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Echos: espaces et trajectoires de la résonance

Echos: espaces et trajectoires de la résonance

Publié le par Sophie Rabau (Source : Stéphane Roth)


Échos

Espaces et trajectoires de la résonance

 Journées d'études organisées par Olivier Class et Stéphane Roth

EA 3402 — « Approches contemporaines de la création et de la réflexion artistiques »

Université de Strasbourg

Octobre 2009

Quelle est la place de l'écho en musique ? Est-il présent dans toute tradition musicale ? S'agit-il d'un motif archétypique ? Comment le phénomène s'inscrit-il dans l'histoire de la musique occidentale ? Et dans d'autres cultures ? Que signifie l'écho pour la pratique et la théorie musicales, pour l'acoustique, pour l'esthétique ? En somme, quelle échographie pour la musique ? Telles seraient les questions que nous nous proposons d'aborder lors des journées d'études « Échos : espaces et trajectoires de la résonance ».

Ces journées seront l'occasion d'aborder un thème qui, aussi paradoxal que cela puisse paraître, n'a suscité que peu d'intérêt dans le champ de la musicologie. Aussi souhaiterions-nous envisager la petite histoire du phénomène de manière interdisciplinaire, en conjuguant les savoirs des musiciens, acousticiens, architectes, littéraires, psychologues et philosophes.

Tout type de proposition sera pris en compte. À titre suggestif, voici quelques pistes de réflexion :

1. Nous pourrions considérer la place de l'écho dans l'histoire de la musique. Le motif est récurrent, et a fortiori symptomatique. Dans les madrigaux du xvie siècle, chez Marenzio ou Lassus, comme à l'ère baroque, lorsque le terme echo figure dans une partition, un passage joué forte est immédiatement répété piano, comme s'il nous revenait après avoir percuté une frontière lointaine. Par ailleurs, dans la musique vocale, l'écho renvoie souvent à sa figure mythologique ; punie par Héra, la nymphe Écho est condamnée à répéter les derniers mots de celui qu'elle aime, Narcisse. On rencontre ainsi l'écho sous forme allégorique, de La Grotte de Versailles de Lully (1668) à l'Ariadne à Naxos de Richard Strauss (1916). Aujourd'hui, l'électronique, les technologies de synthèse sonore et la spatialisation permettent d'exploiter l'écho de manière plus fine et plus contrôlée. Les compositeurs ont ainsi pu placer le phénomène au centre de leurs préoccupations esthétiques. Le nombre d'oeuvres contemporaines dont le titre fait référence à l'écho est conséquent et des compositeurs en auront fait un sujet per se En Écho de Philippe Manoury ou Écho de Kaija Saariaho donnent d'emblée le ton. Mais la problématique de l'écho se retrouve également dans la reproduction d'espaces virtuels (comme c'est le cas dans la onzième scène de K… de Manoury) ou dans la création d'espaces architecturaux réels (nous pensons par exemple aux structures modulables du Prometeo de Luigi Nono ou de Fama de Beat Furrer).

2. L'exemple de la structure architecturale et de la résonance du lieu, nous conduit à un autre axe de réflexion. En effet, sous l'angle de l'écho, quel rapport la musique entretient-elle avec l'espace physique dans lequel elle se déploie ? Les recherches menées sur la dimension sonore des grottes du paléolithique semblent confirmer l'importance des phénomènes de résonance dans les rites préhistoriques. Mieux attestés, on se souviendra des célèbres échéïa de Vitruve, ces vases d'airain qui, nichés dans le théâtre antique, devaient permettre l'amplification des voix sur scène. Plus récemment, c'est la pratique du chant liturgique médiéval qui aura pris en compte la dimension de la trajectoire sonore au sein de l'édifice ; on pourrait aller jusqu'à émettre l'hypothèse que l'architecture des églises médiévales ait pu répondre, en partie au moins, d'une conformation spatio-acoustique. Mais la même question se poserait aussi au sujet de la salle de concert moderne : quel doit être son potentiel de réverbération, quel taux d'écho est nécessaire à une audition optimale ? Et surtout, quels en sont les présupposés esthétiques ?

3. Une troisième piste de réflexion viserait à questionner la manière dont l'écho envahit l'espace psychique de l'auditeur. Cette proposition pourrait se résumer au questionnement d'une seule formule, une phrase de Paul Valéry : « Il faut bien avouer que le moi n'est qu'un écho » (Cahiers ) ; cette même phrase que citait Philippe Lacoue-Labarthe en exergue d'un de ses premiers textes relatifs à la musique (L'écho du sujet), alors qu'il pointait un phénomène psychique – qualifié de « catacoustique » – apparenté « à la perception d'une sorte d'écho intérieur […] comparable à tous les phénomènes de réminiscence, musicale ou non ». En ce sens, le phénomène de résonance forme un motif littéraire – notamment biographique – très  prégnant. Quels sont les fondements de cette métaphore ? Qu'a-t-elle de musical ? Pour quelle raison le motif de l'écho peut-il se voir privilégié lorsqu'il s'agit de témoigner du musical ? En quoi la musique fait-elle écho dans la conscience de l'au(di)teur ?



Les propositions, sous la forme d'un résumé de 2500 signes (soit une page), sont à faire parvenir à Olivier Class  (olivier.class@orange.fr) et Stéphane Roth  (rothsteph@hotmail.com) avant le 8 mars 2009.  Ces journées d'études donneront lieu à une publication. 



[Précision : la manifestation est prévue pour le mois d'octobre 2009, mais il nous est impossible de donner une date définitive pour le moment. Celle-ci sera communiquée au mois de mars.]