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Eloge de la fiction (Tozeur)

Eloge de la fiction (Tozeur)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Mustapha Trabelsi)

Appel à communications

 Eloge de la Fiction

Colloque international

Organisé par L'Institut Supérieur des Etudes Appliquées en Humanités de Tozeur, L'Institut Supérieur des Langues de Gabès, L'Institut Supérieur des Sciences Humaines de Médenine

Unité de Recherche en Littérature, Discours et Civilisation, Sfax (URLDC)

10-12 novembre 2016

Date limite pour l'envoi des propositions: 30 juin 2016

 

Le champ de la fiction recouvre  une étonnante diversité de productions. En littérature, il s'étend des romans de kiosques de gare aux poésies de Mallarmé, d'A la recherche du temps perdu aux pièces de Samuel Beckett. On a par ailleurs longtemps opposé l'histoire fictive à l'histoire authentique issue des événements réels. Ce dualisme a hanté les réalistes dont la règle était de s'abriter derrière l'observation minutieuse du monde extérieur, de l'Histoire, de la société et de s'entourer de documents "authentiques".

Cette séparation est loin de tenir compte de la spécificité de la littérature.

Il convient mieux d'opposer non pas histoire fictive et histoire vraie - car tout roman comporte une part de vérité et une part de mensonge - mais fiction (histoire) et narration, énoncé et énonciation. C'est avec Flaubert, d'ailleurs, que le terme de fiction commence à désigner non plus la chose vue mais le sujet qui écrit. Le fameux projet du "livre sur rien", de l'écriture abstraite du "livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force du style" met en question l'histoire anecdotique et annonce la mort du  romanesque que l'on se plaît à reprocher au "nouveau roman" contemporain pour qui le roman n'est plus, selon le mot de Ricardou, le récit d'une aventure, mais l'aventure d'un récit.

La narrativité, sérieusement remise en question par les méandres associatifs du style proustien, débouche dans le roman moderne sur une confusion entre description créatrice et relation reproductrice : la généralisation d'un présent dont on ne sait s'il est narratif ou scénique en est un des indices. Le romanesque s'éloigne ainsi d'une prose transparente apte à véhiculer une fiction fertile en événements  pour se rapprocher du lyrisme d'une écriture poétique ou blanche  dont l'histoire n'existe pas en dehors des mots, des signes auxquels elle se réduit.

L’un des paradoxes de la fiction tient à son objet d’analyse qui est à la fois  précis et évanescent. En effet, la fiction n’obéit pas à des modes de production et de réception homogènes, figés. Certaines œuvres littéraires plongent le lecteur dans un univers imaginaire. Ils le conduisent à s’intéresser à la succession des évènements et à l’évolution de l’action. L’illusion qui se définit dans ce cas comme le fondement de la création de la fiction est déterminée par deux conditions: la première concerne le lecteur, la deuxième l’auteur. Si ce dernier s’applique à se rendre invisible c’est pour que l’adhésion du lecteur à l’univers fictif soit totale. Il dissimule les procédés narratifs qu’il utilise, élimine tous les indices qui pourraient manifester sa présence et se limite à mimer le réel qu’il représente si habilement que les événements paraissent se raconter eux-mêmes. Son objectif est de « piéger » le récepteur de ses œuvres, de l’engager dans son univers fictif, et de l’amener à s’identifier aux héros. Le lecteur se laisse prendre au « piège » de l’illusion car il est incapable de saisir le caractère imaginaire et artificiel du récit.

Dans d’autres œuvres littéraires, la fiction « ne cache à aucun moment son caractère de fiction » (Eloge de la fiction, Fayard, 1999, p. 108). C’est l’écriture elle-même qui devient son sujet et son objet, le lecteur ne peut plus se laisser prendre au jeu de l’intrigue même la plus séduisante et la plus  saisissante. L’auteur  intervient constamment dans la fiction et affecte en conséquence l’illusion qui constitue le fondement de l’identification.

Il n’est pas toujours facile de délimiter le domaine de la fiction et de définir ses frontières. Les textes de fiction dont la diffusion est massive sont  maintenus par certains critiques à la périphérie de la littérature et sont rejetés par d’autres critiques et placés du coup en dehors de la création littéraire. Les romans policiers, les récits d’espionnage, d’épouvante, d’énigme, la science- fiction, la bande dessinée, les romans noirs, etc. sont désavoués par certains critiques, considérés comme une littérature de gare, « une mauvaise littérature » alors qu’ils sont des moyens d’expression de la fiction qui séduisent le grand public.  S’interroger sur le statut de la fiction aujourd’hui, sur sa nature et ses moyens d’expression dans le système éditorial moderne, et dans le contexte culturel de l’ère industrielle, nous amène à remettre en question les frontières entre la littérature et la paralittérature.

