Essai
Nouvelle parution
E. Vigne, Le Livre et l'éditeur

E. Vigne, Le Livre et l'éditeur

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Marie-Pierre Ciric)

Éric Vigne, Le Livre et l'éditeur

Paris, Editions Klincksieck, collection « 50 questions » N°40, 2008, 172 p. 

EAN : 9782252036631

15 €

Prière d'insérer : Le livre et l'éditeur : serait-ce un conte  ?
Y a-t-il aujourd'hui une crise du livre qui serait ­différente des précédentes ? En quoi la mutation de la presse écrite et la concentration de la distribution ­affectent-elles l'univers du livre et, par là, de la pensée ? Quelle place la communication et ses valeurs prennent-elles désormais dans le travail de l'éditeur ?
Mais à quoi sert un éditeur ? L'édition est-elle ­devenue sans éditeurs ou sans édition ? Le livre est-il une oeuvre singulière, un prototype d'artisanat ou un produit pour d'autres industries ? Qu'est-ce donc que la « querelle des faux livres » ? Que pèse désormais le livre face au bouleversement de la lecture par le numérique ?
Qu'est-ce que la « marchandisation » ? Comment peut-elle aussi facilement dicter jusqu'au contenu de la littérature contemporaine, et notamment de « la littérature de proximité » ? Pourquoi l'essai est-il le genre le plus bouleversé par la marchandisation ? La distribution pourrait-elle à terme être facteur de restriction de l'offre ? L'éditeur peut-il espérer maintenir son rôle après le triomphe de la marchandisation ?
Mais vous semblez encore y croire !? Comment l'édition est-elle passée du cycle de la commercialisation, dont la caractéristique est que, toujours, la pensée dictait son tempo au livre – à son écriture, son impression, sa parution –, à celui de la marchandisation, triomphe universel des valeurs du monde de la communication, qui a commencé le jour où l'éditeur a accepté que ce soit l'aval (les circuits de médiation) qui dicte formats, contenus, voire écriture même ? Dans ce livre – qui n'est pas un ènième ouvrage nostalgique sur l'édition, ni des mémoires –, Éric Vigne, après avoir mesuré les conséquences de ce bouleversement du monde de l'écrit sur la fiction, les ouvrages de sciences humaines et l'essai, tente de comprendre cette tendance à partir des pratiques de l'éditeur. Il constate la réorganisation de chaque circuit de médiation (presse, médias, distribution) autour du mythe de la « nouvelle modernité » qui sacrifie tout à la vitesse au nom de l'instant présent. Il fait le pari que cette « grande transformation » n'est ni naturelle historiquement, ni inéluctable et qu'il existe des marges de manoeuvres, esquissées ici, qui permettront à l'éditeur de continuer, avec des ouvrages exigeants, de faire son commerce des idées. L'auteur est éditeur d'ouvrages de sciences humaines dans une maison indépendante. Avis aux paranoïaques et autres amateurs de cryptogrammes : les opinions exprimées dans cet ouvrage sont celles du seul auteur.

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On peut lire sur cet ouvrage un premier article sur le site de Libération : "Édition, reddition", par R. Maggiori.

Et sur BibliObs.com : "L"édition dans l'ère de la marchandisation", par J. Garcin.

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Sommaire :

50 QUESTIONS
1. « Le livre et l'éditeur » : serait-ce un conte ? ................. 13
2. Et je conclus de là à l'existence d'une crise de l'édition ? 13
3. Mais ces dénonciations d'une crise, c'est à n'y rien
comprendre : y a-t-il pour finir, aujourd'hui, une crise
spécifique qui serait différente des précédentes, ou bien
est-ce le retour conjoncturel de facteurs structurels ? .... 19
4. Commençons donc par la crise de la presse écrite :
en quoi affecte-t-elle l'univers du livre ? ........................ 22
5. Tel est donc l'impact, sur le livre, de la crise a priori périphérique
de la presse écrite. Qu'en est-il de la distribution ? .............

