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Effrangement, dissolution, altération des genres : pour une autre lecture de l’art moderne et de ses suites

Effrangement, dissolution, altération des genres : pour une autre lecture de l’art moderne et de ses suites

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Wilfried Laforge)

UNIVERSITÉ DE STRASBOURG

COLLOQUE INTERNATIONAL

« Effrangement, dissolution, altération des genres : pour une autre lecture de l’art moderne et de ses suites. »

Du 9 au 13 février 2015 - Maison Internationale des Sciences Humaines d’Alsace

 

APPEL À CONTRIBUTIONS

 

Pour une généalogie de l’effrangement des arts

Ce colloque se fixe pour objectif l’analyse des rapports entre les arts – mais aussi celui du rapport des arts à l’art, et de l’art à tout ce qui lui est extrinsèque. L’enjeu sera de préciser, d’opérer un élargissement, de déplacer l’analyse qu’Adorno a livrée dans L’art et les arts. Il se donne comme horizon théorique une réflexion sur l’effondrement des limites entre les arts au milieu des années 1960, l’analyse de son lien avec la naissance des avant- gardes et la chute du système des Beaux-Arts, ainsi que sur le lien étroit qu’elle entretient avec la rupture entre l’art et la vie. L’ensemble du processus que nous voudrions étudier va d’une simple imbrication des arts jusqu’à la dislocation complète des limites qui les séparent, fruit d’étapes successives localisables dans une antériorité. Il nous amènera donc à remonter en amont des événements liés à ce grand changement paradigmatique, afin d’en repérer les éléments déclencheurs. Éléments qui semblent contenus, comme en germe, dans les motivations à l’origine de l’éclosion des avant-gardes. Peut-on dire que la modernité contenait son devenir postmoderne ? Le passage du spécifique au générique (de Duve) ou encore des Beaux-Arts à l’art rend-il la problématique adornienne de la Verfransung caduque ? Quelles sont les altérations génériques que l’on peut mettre à jour dans les œuvres de l’art contemporain ? Qu’en est-il du statut du non-art – ou, autrement dit, l’art « générique » – relativement à la dialectique adornienne? Peut-il être considéré comme un moment d’arrêt, de suspension de la dialectique de la raison ? La musique a-t-elle joué un rôle particulier dans ces phénomènes, comme parangon des autres disciplines ?

Les interventions devront, autant que faire se pourra, s’ancrer dans la concrétude, faire émerger les questions à partir des œuvres elles-mêmes en y repérant des interactions singulières. À cet égard, on se demandera si l’on peut, au sein de ce long processus, isoler des pratiques, des œuvres – des moments structurants, dont certains apparaîtraient comme une résonance, un écho amplifié des autres, une manière d’en accuser réception – et l’on cherchera également à amener à la visibilité certaines formes d’imbrications des altérités dans les œuvres de l’art le plus récent.

Une perspective herméneutique

Nous tenterons également de suivre une perspective herméneutique, et de voir dans quelle mesure la tendance à « l’effrangement » a pu jouer un rôle dans l’antagonisme entre le public et l’art contemporain – problème que l’on retrouve notamment sous le terme de « crise de l’art contemporain » dans les années 1990, ou dans les ouvrages de Richard Shusterman, par exemple.

La question de l’autonomie de l’art

Outre l’étude de déplacements, d’altérations génériques, d’échanges, de porosité entre les arts et les œuvres, nous voudrions remettre au travail la notion d’autonomie de l’art, logiquement devenue problématique depuis les années 60. Peut-on encore, au regard des productions actuelles, défendre l’idée d’une autonomie de l’art ? Faut-il adapter sa définition à l’aune des œuvres de l’art actuel ? Dans quelle mesure la définition qu’en a donné Adorno – l’autonomie est chez lui paradoxale ; l’œuvre, ipso facto fait social, participe à la réalité empirique tout en s’en détachant, en se faisant réceptacle d’un contenu et acquiert par conséquent son autonomie – peut-elle être pertinente pour penser l’art d’aujourd’hui ? Peut-on dire que l’installation ou la performance, notamment, perpétuent les exigences du modernisme en créant une nouvelle avant-garde ?

Modalités : Le colloque accueillera des communications universitaires classiques ; cependant, la diversité des approches et des perspectives est encouragée (théorie de l’art, musicologie, filmologie, danse, littérature, philosophie, etc.)

Quelques pistes de réflexion, à titre indicatif :

  • -  Les différentes modalités de passage d’un art à un autre.

  • -  L’analyse du rapport entre les arts d’un point de vue iconographique, esthétique, ou encore épistémologique.

  • -  La question des critères évaluatifs des œuvres à partir des années soixante.

  • -  Le rapport entre la notion de graphein et les œuvres se faisant réceptacle d’un contenu extra-esthétique (vidéographie, phonographie, etc.)

  • -  Le passage de la modernité à la postmodernité et ses modalités d’apparition au sein d’œuvres particulières.

  • -  La question de l’œuvre d’art totale et de ses résonances.

  • -  Le happening, l’installation, etc.

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    Modalités de soumission

    Les propositions de communication, d’une dizaine de lignes environ et accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique, pourront être adressées à wilfried.laforge@gmail.com avant le 15 septembre 2014. Elles seront rédigées en français ou en anglais.