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Ecrire l’illustration : le rapport à l'image dans la littérature des XVIIIe et XIXe siècles

Ecrire l’illustration : le rapport à l'image dans la littérature des XVIIIe et XIXe siècles

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Joanna Augustyn)

« Ecrire l’illustration : le rapport à l'image dans la littérature des XVIIIe et XIXe siècles »

Organisation scientifique :

Joanna Augustyn, Chercheur invité, Lumières et Romantismes/CELIS

Françoise Le Borgne, Directrice, Lumières et Romantismes /CELIS

Edition : Sarah Juliette Sasson, Columbia University Paris Programs and IES

 

Faisant suite à la journée d'étude internationale « Ecrire l'illustration », qui s’est tenue le 3 juin 2011 à l'Université Blaise Pascal-Clermont II, ce volume a pour objectif de mettre en lumière l'empreinte de l’illustration sur la littérature des XVIIIe et XIXe siècles. Nous invitons des articles, qui, à travers les témoignages des écrivains, confrontent production graphique et projet littéraire, examinent la collaboration, voire le rapport de force entre écrivain et illustrateur ou encore mettent en relief le discours littéraire et la rhétorique de l'image dans leur divergence comme dans leur convergence.  La gravure d’illustration ne laisse pas la critique indifférente : de Rétif de la Bretonne à Mallarmé, en passant par les frères Goncourt, certains écrivains rejettent l’illustration comme simple publicité du livre tandis que d’autres se l’approprient comme nouvelle frontière du texte littéraire. On pourrait dans un premier temps voir le choix d’illustrations et de légendes comme un geste auctorial de mise en scène du tableau romanesque (ainsi quand Jean-Jacques Rousseau projette d’illustrer La Nouvelle Héloïse par des vignettes morales). Cette complémentarité du visuel et de l'écriture du roman illustré du XVIIIe siècle frappera Jules Janin un siècle plus tard : « ces élégantes vignettes [...] deviennent comme le commentaire indispensable du texte, quand le peintre réussit à trouver sous son crayon la forme réelle ou tout au moins vraisemblable des personnages imaginés ou peints d'après nature par l'écrivain. » (Préface, La Dame aux camélias, 1858). Dans un deuxième temps, en confrontant dispositifs narratifs et picturaux, les éditions illustrées font renaître le débat autour de la hiérarchie des arts et leur influence les uns sur les autres, l’ut pictura poesis. Certains ouvrages comme Les Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France témoignent d’une collaboration féconde entre graveurs, dessinateurs et écrivains, génératrice de lithographies qui évoquent la peinture académique.  Dans un tout autre genre, les écrivains et illustrateurs des Français peints par eux-mêmes sortent du musée pour satisfaire « aux curiosités documentaires de la génération positiviste et empiriste » (Michel Melot, L'Illustration). En définitive, « l’illustration », devenue synonyme de célébrité à l'époque de la littérature panoramique, comme le rappelle Philippe Hamon, entraîne une forme de vulgarisation qui finit par inspirer une certaine iconophobie. Dans un troisième temps, c'est l’évolution esthétique et technique de l’illustration qui mettra fin au dialogue classique entre texte et image. L’invention de la photographie souligne ainsi le décalage qui a toujours existé entre discours pictural et littéraire. A la fin du XIXe siècle, la photographie comme illustration parfaite du texte fait rêver certains : « Le roman futur croyez-moi, se servira de la photographie […] l’illusion nécessaire, loin de s’échapper, de se perdre, de s’évanouir, prendra forme légère, s’agrandira dans le Livre, aura même du relief au stéréoscope si vous voulez du relief » (Enquête pour le Mercure de France). A Mallarmé d’y répondre en faisant écho au ceci tuera cela de Victor Hugo : « Je suis pour — aucune illustration […] que n’allez-vous droit au cinématographe, dont le déroulement remplacera, images et texte, maint volume, avantageusement » (janvier, 1898). Mallarmé n'est pas le seul à envisager un renversement du rapport traditionnel entre texte et image dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Ainsi les jeunes architectes dans L'Oeuvre arrachent-ils la plume à Emile Zola  en « salis[sant] » les murs de l'atelier Dequersonnière « d'inscriptions, de dessins, d'une écume montante, jetée là comme sur les marges d'un livre toujours ouvert ».

Les champs d’exploration d’un tel projet sont nombreux ; ils pourraient inclure les correspondances entre écrivains, illustrateurs et éditeurs ou encore l’illustration ou l’illustrateur in diegesis dans sa fonction narrative au sein de récit littéraire ou dans les préfaces aux oeuvres illustrées.

 

Merci de faire parvenir des propositions d'article avant le 30 janvier 2012 à joannaaugustyn@yahoo.fr. La version définitive des articles en français (25 000-30 000 signes) est due le 30 juin 2012. Chaque article sera évalué par le comité de lecture de la collection « Révolutions et Romantismes » des Presses Universitaires Blaise Pascal.