........................................................... 25
6. S'il se laisse gagner par ce sentiment d'être démuni,
comment l'éditeur peut-il réagir à la crise ? ................... 29
7. Un signe de la nouveauté de la crise, telle que vous la
décrivez, ne serait-il pas la « querelle des faux livres » ? 31
8. Ne surestimez-vous pas la place que l'univers de la télévision
et de la communication prend dans le travail de
l'éditeur ? ...................................................................... 35
9. Serait-ce là un effet supposé de ce qu'on appelle parfois
la « financiarisation » de l'édition ? ....................... 37
10. N'allons pas plus avant, répondez d'abord : parlerez-vous
des éditeurs ou de l'éditeur ? ................................. 40
11. Mais si celui qui édite un traité philosophique d'Alfarabi
et celui qui publie les mémoires d'une actrice d'une
série télévisée peuvent, chacun dans son domaine,
faire la preuve de leur compétence professionnelle,
c'est donc que l'expression « l'édition sans éditeurs » ne
signifie pas grand-chose ? ............................................. 45
12. Peu importent finalement les expressions toutes faites,
l'essentiel n'est-il pas que l'éditeur prenne conscience de
la grande transformation qui advient ? ......................... 48
13. Qu'appelez-vous « marchandisation » ? ....................... 49
14. Avant l'ère actuelle de la « marchandisation », que fut ce
que vous appelez le grand cycle de la « commercialisation » ? 51
15. Quel est, pour l'éditeur, le legs de l'ère de la commercialisation
telle que vous venez de la définir ? .................... 54
16. En quoi la marchandisation se distingue-t-elle de la
commercialisation sur un plan général ? ....................... 58
17. Halte-là, le sujet est grave et mérite que l'on procède par
ordre. D'abord, quelle fut la marque de la commercialisation
sur la littérature ? ......................................... 59
18. Éclairons mieux encore notre présent et comparons :
quel rapport la commercialisation établit-elle entre le
roman-feuilleton et le grand roman ? ............................ 64
19. Peut-on déjà, par comparaison, mesurer les effets de
la marchandisation sur la littérature contemporaine
et la politique éditoriale de l'éditeur ? ........................... 68
20. Qu'attend donc l'éditeur de cette littérature qu'il aide
à devenir marchandise ? ................................................ 72
21. Comment la marchandisation peut-elle aussi facilement
dicter jusqu'au contenu de la littérature ? ..................... 76
22. Au temps pour la littérature à l'ère de la marchandisation.
À quoi bon vouliez-vous évoquer la « querelle du
livre de poche » à l'ère de la commercialisation ? .......... 80
23. La marchandisation se traduit par l'accélération de la
vitesse de circulation des biens, donc aussi du livre.
Pourquoi s'en effrayer ? ................................................ 85
24. Mais vivez donc avec votre temps, celui de l'Homme
pressé ! Pourquoi les romanciers d'aujourd'hui n'auraient-
ils pas eux aussi accéléré leur inspiration ? ......... 88
25. Mais la littérature exigeante pourra toujours se distinguer
de l'autre, non ? .................................................... 92
26. Donc, si je comprends bien votre analyse en termes de
tendances, la distribution pourrait devenir facteur de
restriction de l'offre ? .................................................... 95
27. Pourquoi avez-vous mentionné à plusieurs reprises
le genre de l'essai comme étant celui qui a été le plus
bouleversé par la marchandisation en cours ? ............... 96
28. Qu'allez-vous encore inventer ? Qu'est-ce qu'un « intellectuel
organique des médias » ? ................................... 98
29. Quelles sont les particularités de l'essai à l'ère de la
commercialisation qui auraient disparu à l'heure de la
marchandisation ? ........................................................ 100
30. Quelles sont les caractéristiques de l'essai à l'heure de
la marchandisation ? ..................................................... 104
31. Une idée me vient, après avoir écouté votre démonstration
sur les transformations actuelles de l'essai : les
essais de dimensions courtes qui se multiplient chez
