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 Ecrivains du Sud-Est européen en quête d'identité. Compte-rendu de travaux

Ecrivains du Sud-Est européen en quête d'identité. Compte-rendu de travaux

Publié le par Marielle Macé (Source : Université Spiru Haret)

 Communiqué du Rapporteur, Elena-Brânduşa STEICIUC, Université Stefan cel Mare, Suceava, Roumanie

 

Le colloque « Les écrivains du Sud-Est européen en quête d'identité », organisé les 6-7 novembre 2009 par l'Université Spiru Haret, Faculté de Langues et Littératures Etrangères  et par l'Agence universitaire de la Francophonie a exploré, par les communications proposées, les potentialités et les limites de ce concept : Identité. Il faut signaler dès le début la richesse exceptionnelle de cette rencontre, remarquée dans son allocution d'ouverture par Mme Liliane Ramarosoa, Directrice du Bureau Europe Centrale et orientale de l'AUF.

La Francophonie est une réalité multiple et les Balkans, autrefois appelés « la poudrière de l'Europe » offrent, par les écrivains d'expression française, l'image d'une identité plurielle, que les intervenants ont mise en lumière, se penchant chacun sur telle ou telle littérature/ culture nationale et ses représentants.

Ce rapport de synthèse aurait peut-être dû tenir compte des grands axes thématiques, mais, comme nous allons discuter d'un projet qui nous tient à coeur – un dictionnaire des auteurs balkaniques – il vaudrait peut-être  mieux s'en tenir à l'ordre alphabétique.

Commençons par  l'Albanie, qui a été présente dans notre rencontre par Ismail Kadaré, écrivain emblématique, dans deux lectures : celle de notre collègue Efstratia Oktapoda, qui nous a livré ses observations en clé mythocritique ; celle de  Ilir Yzeiri, qui a parlé de « l'identité malentendu ».

De Bulgarie sont venus des collègues (déjà des fidèles du colloque !) dont les interventions ont porté sur des figures telles : Julia Kristeva, Pierre (Peter) Beron. Grâce à Alain Vuillemin, un des grands spécialistes français en littératures des Balkans, nous avons pu connaître la figure de l'écrivain et traducteur  Lubomir Guentchev, une des nombreuses victimes du régime communiste.

Vassilis Alexakis, l'auteur francophone né à Athènes  et son « itinéraire identitaire » entre la France et la Grèce ont  été présentés par le Professeur Najib Redouane.

Les collègues venus de la République de Moldova, espace-frère et identité jumelle des Roumains, nous ont apporté de précieux  éclaircissements sur « l'identité personnelle/identité narrative dans la prose des Roumains situés entre deux univers » (Inga Druta).

La Roumanie (avec  ses auteurs d'expression française) a été la pays le mieux représenté,  et cela pas seulement parce que c'est le pays où le colloque a eu lieu, mais parce que – au fil du temps -, ce pays a donné des générations successives d'auteurs francophones. Vasile Alecsandri, l'un des fondateurs de la littérature roumaine moderne au XIX-ème siècle, ami de Mistral,  a été présenté par Estelle Variot, qui a privilégié la piste des « influences » de la culture française sur la création du « barde de Mircesti ». Une bonne surprise a été la communication de Habiba Sebkhi, sur l'auteur tsigane d'origine roumaine Mateo Massimof.

En cette année 2009, année du centenaire Ionesco, le théâtre du grand auteur a été abordé dans notre rencontre par Constantin Grigorut, qui a relevé certaines « affinités esthétiques balkaniques » dans l'espace de cette production théâtrale ; par Mircea Mihalevschi, qui s'est penché sur les « couches profondes  de spiritualité roumaine » dans l'oeuvre de Ionesco.

Nos jeunes collègues Alexandru Matei et Mara Magda Maftei, de même que Dan Sterian, nous ont proposé des lectures fort intéressantes de Cioran et de sa « volonté de transfiguration ». Vintila Horia et le thématisme de l'exil a constitué la principale clef de lecture de Lelia Trocan, dans un parallèle avec M. Yourcenar. Benjamin Fondane a fourni le principal sujet des interventions de Toader Saulea et de Hélène Lenz. Panait Istrati, Mircea Eliade, Dumitru Tsepeneag, Constantin-Virgil Gheorghiu, Norman Manea, Sorin Titel, Basil Munteano, Matei Visniec, Felicia Mihali, Linda Maria Baros ont figuré comme éléments essentiels de notre colloque et les interventions qui leur ont été consacrées pourraient constituer autant d'articles du dictionnaire projeté.

La clé de voûte de notre rencontre est la présence du Professeur Paul Miclau, organisateur, théoricien, mais aussi objet d'étude de plusieurs interventions. Son « hypersigne du sonnet »  a été analysé avec finesse par Elena Prus ; sa prose par Tamara Ceban, qui a examiné les noms propres dans le roman Roumains déracinés ; son activité de traducteur par Maria Barnaz. Dorénavant, on devra tenir compte des perspectives théoriques que le professeur Miclau a lancées à l'ouverture du colloque, car on ressent aujourd'hui, avant tout, le besoin d'une « typologie de l'identité chez les écrivains d'expression française du Sud-Est européen ».

Avant de nous séparer, j'aimerais vous signaler une coïncidence troublante : notre colloque s'est tenu à un moment où l'on fête en Europe la chute du mur de Berlin et l'ouverture que cet événement a initiée entre les deux parties de l'Europe. Notre colloque, en égale mesure, est l'occasion de s'ouvrir vers  l'Autre afin de mieux comprendre – par le biais du français et de la Francophonie, dont on a relevé maintes fois l'importance -, ce qui fait la spécificité de l'identité balkanique, tellement multiple et parfois contradictoire.

A la fin d'une rencontre fructueuse et enrichissante, nos remerciements vont aux organisateurs de l'Université Spiru Haret, à l'Agence universitaire de la Francophonie et à tous ceux qui, venant de loin ou de près, ont rendu possible cet événement.