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Enonciation et individu: Du travail de la langue à l'avènement d'une parole singulière

Enonciation et individu: Du travail de la langue à l'avènement d'une parole singulière

Publié le par Marielle Macé (Source : Julien Piat)

ÉNONCIATION ET INDIVIDU
Du travail de la langue à l'avènement d'une parole singulière

Cécile LIGNEREUX (Université Paris IV- Sorbonne)
Julien PIAT (Université Stendhal-Grenoble III)

Ce cycle de quatre demi-journées d'étude entend proposer un espace de réflexion autour de l'expression du moi, et en particulier, des détours stylistiques caractéristiques des écritures du for intérieur.
Quatre phénomènes nous semblent définir de puissants lieux d'analyse. Qu'il s'agisse du recours aux pratiques citationnelles et intertextuelles, aux discours rapportés – où se donnent à lire, par exemple, autant de rôles sociaux –, aux patrons formels de la généralisation, ou qu'il s'agisse encore de fonder une parole – au sens saussurien du terme – singulière à travers diverses expérimentations langagières, voilà en effet des entrées qui permettent de comprendre comment le sujet émerge, s'exprime et se donne à lire à travers ce qu'il dit – feint de dire ou ne dit pas.
Les enjeux d'un tel travail de la langue intéressent à la fois la théorie des genres, éclairée notamment par les apports de la pragmatique, et l'histoire littéraire qui, soucieuse de périodisation esthétique, se voit dès lors enrichie d'une indispensable perspective sociolittéraire.
On voudrait alors, dans une perspective pluridisciplinaire, creuser l'étude des contraintes multiformes pesant sur l'expression de la subjectivité (contraintes d'ordre autant générique que moral, éthique ou esthétique) mais aussi évaluer la lente émergence de la notion de sujet, tout comme l'évolution des mentalités et des sensibilités.

Quatre demi-journées d'étude, dont chacune fera l'objet d'un appel à communications ultérieur, sont d'ores et déjà programmées.

En privilégiant la réflexion et la confrontation diachroniques, chaque thème permettra une approche plurielle des formes et effets envisagés.
On souhaiterait, d'une part, offrir aux jeunes chercheurs la possibilité de présenter l'état actuel de leurs recherches – aussi bien à travers les objets abordés que par les méthodes utilisées – et, d'autre part, contribuer à dresser une cartographie des recherches actuelles en stylistique.


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La première de ces demi-journées d'étude aura lieu le lundi 21 novembre 2005, à l'École normale supérieure (45, rue d'Ulm, 75005 Paris).


On se penchera alors sur l'un des détours stylistiques considéré comme caractéristique des écritures du for intérieur : le recours aux pratiques citationnelles et, plus largement, intertextuelles.
On se propose ainsi d'examiner, textes à l'appui, comment ces pratiques constituent pour les scripteurs un moyen détourné de parler de soi et de dire ce qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas dire, ce qu'ils ne se sentent pas autorisés à dire autrement – ce qui impliquera une prise en compte attentive de la situation d'énonciation.
Le terme de pratiques, qui met l'accent sur l'activité énonciative (le « travail de la citation » pour reprendre une formule d'Antoine Compagnon) davantage que sur son résultat, le laisse entrevoir : il ne s'agit pas de s'en tenir à l'étude des différentes formes d'insertions intertextuelles – préalable certes nécessaire, mais qui a déjà suscité un grand nombre d'analyses ; on souhaiterait plutôt déplacer le questionnement vers son amont, ce qui implique de conjoindre différents points de vue : générique (ce sera l'occasion de se demander si certains genres favorisent plus que d'autres de telles pratiques) ; génétique (les pratiques citationnelles et intertextuelles, qui engagent toute une memoria dont elles sont les traces textuelles, font pénétrer au coeur de la « fabrique » du texte) ; historique (de telles analyses ne peuvent faire l'économie de mises au point sur des notions aussi mouvantes, au cours des siècles, que celles de sujet, de littérature ou même de citation) ; pragmatiques enfin (le scripteur détourne souvent les textes antérieurs, se les appropriant en fonction de ses propres visées).
Il s'agit donc d'analyser les différentes fonctions d'un dispositif discursif tout à fait spécifique et de mesurer comment, de façon paradoxale, la polyphonie sert l'affirmation du moi, l'insertion de propos étrangers constituant en définitive un détour langagier voire une véritable ruse discursive pour dire et communiquer au lecteur les évidences de l'intime.

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Programme de la première demi-journée

École normale supérieure,
Salle de philosophie, pavillon Pasteur
21 novembre 2005


14h : Ouverture et présentation du cycle d'étude
Présentation de la première demi-journée


14h15 : Frédéric MIQUEL (Université Paul-Valéry, Montpellier III)
« Stylistique du “détour inspiré” dans le Mémorial de Pascal »

14h45 : Nathalie FREIDEL (Université Jean-Moulin, Lyon III),
« Pratiques citationnelles et écriture de l'intime dans la Correspondance de Madame de Sévigné »

15h15 : Discussion

15h30 : Pause


15h45 : Olivier CATEL (Université Jean-Moulin, Lyon III)
« Jeux de citations et redéfinitions du sujet et du genre dans la Vie de Rancé »

16h15 : Laure LASSAGNE (Université Paris IV-Sorbonne)
« Fonction des citations littéraires dans les monologues rapportés du Rouge et le Noir »

16h45 : Discussion


17h : Conclusion et ouverture