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Appels à contributions
Ecole, esprit critique et émancipation par le savoir

Ecole, esprit critique et émancipation par le savoir

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Amor Séoud)

Appel à contribution

L'Unité de Recherche Ecole etLittérature (Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université deSousse) organise un colloque interdisciplinaire :

Ecole, esprit critique etémancipation par le savoir

Sousse, 19-20-21 avril 2012

Dansune publication récente (Le Devoir derésister, 2007), Ph. Meirieu déclare qu'« un apprentissage n'estformateur que s'il allie, dans le même temps, acquisition de connaissances etprojet d'émancipation ». Il est vrai aussi, Bachelard l'a confirmé depuislongtemps, que l'accès à la connaissance est en lui-même libérateur, parcequ'une vérité scientifique, tel ou tel élément de savoir viennent toujoursbattre en brèche des idées reçues, invalider des préjugés établis, rompre avectous les mensonges préalables, bref, « contredire un passé » (La Formation del'esprit scientifique, 1938) ; mais l'on sait également, et depuisplus longtemps encore, que l'ignorance engendre la servitude, – ce qui signifie rien moins que l'acted'enseigner est de facto un acted'émancipation. Reste que la servituden'est pas rare encore aujourd'hui, en dépit d'une scolarisation obligatoire etgratuite depuis plusieurs générations, – à croire que notre enseignement, Jean-ClaudeMichea le définit justement en ces termes, est un « enseignement del'ignorance » (1999). Il devient donc urgent d'entendre l'appel de Ph.Meirieu, qui a raison de faire de cette émancipation un projet d'apprentissage, un idéaléducatif. Enseigner doit permettre à l'élève d'acquérir non seulement un savoirmais aussi et dans le même temps,comme le dit Meirieu lui-même, un rapportau savoir.

Onl'aura donc compris : l'émancipation a partie liée avec la penséecritique, ce qu'on appelle traditionnellement l'esprit critique, un rapportcritique à la « vérité ». On se souvient de Georges Canguilhem, quiconsidère que la mission de l'école est de préparer l'homme à se faire le juge de toutes les valeurs…

Lesquestions que pose ce colloque, et auxquelles il appartient à chacun de répondreen fonction de sa discipline d'enseignement, peuvent par conséquent se déclinerde la manière suivante :

- Al'heure où, contexte général oblige, on parle de « défaite de lapensée » (A. Finkielkraut), que faire, à partir de l'école, pour inverserla tendance, pour accéder, faire accéder, à la pensée critique ?

- Commentassocier le « penser par soi-même », forme suprême de la liberté, etle déjà-là, les acquis communs en matière de connaissance, le « prêt à penser » ?

- Commentintégrer, en pédagogie, processus de transmission et processusd'émancipation ? Comment allier autonomie et directivité, ce qui intéressel'élève et ce qu'il lui importe de connaître, ce qu'« il ne lui est paspermis d'ignorer » (Jules Ferry)?

- Commentcoordonner, articuler, combiner notre action didactique par-delà les clivagesdisciplinaires et les cloisonnements pédagogiques ? Comment réaliser àl'école un nécessaire « agir ensemble » ?

- Comment,enfin, croiser éventuellement émancipation scolaire et émancipation sociale,s'il s'avère que l'une n'est pas possible sans l'autre ?

Autant d'interrogations quiimpliquent des démarches pédagogiques spécifiques mais aussi, sans doute, descontenus d'enseignement nouveaux : « Pour qu'on enseigne aussi, àcôté des théorèmes mathématiques et des lois physiques, la manière dont leshommes les ont élaborées, se sont battus contre l'ignorance etl'assujettissement, ont subverti toute forme de cléricature » (Meirieu).Les sciences exactes se combineront alors avec les sciences humaines etsociales, où, dans les cours d'histoire par exemple ou d'économie, on apprendra,à côté de la vie des rois, la lutte des hommes et les prix qu'ils payent pourla liberté, ou encore, au-delà des phénomènes d'inflation et de déflation, lesmécanismes aussi bien que les valeurs qui déterminent aujourd'hui la dominationravageuse des sociétés par le marché.

Mais les enseignants des belles-lettreset des beaux-arts ne seront pas en reste, évidemment. La littérature commel'art, par définition, donnent de l'homme et du monde une image multiple, plurielleet problématique, qui en fait un mode d'accès au réel particulièrementfavorable au développement de la pensée critique, du rapport critique à laconnaissance. Encore faut-il, bien sûr, que littérature et art aient toujours dela place à l'école, et que, le cas échéant, leur usage pédagogique tire partide leur potentiel révolutionnaire, en évitant toutes les formes de dérive,comme celles, depuis la lectureméthodique en France, de l'objectivisme ou du technicisme ambiants, qui ensont les derniers avatars. « Cela n'aurait aucun sens, dit Einstein, dedécrire une symphonie de Beethoven comme des variations de pression ondulatoire. »

C'est sans conteste, au bout ducompte, la question du sens qui est de retour, mettant en cause le statut mêmede l'éducation dans la société d'aujourd'hui. Faut-il se résigner au triomphecynique de la réal-politique qui, au nom de l'« adaptation » del'école à la société, en fait un simple rouage de l'économie marchande, ou aucontraire – c'est l'alternative que défendra le colloque – chercher à la remettre sur la voie del'humanisme, dans le cadre d'un projet global de civilisation, d'une« politique de civilisation » (E.Morin), où apprendre c'est toujourset nécessairement, en dernière instance, apprendre à être libre ?

Comité scientifique :

Amor Séoud (Lettres, Universitéde Sousse), Hajer Ben Youssef (Lettres, Université de Sousse), Hafedh Jdidi (Beaux-arts,Université de Sousse), Ridha Lamine (Géographie, Université de Sousse), AdnèneMansar (Histoire, Université de Sousse), Hassine Dimassi (Economie, Universitéde Sousse), Amor Boubakri (Droit, Université de Sousse), Mounir Ben Fredj (Biologie,Université de Monastir), Aouni Mahjoub (Virologie, Université de Monastir).

Comité d'organisation :

Naïma Tlili, NajehAjimi, Sana Masmoudi, Sameh Hamed, Faten Ben Lazreg, Mohamed Maalej, NabilNjara (Unité de Recherche Ecole et littérature, Université de Sousse)

Contact :

nouha.tourki@gmail.com

Dernier délai pour l'envoi des propositions : 30novembre 2011.