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Encore. Peut-on créer sans répéter ?

Encore. Peut-on créer sans répéter ?

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Kairos)

Colloque international organisé par le groupe de recherche transdisciplinaire KAIROS[1]

21 et 22 février 2013 – Université Rennes 2

 

Équipes :

Arts : pratiques et poétiques (EA 3208)

Recherche en psychopathologie : nouveaux symptômes et lien social (EA4050,)

Comité scientifique :

Francesco Marsciani (Università di Bologna, DAMS)

Marcia Strazzacappa (Universidade Estadual de Campinas)

Philippe Fouchet (Université libre de Bruxelles)

Laetitia Jodeau-Belle (Université Rennes 2)

David Bernard (Université Rennes 2)

Christiane Page (Université Rennes 2)

Ivan Toulouse (Université Rennes 2)

Joseph Delaplace (Université Rennes 2)


 

[1] Le groupe de recherche transdisciplinaire KAIROS est porté par une convention signée entre les deux équipes d’accueil organisant ce colloque. Il est composé de David Bernard (Psychopathologie), Joseph Delaplace (Analyse musicale), Laetitia Jodeau-Belle (Psychopathologie), Ivan Toulouse (Arts Plastiques), Christiane Page (Études théâtrales) ; il anime un séminaire mensuel et assure une unité d’enseignement pluridisciplinaire à l’Université Rennes 2.

Ce colloque a pour visée l’interrogation des rapports entre création artistique et répétition. Il s’agit de cerner les modalités et les fonctions de la répétition au sein du processus créateur. Les travaux s’inscriront dans la lignée de manifestations universitaires comme Boucle et répétition : musique, littérature, arts visuels (Liège, mars 2011) et de rencontres plus spécifiquement disciplinaires comme Répétition, Altération, Reformulation dans les textes et discours (Besançon, Juin 1998). Certains ouvrages collectifs plus anciens comme Création et répétition (Clancier-Guénaud, 1982) et Figures de la répétition (Saint-Etienne, CIEREC, 1992) en constituent également l’arrière-plan. Ce colloque entend développer des réflexions dont la spécificité tient à un nouage entre l’art et la psychanalyse.

Les enjeux d’un tel travail sont de plusieurs ordres :

  • mieux connaître les articulations entre l’homme et les oeuvres qu’il produit 
  • éclairer les paradoxes de l’acte créateur, notamment en termes de temporalité, de rapports entre universalité et singularité, et de tensions entre sujet et objet
  • étudier les diverses manifestations de l’art (théâtre, musique, arts plastiques, cinéma) à l’aune d’une catégorie qui leur est commune, la répétition, qui est aussi l’un des quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse. Ceci permet d’envisager la pluridisciplinarité de manière scientifiquement pertinente
  • contribuer enfin à mieux circonscrire le concept de répétition (trop souvent dévoyé sous prétexte de son caractère prétendument universel), en en dépliant les strates, en affrontant les contradictions qu’il soulève, et en l’analysant dans le travail même de la création, c’est-à-dire au coeur d’un creuset d’énergie qui en porte les potentialités à incandescence.

Les apports de ce colloque pour l’université sont également multiples. Ils recouvrent notamment :

  • une actualisation du savoir sur le statut et les fonctions de la création artistique dans notre société « hypermoderne » occidentale
  • une mise en question des savoirs académiques à l’appui du savoir implicite de l’artiste et de l’apport de la psychanalyse. Il s'agit de contredire, vérifier, enrichir le savoir universitaire au regard de ce que nous apprend l’acte de création, toujours inédit
  • une réflexion sur les contenus de formation proposés dans les champs de l’art et dans le cadre de l’université. L'enjeu est de définir une meilleure articulation entre le travail des chercheurs, celui des artistes et celui des cliniciens
  •  un renforcement des liens entre les disciplines et avec les partenaires extérieurs, mais aussi l’inauguration de nouveaux partenariats issus de la fédération des forces, expériences et compétences en présence

Le colloque se déroulera durant deux journées. Les communications orales pourront être faites en anglais et en français.

ARGUMENT

« À l’origine, il y a la répétition », affirme Abdelfattah Kilito dans L’auteur et ses doubles. La répétition fascine et effraie. On lui reconnaît une puissance d’engendrement en même temps qu’un pouvoir pathogène. « Si elle nous enchaîne et nous détruit, c’est elle encore qui nous libère », écrit Deleuze (Différence et répétition). La rhétorique tente d’en circonscrire les figures et les manifestations dans le champ du discours, et la répétition est aussi matériau à part entière dans le domaine de la musique, des arts plastiques, du théâtre, du cinéma. La philosophie des XIXe et XXe siècles en a déplié les méandres et les paradoxes, de Schopenhauer à Deleuze, en passant par Kierkegaard, Nietzsche et quelques autres. Freud a montré pour sa part que le sujet humain fonctionne sur le mode d’une répétition duelle, soumise à de puissantes forces antagonistes, et Lacan, à sa suite, a placé la répétition au coeur de la théorie psychanalytique, mettant notamment à jour une ouverture vers la béance du réel à partir des coordonnées de la chaine symbolique.

La notion de création est elle-même paradoxale : considérée après-coup, celle-ci apparaît prédéterminée, pour ne pas dire prédestinée, en tant que produit objectif du Kunstwollen, schème d’un peuple ou d'une époque, alors que dans son jaillissement elle s'engage et se pense comme un acte de pleine liberté. En cela, la création consisterait en un désir fondamental de différence, un appétit de l’autre, un antidote au solipsisme. Elle serait une quête pour faire coïncider deux modalités inconciliables de l’être : une expérience intime et confuse d’exister soi-même et une saisie de l’autre et du réel, plus transparente mais aussi inévitablement distanciée.

 

Dès lors, l'acte créateur serait-il l'accomplissement d'un destin dans un acte de liberté, allant contre toute idée d’une répétition ? Ou bien faut-il au contraire affirmer qu’il n’y a pas de création qui ne trouve ses fondements dans la répétition, à penser comme dynamique, et non mécanique ? Et puisque les stratégies des pratiques artistiques sont diverses, comment chacune témoigne-t-elle de sa pratique de la répétition ? Enfin, la répétition est-elle liée aux mutations de l’expérience humaine induites par la reproductibilité à grande échelle et par l’essor des technologies actuelles? Telles seront quelques-unes des problématiques de ce colloque international et pluridisciplinaire.

Les propositions de communication sont à envoyer aux deux adresses suivantes avant le 15 août 2012 :

joseph.delaplace@wanadoo.fr

dabernard2@yahoo.fr

 

Elles comprendront un titre, un résumé (entre 400 et 500 mots) précisant le thème dans lequel la communication s’inscrit. Ce résumé inclura une présentation du contexte, de la problématique théorique et de la démarche méthodologique. Chaque proposition de communication sera en outre accompagnée d’un document joint mentionnant les informations suivantes :

trois mots clés

nom et prénom des auteurs

statut et institution

adresse électronique

  • Responsable :
    kairos
  • Adresse :
    Université Rennes 2