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Énonciation et individu

Énonciation et individu

Publié le par Marc Escola (Source : Julien Piat)


ÉNONCIATION ET INDIVIDU
APPEL A COMMUNICATIONS
Date limite de soumission : 30 septembre 2005

Énonciation et individu :
du travail de la langue à l'avènement d'une parole singulière


Ce cycle de quatre demi-journées d'étude entend proposer un espace de réflexion autour de l'expression du moi, et en particulier, des détours stylistiques caractéristiques des écritures du for intérieur.
Quatre phénomènes nous semblent définir de puissants lieux d'analyse. Qu'il s'agisse du recours aux pratiques citationnelles et intertextuelles, aux discours rapportés – où se donnent à lire, par exemple, autant de rôles sociaux –, aux patrons formels de la généralisation, ou qu'il s'agisse encore de fonder une parole – au sens saussurien du terme – singulière à travers diverses expérimentations langagières, voilà en effet des entrées qui permettent de comprendre comment le sujet émerge, s'exprime et se donne à lire à travers ce qu'il dit – feint de dire ou ne dit pas.
Les enjeux d'un tel travail de la langue intéressent à la fois la théorie des genres, éclairée notamment par les apports de la pragmatique, et l'histoire littéraire qui, soucieuse de périodisation esthétique, se voit dès lors enrichie d'une indispensable perspective sociolittéraire.
On voudrait alors, dans une perspective pluridisciplinaire, creuser l'étude des contraintes multiformes pesant sur l'expression de la subjectivité (contraintes d'ordre autant générique que moral, éthique ou esthétique) mais aussi évaluer la lente émergence de la notion de sujet, tout comme l'évolution des mentalités et des sensibilités.

Quatre demi-journées d'étude, dont chacune fera l'objet d'un appel à communications ultérieur, sont d'ores et déjà programmées.

En privilégiant la réflexion et la confrontation diachroniques, chaque thème permettra une approche plurielle des formes et effets envisagés.
On souhaiterait, d'une part, offrir aux jeunes chercheurs la possibilité de présenter l'état actuel de leurs recherches – aussi bien à travers les objets abordés que par les méthodes utilisées – et, d'autre part, contribuer à dresser une cartographie des recherches actuelles en stylistique.
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La première de ces demi-journées d'étude aura lieu le lundi 21 novembre 2005, à l'École normale supérieure (45, rue d'Ulm, 75005 Paris), de 14h à 18h.
On se penchera alors sur l'un des détours stylistiques considéré comme caractéristique des écritures du for intérieur : le recours aux pratiques citationnelles et, plus largement, intertextuelles.
On se propose ainsi d'examiner, textes à l'appui, comment ces pratiques constituent pour les scripteurs un moyen détourné de parler de soi et de dire ce qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas dire, ce qu'ils ne se sentent pas autorisés à dire autrement – ce qui impliquera une prise en compte attentive de la situation d'énonciation.
Le terme de pratiques, qui met l'accent sur l'activité énonciative (le « travail de la citation » pour reprendre une formule d'Antoine Compagnon) davantage que sur son résultat, le laisse entrevoir : il ne s'agit pas de s'en tenir à l'étude des différentes formes d'insertions intertextuelles – préalable certes nécessaire, mais qui a déjà suscité un grand nombre d'analyses ; on souhaiterait plutôt déplacer le questionnement vers son amont, ce qui implique de conjoindre différents points de vue : générique (ce sera l'occasion de se demander si certains genres favorisent plus que d'autres de telles pratiques) ; génétique (les pratiques citationnelles et intertextuelles, qui engagent toute une memoria dont elles sont les traces textuelles, font pénétrer au coeur de la « fabrique » du texte) ; historique (de telles analyses ne peuvent faire l'économie de mises au point sur des notions aussi mouvantes, au cours des siècles, que celles de sujet, de littérature ou même de citation) ; pragmatiques enfin (le scripteur détourne souvent les textes antérieurs, se les appropriant en fonction de ses propres visées).
Il s'agit donc d'analyser les différentes fonctions d'un dispositif discursif tout à fait spécifique et de mesurer comment, de façon paradoxale, la polyphonie sert l'affirmation du moi, l'insertion de propos étrangers constituant en définitive un détour langagier voire une véritable ruse discursive pour dire et communiquer au lecteur les évidences de l'intime.

Les projets de communication doivent être adressés à Cécile Lignereux (cecilelignereux@yahoo.fr) et Julien Piat (julienpiat@yahoo.fr) avant le 30 septembre 2005. Réponse sera donnée la semaine suivante.