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Écrire l’idéal : la recherche de George Sand

Écrire l’idéal : la recherche de George Sand

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Damien Zanone)

Ce colloque aura lieu à Louvain-La-Neuve (Belgique) les 20-22 juin 2013. Il sera le 19e colloque international George Sand soutenu par la George Sand Association (États-Unis).

Organisation : Damien Zanone, Professeur à l’Université catholique de Louvain.

Comité scientifique : Laurence Brogniez (Université Libre de Bruxelles), Isabelle Naginski (Tufts University, Boston), Christine Planté (Université Lyon 2), David Powell (Hofstra University, New York), Martine Reid (Université Lille 3), Damien Zanone (Université catholique de Louvain).

Contact : damien.zanone@uclouvain.be

Propositions à adresser avant le 30 septembre 2012.

 

 

Écrire l’idéal : la recherche de George Sand

 

« J’ai besoin d’idéal » : cette confidence que George Sand énonce comme une profession de foi dans Histoire de ma vie[1] peut servir de fil conducteur pour penser l’ensemble de son oeuvre. Suivre ce fil, c’est répondre à l’invitation d’un auteur dont l’oeuvre est de part en part traversée par le rapport à l’idéal. Le mot est partout nommé (comme substantif et comme adjectif, mais aussi sous d’autres formes, comme « idéaliser », « idéalisation »[2]). On le rencontre particulièrement dès qu’il s’agit de formuler en termes abstraits des propositions théoriques, d’où sa présence marquée dans des ouvrages qui portent plus nettement cette ambition (Histoire de ma vie, Consuelo, Spiridion, Le Compagnon du tour de France, …).

L’autobiographie permet d’articuler la notion à la première personne (« moi, j’avais l’idéal logé dans un coin de ma cervelle », « j’ai aperçu l’idéal divin », « nous avons le désir inextinguible du beau idéal »[3]) et la situe ainsi en amont comme en aval de toute création, dans un rapport de principe avec la fiction. Celle-ci est-elle un moyen de parler au nom de l’idéal ? Les romans semblent conçus dans cette perspective : certains essaient ouvertement une figuration de l’idéal à travers des personnages principaux hyperboliques (ainsi Consuelo, dont le destin répond au voeu de son maître Porpora, qui la veut « fiancée de l’idéal sacré »[4]) et mais tous cherchent sans doute, d’une manière ou d’une autre, à le faire. Cette impression trouve sa confirmation par défaut dans un aveu tardif et un peu mélancolique de l’épistolière : « j’ai toujours beaucoup douté de moi-même, ne me sentant pas le pouvoir d’exprimer mon idéal comme je le sens »[5].

Le colloque invite à relire George Sand en tant qu’elle est « un grand chercheur » dont l’oeuvre entier montre qu’« il est toujours bon de chercher »[6]. Ces mots qu’elle eut pour louer Flaubert méritent de lui être retournés pour caractériser sa propre démarche. Quel peut être l’idéal ? Comment l’accomplir ? Toute page écrite par Sand semble une nouvelle étape de recherche dans l’éblouissement de ce grand mirage.

Les communications pourront approcher la question sous tous ses aspects : chez George Sand en ses différentes oeuvres, parle-t-on d’un idéal ou de l’idéal ? De la manière de le chercher ou de celle de vivre avec ? De l’objet d’une quête, d’une perte, d’une expérience présente ? Les différents domaines où ces questions se posent pourront être étudiés :

  • le domaine moral, où l’idéal de chacun semble donné comme un élément qui construit sa singularité (« je n’ai pas eu le loisir de chercher mon idéal »[7] regrette un personnage de Mauprat) et permet de le juger. L’idéal est aussi la norme voulue des rapports entre les personnes (« le rêve de l’amitié idéale », « l’amour idéal… »[8]).
  • le domaine politique, car l’idéal habite la pensée sur la société et la nourrit d’une tentation utopique (« l’idéal resta pour moi dans un rêve de société paradisiaque », « mon idéal d’égalité fraternelle », écrit l’autobiographe[9]).
  • le domaine religieux, où le rapport constitutif à l’idéal est sans doute le plus attendu. Se manifeste-t-il sous l’aspect d’une tentation mystique ? On pourra observer si les oeuvres vérifient le constat de celle qui, dans Histoire de ma vie, se dit « lancée à la recherche d’un idéal, et ne pouvant pas rêver un monde, une humanité idéalisée, sans placer au faîte un Dieu, l’idéal même »[10].
  • le domaine esthétique, où les nombreux discours sur l’art, dans les romans et autres écrits, n’ont de cesse, semble-t-il, d’invoquer le « beau idéal ». Celui-ci peut-il être défini ? La notion est-elle pertinente pour parler de la littérature ? Convient-il d’y recourir, en avançant le vocable d’« idéalisme »[11], pour qualifier l’esthétique romanesque de George Sand ?

 

Les propositions de communications sont à envoyer avant le 30 septembre 2012 à l’adresse suivante : damien.zanone@uclouvain.be.


[1] G. Sand, Histoire de ma vie, Oeuvres autobiographiques, éd. G. Lubin, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1970-1971, 2 vol., vol. II, p. 130.

[2] Les moteurs de recherche permettent d’en prendre la mesure sur le corpus en ligne des oeuvres de George Sand.

[3] G. Sand, Histoire de ma vie, op. cit., vol. II, p. 134 ; vol. II, p. 303 ; vol. I, p. 807.

[4] G. Sand, Consuelo. La Comtesse de Rudolstadt, éd. D. Zanone, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 2004, p. 139.

[5] Lettre à Hippolyte Taine du 5 avril 1872, G. Sand, Correspondance, éd. G. Lubin, Paris, Classiques Garnier, 1989, vol. XXIII, p. 12.

[6] G. Sand, « L’Éducation sentimentale » et « Le réalisme », articles repris dans George Sand critique. 1833-1876, Ch. Planté dir., Tusson, Du Lérot, 2006, p. 709 et p. 546.

[7] G. Sand, Mauprat, Romans 1830, Paris, Presses de la Cité, « Omnibus », 1991, p. 1145.

[8] G. Sand, Histoire de ma vie, op. cit., vol. II, p. 125 et p. 130.

[9] G. Sand, Histoire de ma vie, op. cit., vol. I, p. 825 et p. 827.

[10] G. Sand, Histoire de ma vie, op. cit., vol. I, p. 810-811.

[11] G. Sand l’emploie elle-même dans la lettre à Taine du 5 avril 1872, op. cit. On peut rappeler l’ouvrage que Naomi Schor a consacré à la question : George Sand and Idealism, New York, Columbia University Press, 1993.

 

  • Responsable :
    Damien Zanone
  • Adresse :
    Louvain-la-Neuve (Belgique)