tous les éditeurs ne sont-ils pas l'avenir assuré des
sciences humaines et sociales ? ...................................... 109
32. Mais l'éditeur le premier n'a eu de cesse depuis vingt
ans de proclamer que « les sciences humaines perdent
de l'argent ». Pourquoi diable ! vous obstiner ? ............. 113
33. Pourquoi dans ces conditions d'uniformisation des critères
de gestion les éditeurs continuent-ils, même dans
l'acception essayiste du terme, à publier des sciences
humaines, voire sociales ? ............................................. 117
34. Mais en ces temps d'accélération généralisée comment
vendre des sciences humaines et sociales, sinon avec
le panneau « Ralentir, Travaux », ce qui revient d'entrée
à les condamner ? ......................................................... 120
35. J'imagine à vous entendre que, pour les tenants des
critères de la gestion marchandisée, les traductions
coûtent trop cher ? ........................................................ 127
36. Comment l'éditeur peut-il inscrire un ouvrage étranger
de savoir dans le contexte intellectuel français
alors que les sciences humaines, voire sociales, tendent
de plus en plus vers l'essayisme ? .................................. 129
37. Je vous devine : la meilleure forme de résistance à la
marchandisation serait le fameux « catalogue » ? ......... 131
38. Si l'éditeur a pour arme le « catalogue », la clé de sa
pérennité est-elle l'homogénéité ou la cohérence ? ........ 133
39. Et si l'éditeur renonce, et se contente du succès intellectuel
et commercial d'un de ses ouvrages, qu'a-t-il
perdu ? Rien finalement… ............................................ 135
40. Les ans à venir, dites-vous. Parlons-en : l'éditeur peut-il
espérer maintenir son rôle après le triomphe de la
marchandisation ? ........................................................ 141
41. La force de la marchandisation n'est-elle pas d'une
grandeur telle que même les Quichottes y ont un rôle
déjà prévu et écrit ? ....................................................... 144
42. Après tout, vous nous montrez que l'éditeur n'est pas
le seul agent dans la production et la circulation du
livre. Or il ne cesse de pérorer sur la fin du livre, la
mort du commerce, quand ce n'est pas sur la nécessité
commerciale faite à la pensée française de se refermer
sur elle-même plutôt que de continuer à publier de trop
coûteuses traductions. De quel droit, moral ou autre,
occuperait-il seul l'estrade pour parler au nom des autres ? 146
43. Si, à vous entendre, l'éditeur est un roi déchu qui, pour
fuir ses responsabilités dans l'accélération du processus
général de marchandisation, se proclamera roi nu, le
parterre a peut-être envie que se baisse le rideau ? ........ 149
44. Je rêve ? Voilà maintenant la critique des armes de la
marchandisation retournée en arme de la critique au
profit du livre. Vous ne nous aurez épargné aucune
banalité de la dialectique ! ............................................ 151
45. Ainsi soit-il ! Je vous ai suivi jusqu'ici, Éditeur, mais rien
ne me prouve que cette Défense et illustration de votre
métier n'est pas une fleurette que me conte votre esprit
de finesse. Allons, l'heure est à l'esprit de géométrie,
au numérique, à la Toile, au réseau ! Que pèsent désormais
vos feuilles de papiers à l'avenir putrescent ? ........ 153
46. Allons donc, un nouveau Paradoxe sur l'éditeur ? ......... 156
47. Le numérique bouleverse-t-il vraiment à ce point le lien
entre le livre et la lecture au sens traditionnel de ces
deux termes ? ................................................................ 160
48. Le numérique abolirait d'un trait cette anthropologie
séculaire de la lecture ? Quelle révolution, décidément ! 162
49. Vous semblez encore y croire ! ? .................................... 165
50. … Elle ne me vient plus à l'esprit. Ah, si ! Ne vaudrait-il
pas mieux que chacune de vos analyses soit démentie
par l'avenir ?… ............................................................. 166
Mes dettes .......................................................................... 167
Mes emprunts .................................................................... 169
Index .................................................................................. 175