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Écriture et autorité

Écriture et autorité

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Mohamed OUHADI)

Les Groupes de recherche en « Interprétation et critique des systèmes culturels » et en « Anthropologie culturelle et Traduction » de la Faculté polydisciplinaire d’Errachidia-

Université Moulay Ismail de Meknès

Organisent les 12 et 13 Mars 2014

Un colloque international sous le thème :

« Écriture et autorité »

 

On entend aujourd'hui par " autorité " une propriété du Pouvoir : sa légitimité supposée et la dimension symbolique qui le transforme en Institution. Dans son acception propre, ce mot désigne un acte absolu qui implique une obligation, et fonde sa relation avec les sujets sur la subordination et la négation. Subordination lorsque les sujets se soumettent à la logique de l’autorité toute puissante et transcendantale, et négation quand ces mêmes sujets commencent à prendre un chemin parallèle, faisant naître une force égale à celle de l’autorité en  lui réclamant attributions et prérogatives.

En effet, l’autorité tend souvent à conditionner toutes les valeurs pour justifier ses ambitions et maintenir son hégémonie. Ce qui lui permet à la fois d’être témoin de tous les phénomènes, détentrice de leurs destinées et responsable de leurs transformations.

La question de l’ordre reste son atout majeur. C’est à travers lui qu’elle fonde son discours qui donne à son tour une certaine légitimité à « l’institution »  dans sa dimension unique qui se réclame de la vérité conçue non pas comme un « bien » à partager, mais plutôt comme un objet d’appropriation.

Du coup, l’autorité revêt deux aspects interdépendants : Le premier est un discours qui se manifeste tel un « doux secret », permettant à l’autorité de s’infiltrer dans tous les méandres de l’institution, en prenant tour à tour les formes de principe, de méthode ou de finalité.

Le second aspect est un acte coercitif qui conçoit toute différence avec les « recommandations » de l’autorité comme étant une révolte et une insoumission nécessitant une répression ou, au contraire, une clémence et ce en vue de pérenniser le « mythe de l’ordre », véritable garant des intérêts du « dominant-vainqueur ».

Ces deux aspects se retrouvent chez Michel Foucault, à travers ce qu’il appelle la « Technologie politique du corps ». C’est par le moyen de cette notion que Foucault nous explique les critères qui permettent à l’autorité de mesurer le niveau  de fiabilité des individus appelés à produire dans la soumission, par le biais de l’assujettissement : « C’est, pour une bonne part, comme force de production que le corps est investi de rapports de pouvoir et de domination ; mais, en retour, sa constitution comme force de travail n’est possible que s’il est pris dans un système d’assujettissement ; le corps ne  devient force  utile que s’il est à la  fois  corps  productif  et corps assujetti. »[1]

Mais cet assujettissement ne se réduit pas toujours à la violence, il peut aussi prendre la forme, plus subtile et plus discrète, d’une technique ; bref, « d’un art du corps humain »[2]. En fait, le pouvoir produit du réel, notamment l’individu et la connaissance qu’on peut en prendre.

En revanche, là où l’autorité soumet et réprime l’individu, suivant une logique basée sur une technique infaillible, l’écriture le délivre ; libérant ainsi ses forces créatrices et le poussant à remettre en cause les intentions de l’autorité, à critiquer son discours et à saper ses desseins. L’écriture est, dans ce contexte, un besoin existentiel qui s’épanouit dans la liberté et se consolide dans la recherche et la perpétuelle mise en cause des phénomènes.

Dans cette perspective, l’écriture n’est pas une pratique technique, mais une force qui résiste à toute autre force contraignante, qu’elle soit matérielle ou symbolique, car elle ne naît pas dans les zones conscientes soumises à l’autorité et aux lois, mais se crée, comme l’imaginait Virginia WOOLF, dans le subconscient de l’écrivain[3].

