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Edith Wharton (Les Cahiers de la nouvelle)

Edith Wharton (Les Cahiers de la nouvelle)

Publié le par Marion Moreau (Source : Virginia Ricard)

Les Cahiers de la nouvelle (http://jsse.revues.org) consacreront un numéro spécial aux nouvelles d'Edith Wharton (1862-1937) en 2013.

Dans Les Règles de la fiction, Edith Wharton écrit que la difficulté de la nouvelle consiste « à donner l'impression d'un air illimité dans un espace restreint ». Il ne s'agit pas d'un impératif uniquement formel : la suffocation et l'enfermement sont des thèmes de prédilection dans les nouvelles qu'elle publia de son vivant — plus de 85 au total. Les chroniques de la vie à New York, à Paris et en Italie, les nouvelles situées pendant la guerre et les histoires de fantômes ne sont jamais, chez Wharton, de simples portraits d'individus dans des moments de crise, ni des illustrations d'un état de la société (même si elles sont aussi cela). Les hommes et des femmes qu'elles mettent en scène, victimes de la cruauté et de la folie, en butte à des obsessions, à l'absence de courage et d'honneur, se heurtent, avant tout, à des institutions imparfaites. Wharton montre comment codes et coutumes peuvent détruire une vie individuelle, mais ne laisse en général aucune issue à ses personnages. Autrement dit, dans l'espace limité de la nouvelle, elle fait sentir cet « air illimité », elle fait deviner l'existence d'un autre monde, mais réduit en général à néant tout espoir d'évasion.
Un des plaisirs que procure la lecture des nouvelles de Wharton réside dans l'ironie cinglante avec laquelle elle examine les faiblesses et les vices de ses personnages. La précision de son regard et son absence de sentimentalisme font d'elle une des grandes nouvellistes du XXe siècle. Ses réflexions sur la composition et le style et la régularité de sa production ne laissent aucun doute sur l'importance qu'elle accordait à la forme courte. Pourtant, de nombreuses nouvelles de Wharton ne sont plus accessibles dans des éditions courantes et aucune édition complète des nouvelles n'a été publiée depuis 1968.
Voici quelques-unes des pistes que pourrait explorer ce numéro spécial, mais d'autres approches sont envisageables :
• la question du mariage (le mariage, les maris, la femme mariée, le divorce, les enfants) ;
• les histoires de fantômes et la conception de Wharton du surnaturel ;
• l'art, les collectionneurs, le philistinisme ;
• la culture matérielle : vêtements, meubles, maisons, « convoiter, acheter, avoir » ;
• la guerre ;
• New York, comme ville et comme société ;
• les nouvelles d'Edith Wharton au cinéma : les adaptations cinématographiques comprennent “Bread Upon the Waters” (1935), “Pomegranate Seed” (1951), “Confession” (1953), “Afterward” (1983), “Bewitched” (1983), “The Lady's Maid's Bell” (1983) ; l'étude de l'influence des techniques cinématographiques sur les nouvelles de Wharton est aussi possible.
Les articles peuvent également analyser une nouvelle particulière (ou plusieurs) ; les stratégies narratives de Wharton ; l'histoire de la publication d'une nouvelle ou d'un ensemble de nouvelles (par exemple “The Bunner Sisters”, qui fut à plusieurs reprises refusée avant d'être finalement publiée en 1916), ou plus généralement, la réception des nouvelles. Enfin, ils pourraient étudier la place des nouvelles dans l'ensemble de la production de Wharton.
Les propositions d'articles (environ 2000 signes) sont à envoyer avant le 31 janvier 2011. Les articles achevés (de 35 000 à 45 000 signes) devront être conformes aux consignes du MLA, être accompagnés d'un résumé (environ 1 500 signes) et arriver avant le 30 juin 2011. Tous les articles seront soumis, de façon anonyme, à l'examen d'au moins deux membres du comité de lecture.
Vous pouvez adresser vos questions et propositions à Virginia Ricard, Université Michel de Montaigne-Bordaux 3 (Virginia.Ricard@u-bordeaux3.fr).