires de l'autre, le genre de difficultés rencontrées par l'apprentissage (cf. par exemple l'interprétation des diverses pathologies du langage, selon qu'on les envisage d'un point de vue cognitiviste, psychanalytique, etc.), rendent parfois insaisissables les frontières de la discipline. Cette réflexion invite chacun à se poser plusieurs questions conjointes : quels acteurs sont au centre du « terrain » (ce qui n'est pas la même question que celle qu'évoque le fameux mot d'ordre de « l'élève au centre »), quelles sont ses frontières ? Quels problèmes s'y présentent comme les plus évidents ? Quels cadres interprétatifs explicites ou implicites (sociologiques, ethnologiques, politiques, etc.) permettent-ils de parler du « terrain » ? Ces cadres interprétatifs trahissent-ils ou éclairent-ils les expériences, et si oui, lesquelles, comment ? Y a-t-il des concepts autres que celui de « terrain » pour permettre de réfléchir sur les difficultés et les solutions, les réussites et les échecs, rencontrés par les enseignants (car on privilégiera bien sûr l'enseignement du français, pour des raison qu'il faudra expliciter) dans les classes ?
Le « terrain » suppose une objectivation du matériau, alors même que l'individualisation des pratiques est encouragée devant le chaos des difficultés : ne souffre-t-on pas pourtant d'un manque de construction d'un modèle éthique commun ?

Jean-Louis Chiss, Hélène Merlin-Kajman, Christian Puech.

Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle
Centre Censier
13, rue de Santeuil 75005 Paris






Le français, discipline d'enseignement


« Le terrain »

30 et 31 mai 2007

(entrée libre)





Mercredi 30 mai : Centre Censier
Salle Las Vergnas (3e étage, porte 366)

Jeudi 31 mai : Centre Censier
Salle 437 (4e étage)


Colloque organisé par l'UFR Littérature et Linguistique Françaises et Latines, l'UFR Didactique du Français Langue Etrangère, le SYLED, le Cercle 17-21, le DILTEC, dans le cadre du nouveau master de Lettres Modernes, « Le français, discipline d'enseignement »


Contacts : cpuech50@yahoo.fr, merlinhel@wanadoo.fr, jlchiss@wanadoo.fr


PROGRAMME
Mercredi 30 mai
Matinée

8 h 30 : Présentation / information : Jean-Louis Chiss, Hélène Merlin-Kajman, Christian Puech

9 h 00 – 9 h 50 : Christian Puech et Hélène Merlin-Kajman (Université Paris 3-Sorbonne-Nouvelle) 
« Le “terrain“ : avancées et apories »

9 h 50 – 10 h 20 : Dominique Pasquier (EHESS)
« Le terrain sociologique en milieu scolaire »

10 h 20 – 10 h 50 : Discussion

10 h 50 – 11 h 10 : Pause

11 h 10 – 11 h 50 : Collectif (Université Paris 3-Sorbonne-Nouvelle) / Catherine Henri (Lycée Louis Armand, Paris) 
« Questions à Catherine Henri »

11 h 50 – 12 h 20 : Francine Cicurel (Université Paris 3-Sorbonne-Nouvelle)
« L'agir professoral : un terrain d'observation »

12 h 20 – 12 h 50 : Discussion

Après-midi

14 h 30 – 15 h 00 : Anne Grange (Collège Robespierre, Epinay-sur-Seine) 
« Les sorties culturelles »

15 h 00 – 15 h 30 : Ivan Gros (Collège Rosa Luxemburg, Aubervilliers) 
« L'enseignement en prison : un terrain idéal ? »

15 h 30 – 16 h 00: Discussion

16 h 00 – 16 h 30 : Pause

16 h 30 – 17 h 00 : Collectif (Université Paris 3-Sorbonne-Nouvelle)
« L'école aux marges de l'école : “périscolaire”et “parascolaire” »

17 h 00 – 17 h 30 : Laure Dardonville (Lycée de l'Essouriau, Les Ulis) et Yéléna Susic (Collège Gérard Philipe, Massy)
« Faut-il les sauver ? »

17 h 30 – 18 h 00 : Jeanne-Antide Huynh (IUFM de Paris) 
« L'AFEF comme organisation informelle des profs “du terrain de la maternelle à l'université” »

18 h 00 – 18 h 30 : Discussion

Jeudi 31 mai
Matinée

9 h 00 – 9 h 30 : Sophie Ernst (INRP) 
« Parler des uns dans la langue des autres. Entre pensée, pratiques, décisions d'organisation, la philosophie de l'éducation comme traduction »

9 h 30 – 10 h 00 : Danièle Manesse (Université Paris 3-Sorbonne-Nouvelle)
« L'évaluation des élèves, un enseignement du “terrain” ?: l'exemple de l'orthographe »

10 h 00 – 10 h 30 : Sarah Nancy (Université Paris 3-Sorbonne-Nouvelle)
« La voix sur le terrain »

10 h 30 – 11 h 00 : Discussion

11 h 00 – 11 h 20 : Pause

11 h 20 – 11 h 50 : Collectif (Université Paris 3-Sorbonne-Nouvelle, avec Marion Mas, IUFM de Créteil) 
« Le terrain des IUFM »




11 h 50 – 12 h 30 : Hélène Merlin-Kajman / Denis Kambouchner (Université Paris I-Panthéon-Sorbonne) (débat)
« Culture et culture scolaire : une différence de terrain ? »

12 h 30 – 13 h 00 : Discussion

Après-midi

14 h 30 – 15 h 00 : Pierre Vilar (Université Paris 3-Sorbonne-Nouvelle)
« Le dos au tableau. Pratiques pédagogiques et critique du terrain »

15 h 00 – 15 h 30 : Dan Savatovsky (IUFM de Paris / Université Paris 3-Sorbonne-Nouvelle)
Titre à préciser

15 h 30 – 16 h 00 : Discussion

16 h 00 – 16 h 30: Pause

16 h 30 – 17 h 00 : Sonia Branca-Rosoff (Université Paris 3-Sorbonne-Nouvelle)
« Que peut apporter à l'analyse du discours le choix de l'école comme terrain d'observation ? Que peut apporter à l'école le point de vue de l'analyse du discours ? »

17 h 00 – 17 h 30 : François Marty (Université Paris-Descartes) 
« Les “raisonnances” du terrain pour un psychanalyste »

17 h 30 – 18 h 30 : Collectif « Observatoire de l'éducation »
Discussion finale

19 h 00 : Pot