Une longue histoire de lutte et de conflit régissait le rapport entre l’écriture en tant que concept existentiel et l’autorité - en instance de légitimité et de reconnaissance - dans sa tendance contraignante visant à dompter la première et à lui imposer ses diktats. Or l’écriture cherche toujours à s’émanciper du joug de l’autorité en transgressant toutes les règles qui peuvent entraver son désir d’autonomie, quitte à abolir toutes les limites et toutes les contraintes. Roland Barthes affirme à ce propos que l’écriture est une activité  tendant à s'autonomiser à l'égard des normes utilitaristes et idéologiques[4]. Le plaisir du texte n’exige-t-il pas en définitive le rejet du politique, puisque « le texte est (devrait être) cette personne qui montre son derrière au père politique. »[5] ? L’écriture ainsi conçue n’est-t-elle pas, in fine, le symbole de Prométhée, héros mythologique évocateur de l'hybris (la force démesurée), la folle tentation de l'Homme de se mesurer aux dieux et ainsi de s'élever au-dessus de sa condition ?

Le colloque se veut une réflexion sur la relation conflictuelle et souvent ambigüe entre autorité et écriture. Son objectif est d’élucider l’histoire de cette relation, de  lever le voile sur sa nature, et d’en étudier l’impact,  que se soit dans le contexte culturel arabe ou occidental, en ayant recours aux différentes approches possibles (philosophiques, anthropologiques, sociologiques ou de critique littéraire) afin de rendre compte de cette relation. A cet effet, sont proposés à titre suggestif les axes suivants :

-- de l’autorité et de ses diverses manifestations à travers la pensée et la réalité ;

-- l’autorité en tant que système culturel ;

 --discours et autorité ;

-- langage et autorité ;

-- les masques de l’autorité ;

-- rhétorique et autorité et/ou rhétorique de l’autorité ;

-- de quelques propositions philosophiques pour déstructurer le mécanisme de l’autorité ;

-- l’écriture comme acte de résistance ;

-- écriture et représentation de l’autorité ;

-- écriture et idéologie ;

-- écriture et principes de gouvernement ou de l’usage de l’écriture en politique ;

-- écriture et défis de liberté ;

-- le poète et le Sultan dans le patrimoine littéraire arabe ;

-- écriture et révolution : limites de la création et de la politique.

 

Modalités

Les propositions de communication (titre, résumé en français de 2000 signes), ainsi qu’une brève notice biobibliographique (nom, prénom, affiliation, courriel, intérêts de recherche, titres de publications) seront à envoyer par mail en format .doc ou .pdf jusqu’au 15 octobre 2013, à l’adresse suivante : autoritecriture@yahoo.fr

Après sélection du comité scientifique les candidats recevront une notification avant le premier novembre 2013.

Pour les propositions retenues, une version préliminaire des communications (30 000 signes) est à envoyer avant le 15 janvier 2014.

Après examen du comité scientifique, les candidats recevront une invitation pour participer au colloque avant le 10 février 2014. 

 

Les langues de communication seront : l’Arabe, le Français et l’Anglais.

 

L'inscription au colloque est gratuite. Le comité d’organisation prendra en charge les frais d’hébergement et de restauration pour la période du déroulement du colloque. Les frais de transport sont à la charge des participants.

Date et lieu de tenue du colloque : mercredi 12 et jeudi 13 mars 2014 à la Faculté Polydisciplinaire d’Errachidia – Universté Moulay Ismaïl au Maroc.

 

Formulaire d’enregistrement

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Mots-clés

 

 

URL de référence :

http://www.fpe-umi.net

Adresse : BP 512, Boutalamine, Errachidia, Maroc

Téléphone : +212 35 57 00 24 / 35 65 - Fax : +212 35 57 43 07 / 35 88

Phone portable : (+212)6-66-52-67-18

 

[1] MICHEL FOUCAULT,  Surveiller et punir - Naissance de la prison, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 2003, p. 34.

[2] Ibid, p. 162.

[3] Virginia Woolf, L’art du roman, traduit par Rose Celli, Paris, Édition du Seuil, 1963,  p. 186.

[4] Roland BARTHES, Le degré zéro de l'écriture, Paris, Édition du Seuil, 1953,  p. 185 sq.

[5] Id., Le plaisir du texte, Paris, Éditions du Seuil, 1973, p. 84