Essai
Nouvelle parution
Ecriture de soi et lecture de l'autre

Ecriture de soi et lecture de l'autre

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Editions Universitaires de Dijon)

Ecriture de soi et lecture de l'autre

Textes réunis et présentés par Jacques Poirier avec la participation de Gilles Ernst et Michel Erman

Editions Universitaires de Dijon, 2002. Collection Le Texte et l'Edition. 250 p. ; 16x24 cm. ISBN 2-905965-60-6. 20,00 euros.

Lorsquil contemple son image, Narcisse devient indifférent aux bruits du monde, abîmé quil est dans le face à face avec le miroir. De la même façon, un sujet qui vit dans lillusion de la pure transparence à soi (« Moi seul. Je sens mon cur et je connais les hommes ») prétend accéder à lui-même sans médiation, et donc dans lignorance de toute voix étrangère. Si le moi est pure transparence, la parole de lautre ne peut être qualtération ou aliénation. Mais on sait quà côté du fameux Préambule des Confessions, Rousseau évoque, dans un autre manuscrit, Augustin et Montaigne. Et cest heureux, car à oublier le monde, Narcisse va à sa perte. En porte-à-faux avec lui-même, le sujet moderne doit reconnaître quon ne coïncide pas avec soi sans détour et quautrui est « le médiateur indispensable entre moi- et moi-même », comme lécrit Sartre dans LÊtre et le Néant. La vérité suppose ainsi un détour par une instance autre : doubles imaginaires comme dans certaines biographies, miroirs textuels et autres fictions du moi. Le paradoxe est ainsi que la voix de lautre est cela qui autorise lavènement dune parole singulière.