 Ce rapport paradoxal entre les divers moyens d’expression de la fiction suscite plusieurs questions : les événements et les personnages imaginaires sont-ils pour autant irréels ? Comment peut-on distinguer le fictionnel et l’irréel, le fictionnel et le fictif ? La fiction doit-elle se fonder sur l’adhésion du lecteur pour s’imposer ? Quelle est la nature de la relation entre la fiction et la paralittérature ? Comment un auteur arrive-t-il à conduire le lecteur aujourd’hui à accepter et à vivre une fiction comme s’il s’agissait de la réalité ? Les tentatives de certains auteurs contemporains de « défictionaliser » la littérature ont-elles échoué ? Comment appréhender la fiction ? Si « l’aventure est l’essence même de la fiction » comme l’affirme Jean-Yves Tadié (Le Roman d’aventures, PUF, 1982, p. 5), la narratologie, la stylistique, la socio-critique, l’analyse structurale permettent-elles aujourd’hui d’appréhender efficacement les énoncés fictionnels, leurs structures internes, leurs modes de production et de réception ?

Le but de ce colloque est d’explorer ces questions, de repenser la fiction, et de redéfinir ses enjeux. Les communications pourraient s’inscrire dans les axes de réflexion suivants :

 

- Fiction et genres littéraires

- Fiction et « mauvais genres »

- Histoire de la fiction

- Fiction et pacte de lecture

- L’identité paratextuelle de la fiction

- Fiction et narratologie

- Fiction et paralittérature

- Stylistique de la fiction

 

Bibliographie

- R. Barthes, L. Bersani, Ph. Hamon, M. Riffaterre, I. Watt, Littérature et réalité, Seuil, 1982.

- F. Berthelot, " Le débat fictionnel ", Critique, numéro 635, Avril 2000, pp. 312-323.

- F. Berthelot, « la Nouvelle Fiction », Magazine littéraire, no 392, novembre 2000, p. 30-33.

- B. Blanckeman, Les Fictions singulières, Prétexte Éditeur, 2002.

- Christophe Donner, Contre l'imagination, Fayard, 1998.

- E. Clémens, La Fiction et l'apparaître, 1993, Albin Michel.

- A. Gefen et R. Audet (sous la dir.), « Comment définir la fiction? », in Frontières de la fiction, Québec/France, Nota Bene/Presses universitaires de Bordeaux, 2001, 3-13.

- C. Gregory, The Nature of Fiction, New York, Cambridge University Press, 1990

- D. Cohn, Le Propre de la fiction, Paris, Seuil, 2001.

- G. Genette, Fiction et diction, 1991, Seuil.

- K. Hamburger, (1977), Logique des genres littéraires, Paris, Seuil, 1986.

- P. Hébert, « Éloge de la fiction », Voix et Images, volume 17, n° 3, (51) 1992, p. 529-535. http://www.erudit.org/revue/VI/1992/v17/n3/200985ar.pdf

- M. Macdonald, « Le Langage de la fiction », Poétique, 78, 1989, 219-235.

- J-L. Moreau, La Nouvelle Fiction, Paris, Critérion, 1992.

- R. Odin, De la fiction, Bruxelles, De Boeck Supérieur, 2000.

- D. Rabaté, Vers une littérature de l'épuisement, José Corti, 1991.

- A. Reboul, Rhétorique et stylistique de la fiction, Presses universitaires de Nancy, 1992.

-T. Pavel, (1986), Univers de la fiction, Paris, Seuil, 1988.

- J-M. Schaeffer, Pourquoi la fiction? Paris, Seuil, 1999.

-J. R. Searle, (1979), Le Statut logique du discours de la fiction, Sens et expression, Paris, Minuit, 1982.

 

Les titres et résumés des communications, d’environ une demi-page, accompagnés d’une notice biographique sont à envoyer uniquement par voie électronique  avant le  30 juin 2016 à :

 

bkhairia_hassen@yahoo.fr

 

Calendrier 

30  juin 2016 : Réception des propositions de communication
30 juillet  2016 : Notification aux auteurs
10-12 novembre  2016 : Colloque international

juin 2017 : publication

 

Responsables : Hassan Bkhairia , Arselène Ben Farhat et Mustapha Trabelsi