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Ecrire l'intensité de l'art

Ecrire l'intensité de l'art

Publié le par Laure Depretto (Source : Claire Gheerardyn)

Écrire l'intensité de l'art. Appel à communications.

Journée d’étude du 9 mars 2013 organisée par Claire Gheerardyn

Université de Strasbourg, EA 1337 Configurations littéraires,

Institut de Littérature Générale et Comparée.

Echéance: 15 octobre 2012

 

L’objectif de cette journée d’étude est d’interroger l’expérience du spectateur face à l’oeuvre d’art, telle que la littérature peut en rendre compte, à partir de la notion d’ « intensité ». Il s’agira de mettre au centre de la réflexion non pas la création de l’oeuvre mais la relation à l’oeuvre achevée et la manière dont la littérature évoque les effets des oeuvres d’art sur leurs spectateurs – que ce soit dans le champ des arts visuels, de la musique, de la danse, du cinéma, ou de l’architecture.

Dans le face-à-face avec l’oeuvre d’art, il surgit parfois une expérience du bouleversement, une sensation de déchirure, de fulgurance, d’évidence. Le spectateur a l’impression d’être requis par l’oeuvre. Il éprouve alors ce que peuvent les oeuvres, ce qu’elles font à qui les contemple, et comment elles agissent. Ainsi par exemple, Giacometti parle du « coup de poing » que lui donnent les peintures de Giotto et de Tintoret, et, face aux statues de ce même Giacometti, Jacques Dupin se dit « subjugué, dépossédé de ses instruments de connaissance », en proie à une « commotion silencieuse », « sous l’emprise d’un regard d’une intensité presque insoutenable ». Ce sont ces expériences irrécusables et énigmatiques face aux oeuvres, expériences difficiles à définir ou circonscrire, que nous proposons d’envisager en termes d’« intensité ». L’hypothèse que nous soumettons à la réflexion collective est alors la suivante : c’est la littérature qui constitue l’espace propre à évoquer une telle expérience de l’intensité ; c’est elle qui invente des moyens, des images et des figures pour rendre compte, de manière plus ou moins oblique, de cette puissance de l’oeuvre d’art sur le spectateur ; c’est elle qui montre la transformation de l’expérience de l’art en une expérience totale, débordant le domaine esthétique, où le sujet-spectateur tout entier est mis en jeu, à la fois dans son corps et son existence.

Cette journée d’étude sera l’occasion d’examiner l’efficacité et la pertinence de la notion d’intensité de l’art, examen urgent dans la mesure où cette notion se retrouve de plus en plus souvent convoquée par le discours sur l’art. L’intensité se constitue peut-être alors comme une catégorie esthétique propre à rendre compte d’une oeuvre de manière positive et élogieuse, tout en faisant l’économie des catégories devenues obsolètes du beau ou du sublime. Le numéro 96 de la Licorne, « L’Intensité, Formes et forces, variations et régimes de valeurs » (dir. M. Briand, C. Camelin et L. Louvel, novembre 2011) a été récemment consacré à la notion d’intensité, mais dans cet ouvrage très riche, qui multiplie les approches, l’intensité de l’art n’occupe qu’une place relativement restreinte. Nous chercherons à l’inverse à concentrer notre investigation sur l’oeuvre d’art dans la littérature.

 

Quelques pistes non exhaustives pour la réflexion:

 

- recherche et étude des figures de l’intensité: transformation du spectateur par l’oeuvre, folie déclenchée par l’oeuvre, mise en danger du spectateur, peur, transe provoquées par l’oeuvre, ou, à l’inverse, extases, expériences de l’épiphanie et guérison du spectateur par l’oeuvre…

- effets physiques ou physiologiques de l’oeuvre d’art sur le spectateur, sollicitation du corps.

- fictions ou pièces de théâtre montrant les effets de l’oeuvre sur le spectateur.

- poésie et intensité de l’art.

- essais sur l’art rédigés par des poètes.

- emploi du terme d’ « intensité » par les artistes.

- haine de l’art et réactions iconoclastes face à l’oeuvre, combat contre l’oeuvre d’art.

- résonnances entre littérature et textes philosophiques ou esthétiques faisant apparaître la notion d’« intensité »: Merleau-Ponty, Deleuze, Didi-Huberman…

 

Les propositions de communication d’environ 500 mots, concernant littérature française, littérature comparée, et littératures étrangères, sont à envoyer avant le 15 octobre à intensite.de.lart@gmail.com

La durée des communications sera de 25 minutes.

Le comité scientifique sera constitué de Pascal Dethurens, Guy Ducrey, Tatiana Victoroff et Claire Gheerardyn.