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Écriture et image : une fabrique commune ? (Cergy-Pontoise)

Écriture et image : une fabrique commune ? (Cergy-Pontoise)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Corinne Blanchaud)

ÉCRITURE ET IMAGE : UNE FABRIQUE COMMUNE ?

JOURNEE D’ETUDE
16 juin 2017 - Université de Cergy-Pontoise, Chênes 2, salle 217, 9h30-17h

La création littéraire est confrontée au questionnement de ses supports et, par conséquent, de la disposition dans l’espace, tout comme le sont les arts plastiques. De ce fait, non seulement l’écriture entre en dialogue avec l’image, dans les recueils de poèmes, les albums de jeunesse, les livres peints, les œuvres plastiques illustrées ou la littérature appliquée aux œuvres de rue, mais le processus de création se trouve aussi saisi, parfois, dans la dynamique conjointe de l’art visuel et scriptural – qu’elle soit singulière ou duelle – à travers les livres d’artistes, œuvres simultanées d’artistes et d’écrivains, les livres d’art composés par des écrivains à partir d’une méditation sur des œuvres picturales, ou, plus largement, par-delà l’œuvre singulière, à travers la rencontre d’une rêverie commune entre un peintre et un écrivain s’inscrivant parfois dans la durée. 

Ces dynamiques conjointes déterminent des processus de création spécifiques que nous nous proposons d’interroger au cours de cette journée d’étude : comment s’opère le dialogue entre artistes ? Peut-on parler de création à quatre mains ? d’un dépassement de la « représentation », de « l’illustration » ? Dans quelle mesure les questions d’ « atelier » concernent-elles aussi l’écriture ? Et que se passe-t-il quand le même artiste est conjointement écrivain et plasticien ?

Nous nous interrogerons donc sur ces formes multiples de rencontres entre textes et images, qu’il s’agisse de dialogues, de formes hybrides ou de fusion, en focalisant notre attention sur l’exploration des processus de création.

Coordination : Corinne Blanchaud & Violaine Houdart-Merot

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Programme :

9h30-10h : Accueil et présentation de la journée


10h-10h30 Marie Sellier, écrivaine, Présidente de la SGDL : Noces de papier
Auteur d'une centaine de livres pour la jeunesse, parmi lesquels un grand nombre d’albums, Marie Sellier explore la relation texte/image depuis de nombreuses années.  Un processus, à ses yeux passionnant et toujours un peu mystérieux, qui, bien loin du procédé, se renouvelle et s’invente lors de chaque expérience éditoriale. Elle en témoignera à travers les aventures singulières de l’élaboration de quelques livres, notamment L'Afrique petit Chaka, illustré par Marion Lesage aux Editions de la RMN, Fanfan, illustré par Iris Fossier aux Editions courtes et longues, Le Jardin de madame Li, illustré par Catherine Louis aux éditions Philippe Picquier jeunesse.

10h45-11h15. Corinne Blanchaud, Université de Cergy-Pontoise : Une épreuve du réel de la peinture à l'écriture : Pierre Tal Coat et André du Bouchet
L’intérêt du poète André du Bouchet pour la peinture de Tal Coat se déclare dès 1949, année de la rencontre des deux hommes, et ne cesse qu’à la mort du poète. A maintes reprises, André du Bouchet revient sur un œuvre pictural dont l’enjeu lui est, du point de vue poétique, fondamental. La singularité de ce ressassement sera étudiée à la fois dans le contexte de l’attention portée par le poète à plusieurs artistes, et dans la perspective de la réflexion menée à propos de la rencontre de la poésie et de la peinture dans l’œuvre d’André du Bouchet par son lecteur et critique Jean-Michel Reynard, dans un ouvrage consacré au poète, L’Interdit de langue (Fourbis, 1994).

11h45-12h15. Véra Dickman, Télécom ParisTech : Henri Michaux : Saisir – Dessaisir

Véra Dickman est enseignante-chercheuse au Département Langues et Cultures d’une école d’ingénieur du numérique, Télécom ParisTech. Elle est membre de la Société des Lecteurs d’Henri Michaux et a publié plusieurs ouvrages ou articles sur Henri Michaux. En 2000 elle a publié un compte rendu sur trois expositions de Michaux à New York dans une revue en ligne,  Critical Secret : https://www.criticalsecret.com/n3/index2.htm  En octobre 2001 elle a collaboré avec un galeriste italien de Livorno, la Galleria Peccolo, pour qui elle a rédigé un « Portrait de H.M. », publié dans le catalogue de l’exposition.   
 « L’artiste est d’avenir, c’est pourquoi il entraîne »  - Emergences-Résurgences
Saisir, pas « représenter », l’essence de l’être, saisir l’être en mouvement, saisir l’élan.
Saisir pour comprendre, pas pour posséder.
Se posant en autobiographe de son parcours d’artiste, Henri Michaux relève comme un défi l’invitation de l’éditeur Gaëton Picon qui fonde la série “Les Sentiers de la Création”, aux Editions d’Art Albert Skira à Genève, afin de permettre aux artistes d’exposer leur processus de création. Les méditations écrites qui intègrent l’œuvre picturale de Michaux dans Emergences-Résurgences, le 20e volume paru en 1972, précèderont celles de Michaux sur l’œuvre de René Magritte, En rêvant à partir de peintures énigmatiques, comme celles sur les œuvres d’aliénés en milieu psychiatrique dans “Les ravages”.
Nous verrons comment Michaux tente l’expérience de saisir par l’écriture son propre geste pictural, de comprendre ce qui lui fait aller vers la peinture, vers une exploration libérée de toute contrainte. Voulant saisir sa démarche, il expose paradoxalement un processus de dessaisie, processus qui vaut autant pour le rapport au mot qu’à l’image afin de trouver et de rejoindre un espace de liberté et de spontanéité -   “in statu nascendi”.

