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Appels à contributions
« (En)jeux identitaires »

« (En)jeux identitaires »

Publié le par Pierre-Louis Fort (Source : Georgiana Lungu-Badea)

Dialogues francophones

« (En)jeux identitaires »

Appel à contributions

N° 15/2009

Dans une formulation volontairement très large, « (En)jeux identitaires », le thème proposé pour le quinzième numéro des Dialogues francophones invite à réfléchir sur les représentations identitaires très diverses qui animent les textualités francophones contemporaines.

Nous n'envisageons pas de remettre en discussion les critères d'appartenance des auteurs à la littérature francophone ou aux littératures francophones, car ce  débat est loin d'être concluant. Si la littérature francophone comptait la littérature française parmi ses composantes, le concept de « littératures francophones » ne trouverait plus sa raison d'être. Force est de constater que les deux désignations s'avèrent incomplètes, voire inexactes. La première, même si elle répond aux revendications de traitement égal des auteurs eux-mêmes, gomme justement les différences, les spécificités qui donnent toute la richesse et la vitalité de la « galaxie » francophone. Quant à la seconde désignation, qui trace des lignes de démarcation nettes entre un centre et des régions périphériques, entre insiders et outsiders, entre un hypothétique plein droit des auteurs d'origine française et la reconnaissance relative, sujette à négociation, de tous les autres, indifféremment « étrangers » (francophones « de proximité », allophones, migrants, postcoloniaux, etc.), elle est tout aussi réductrice. Fort heureusement, la reconnaissance de la qualité d'auteur (francophone) obéit en réalité à une logique plus souple que celle du législateur sourcilleux : les allégeances multiples en sont possibles, au même titre que les identités plurielles, l'hétéroglossie, le polymorphisme, les pratiques transgressives.

Aussi la situation dans l'entre-deux langues incite-t-elle les auteurs francophones à faire un travail de passeurs de mots, qui ressemble à celui de la traduction, en acclimatant des vocables exotiques, en ressuscitant des sonorités françaises oubliées à un détour de l'Histoire, ou en francisant le rythme et l'expressivité d'un idiome étranger. A ce sujet, le concept de « littérature de l'intranquillité », utilisé par Lise Gauvin pour parler de la jeune littérature québécoise, pourrait très bien s'appliquer aux oeuvres d'autres auteurs francophones pour qui le jeu n'est jamais joué d'avance. Situés à la croisée des langues, ils ont la perception aiguë de l'autre de la langue, « cet antre/entre de tension et de fiction, voire de friction, qui l'informe et la transforme » (Lise Gauvin). C'est pourquoi on leur doit quelques-unes des contributions théoriques les plus intéressantes sur les rapports langue – littérature – identité culturelle, qui méritent de faire l'objet de nouvelles lectures.

De plus, la situation ex-centrique s'avère être pour les auteurs francophones non seulement une source d'inconfort et de doute, de révolte et de frustration, mais aussi un privilège. Par l'insoumission aux modèles d'autorité, la remise en question des hiérarchies, la perméabilité intertextuelle (et interculturelle), le pluralisme formel, leurs oeuvres s'inscrivent au premier plan de la production littéraire contemporaine. 

Enfin, il nous semble toujours utile d'éclairer davantage le contexte culturel et les circonstances qui déterminent un auteur à opter pour le français ; néanmoins, nous escomptons recevoir surtout des commentaires qui suivent dans leur individualité irréductible des parcours et des discours d'écrivain. Nous aimerions par exemple que ces commentaires puisent dans les textes les marques d'auto-désignation, du combat avec le trop plein ou les insuffisances de la langue, de l'émergence d'une vision du monde inédite où des lambeaux d'un ailleurs « non-français » s'immiscent à l'(auto)observation désinvolte ou angoissée, passionnelle ou détachée, pathétique ou (auto)ironique.

Le nouveau numéro de notre revue réunira donc des études qui prennent en compte, outre les conditionnements biographiques, la nature textuelle de la construction de l'identité de soi et, par retour, la façon dont le texte travaille à (ré)inventer l'auteur francophone.

Sections

1. Ecrivains francophones d'origine roumaine

2. Horizons littéraires francophones: Europe, Québec et d'Acadie, Maghreb, Afrique Noire, Caraibe

3. Comptes rendus

4. Entretiens

Calendrier


15/05/2009 : Date limite d'envoi des articles en version électronique à l'adresse : dialogues@dialoguesfrancophones.com

05/06/2009 : Evaluation des articles anonymés par deux rapporteurs choisis dans les comités scientifique et de rédaction, ou parmi les personnalités extérieures. Notification d'acceptation, d'acceptation après modifications mineures, de rejet des articles. Remise des articles accompagnés des rapports d'évaluations.

15/06/2009 : Date limite de remise des articles finalisés selon commentaires des rapporteurs et le protocole de rédaction de la revue (dialoguesfrancophones.com).

12/07/2009 : Publication du n°15/2009 de la revue Dialogues francophones.