Revue
Nouvelle parution
Elégies, revue Babel, n°12

Elégies, revue Babel, n°12

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Michèle Monte)

Elégies
revue Babel n° 12


Sommaire :
Michèle MONTE : Présentation : variable élégie Jean-Marie MONTANA : Élégie, image et rhétorique dans les Héroïdes d'Ovide Evrard DELBEY : L'eau et le vin de l'élégie classique à l'élégie chrétienne Asher SALAH : L'élégie dans la poésie hébraïque italienne à l'âge des ghettos (XVIe - XVIIIe siècles) Anne COUDREUSE : Élégie, souffle historique et pathétique dans la poésie d'André Chénier Matej HRIBERSEK : Les élégies de France Preeren Pierre LOUBIER : Baudelaire et l'élégie Hugues LAROCHE : Elégie fin de siècle et mort du lyrisme Daniel ARANJO : Catulle au début du XXe siècle : une anthologie Bernadette HIDALGO-BACHS & BENEDICTE MATHIOS : L'élégie dans les derniers poèmes de Miguel Hernández : une négation de la mort ? Patrick HUBNER : Les Elégies posthumes d'Ovide ou la ruse poétique d'Ernst Fischer Guy AUROUX : Jean Grosjean : de l'élégie divine à une plainte sans sujet Benoît CONORT : Coeur elle y gît rouge (qui gît dans l'élégie ?) Michèle MONTE : Quelque chose noir : de la critique de l'élégie à la réinvention du rythme Glenn FETZER : L'élégie en jeu chez Emmanuel Hocquard.


Ce numéro de Babel consacré à l'élégie, par la variété des époques (Antiquité, période classique, romantique et contemporaine) et des domaines linguistiques (latin, hébreu, français, slovène, allemand, espagnol) concernés, montre la richesse d'un genre pourtant mineur dans la classification traditionnelle, telle qu'elle est illustrée par exemple par Boileau dans son Art poétique. Il fait aussi la preuve de l'intérêt de l'approche générique dans l'analyse des oeuvres littéraires. En regroupant sous une même étiquette des oeuvres apparemment fort diverses, le terme d' « élégie » soulève en fait de nombreuses interrogations et fonctionne comme un outil heuristique.
Le contenu thématique de l'élégie a beaucoup varié selon les époques : dans l'Antiquité, période d'éclosion du genre, l'élégie est essentiellement consacrée à l'expression du sentiment amoureux et, selon la chance ou l'infortune du locuteur, oscille entre l'enthousiasme, la colère, la douleur ou la nostalgie. Mais l'éventail des thèmes s'élargit considérablement à partir de la Renaissance, et si beaucoup d'élégies restent des poèmes de deuil (dans ce numéro, sont étudiés les éloges funèbres de Preeren, et les exercices de conjuration de Miguel Hernández ou Jacques Roubaud), il faut inclure aussi dans le genre les badinages amoureux (tels ceux de l'école fantaisiste) ou les pamphlets politiques (dans ce numéro, les Iambes de Chénier ou les Elégies posthumes d'Ovide d'Ernst Fischer). On observe ainsi que, si l'adjectif « élégiaque » dans son emploi non technique désigne une tonalité émotive marquée par une tristesse tendre et volontairement résignée, le ton de l'élégie peut, quant à lui, être fort variable, allant de l'invective la plus acerbe à la plainte la plus déchirante. Cette diversité ne doit toutefois pas masquer un point commun fondamental entre tous ces textes : l'importance qu'y prend le chant ou le rythme. Dans l'élégie, l'expression du sentiment se sublime dans le chant qui permet la nécessaire prise de distance par rapport aux affects et la réorganisation de l'expérience. Si l'on pense comme Jaccottet que « toute poésie est la voix donnée à la mort » l'élégie serait ainsi le noyau central de la poésie lyrique, ou du moins l'un de ses pôles, l'autre étant la célébration vibrante du monde. Mais les pouvoirs de la parole sont fragiles et souvent illusoires, et le triomphe du langage sur le néant s'inverse vite en mise à l'épreuve de la poésie par l'expérience de la mort, comme le montrent les articles consacrés aux oeuvres de Miguel Hernández, James Sacré et Jacques Roubaud.
Si plusieurs articles du numéro posent la question de la tension entre l'élaboration nécessairement concertée d'une forme esthétique et l'expérience dilacérante de la perte, d'autres articles explorent une autre question essentielle dans l'élégie, celle du sujet énonciateur et de son éthos. Alors que l'élégie romantique avait tendu à faire de la plainte personnelle son ressort essentiel en construisant un pacte de lecture où le lecteur communiait avec le je éploré ou nostalgique, les générations suivantes prennent leurs distances avec une telle débauche de confidences, comme le montrent les articles consacrés à Baudelaire, à Laforgue et à Jean Grosjean. Peu à peu se développent des élégies impersonnelles ou qui font de la mise en question du sujet un de leurs ressorts essentiels.
Les trois articles consacrés à Preeren, Fisher et à l'école fantaisiste insistent quant à eux sur la dimension intertextuelle. La relecture des textes fondateurs, initiée dès l'Antiquité, se poursuit jusqu'à nos jours, que ce soit à des fins de satire politique, pour créer une littérature nationale, ou pour affirmer des goûts communs et quelque peu en marge dans la société corsetée et bien pensante du premier XXe siècle.


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