Pause Déjeuner

14h-14h30. Virginie Gautier, écrivaine, UCP: Ecrire à partir de formes plastiques: Marcher dans Londres en suivant le plan du Caire
Ecrivaine, plasticienne et doctorante à l’UCP, Virginie Gautier présentera le processus d’écriture texte-image qui a donné forme au livre « Marcher dans Londres en suivant le plan du Caire », paru aux éditions Publie.net en 2014. Long poème dont les figures de la dérive et du flux, qui en sont les motifs récurrents, se sont confondus, au moment de l’écriture, avec les ressources apportées par l’outil numérique : une forme en arborescence, discontinue, nourrie d’un ensemble documentaire aussi bien textuel que visuel. Cette utilisation de l’outil a façonné le développement du récit poétique, en a constitué le parcours : les orientations et les détournements. Les citations créent des achoppements ; les images textuelles nourrissent le corps du poème ; les images visuelles en constituent la documentation poétique en proposant différents modes de représentations du territoire : cartes, plans, tracés, réseaux, dessins, etc. Des formes « d’expression à halo » - comme l’énonçait Julien Gracq au sujet d’une utilisation proprement poétique de l’écriture - qui qualifie ici aussi bien le texte que les images. Les deux dialoguent par rebonds et évocations, et appellent une forme d’indétermination propre à l’idée « du vague, du flou, du nuage », qui est l’esquisse d’un collectif, d’une ville en mouvement imaginée dans le poème. Je m’attarderai ainsi d’abord sur le processus qui consiste à écrire à partir de formes plastiques, puis sur le développement de l’idée, en apparence paradoxale, de documentation poétique.

14h45-15h15. Gwenaëlle Robillard, Un poème normalement ça parle d’amour
Artiste plasticienne et poète, Gwenaëlle Rébillard, a résolument engagé son travail à la croisée des arts plastiques et de la poésie. Il en résulte une pratique où formes plastiques et matières textuelles sont étroitement liées. Elle présentera son “poème-video”. Initié lors d’une résidence au Domaine de Kerguéhennec, Un poème normalement ça parle d’amour se définit comme un work in progress à géométrie variable. Il se présente sous la forme d’un poème-visuel se prêtant à différents dispositifs : exposition, installation, édition papier, vidéo, lecture projection…ou tout autre forme inédite. Sa spécificité réside dans la volonté de ne pas créer une forme close, unique et définitive, mais autant de formes que cette matière polymorphe saura susciter. L’écriture et l’image s’écrivent en étroite connivence. Les dispositifs plastiques (exposition, installation, montage vidéo…) sont autant de processus d’écriture.
C’est l’association des éléments entre eux qui produit du sens, des sens, des sensations, du sensé, de l’insensé, dans tout les cas une matière poétique ouverte, en constante ré-écriture. 

15h30-16h. Stéphane Bouquet, écrivain, Le Grand Graphe d’Hubert Lucot, fonctions visuelles de l’écriture
En 1970, Hubert Lucot (1935-2017) compose un livre d’une seule page de 12 m2. « Très vite je variai, je hurlai, je précipitai, j'énumérai, je fléchai, à droite, à gauche, en bas dans cette portion d'espace... C'était le 14 mai 1970. Désormais j'écrirai librement : là où il y a de la place, là où l'espace m’appelle ». De cette écriture qui couvrait un mur entier de son appartement, Lucot glissera ensuite jusqu’aux collages. A partir de cette expérience d’écriture spatiale ou spatialisée, on réfléchira aux liens que l’écriture entretient avec l’espace.

16h15-16h45. Stéphane Bouquet, écrivain, et Laurence Bedoin, Ecole Estienne, Présentation des objets graphiques à quatre mains réalisés par des étudiants du master de création littéraire et de l’Ecole Estienne.

 Stéphane Bouquet, en résidence d’écrivain dans le cadre du master de création littéraire (avec la Maison des écrivains et de la Littérature) et Laurence Bedoin, enseignante à l’Ecole Estienne, présenteront les travaux réalisés en binôme sous leur direction par les étudiants du master de Cergy et les élèves typographes de l’Ecole Estienne. Les travaux seront exposés sur place.