Collectif
Nouvelle parution
E. Valimareanu (dir.), Plaisirs de la table. Mises en récit de la nourriture et autres délices. Etudes sur le thème alimentaire

E. Valimareanu (dir.), Plaisirs de la table. Mises en récit de la nourriture et autres délices. Etudes sur le thème alimentaire

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Ela VALIMAREANU)

Ela VALIMAREANU (coord.), Plaisirsde la table. Mises en récit de la nourriture et autres délices. Etudes sur lethème alimentaire, Cluj, Casa Cărţii de Ştiinţă, 2010, 260 p.

ISBN: 9789731338378

Présentation de l'éditeur:

Studiul nostru îşi propune să inventarieze şi să analizeze câteva dintre recurenţele fundamentale pe care hrana şi servirea mesei le-au avut de-a lungul timpului, de la Banchetul lui Platon până la fiches-cuisine a lui Georges Perec, tocmai pentru a pune în lumină funcţia estetică a hranei în interiorul discursului narativ. Inventariind recurenţele acestei reprezentări în operele literare, studiul nostru conduce, în cele din urmă, la ilustrarea unei evoluţii estetice a discursului narativ în interiorul scriiturii.”

Des distinctions méthodologiques montrent que le repas recouvreplusieurs réalités et acquiert des significations qui se rattachent à unvaste réseau symbolique.Envisagé comme rituel religieux, comme prétexte de socialisation et de partageou bien comme simple processus d'ingestion alimentaire, pour n'évoquer ici quecertaines catégories auxquelles il est associé, le repas implique, dans uncas, un rapport au divin, dans un autre, un rapport à autrui, et dans un autreencore, un rapport à la nourriture même. Au-delà de ces cadres religieux,sociologique et biologique, le thème alimentaire peut aboutir au champ de l'esthétique, le repas, mis en récit,devenant une figure narrative et un lieu rhétorique où se joue la poétiqued'une écriture. La description du repas à l'intérieur d'un texte s'avère ainsiêtre l'espace du développement d'une démarche artistique et l'enjeu d'uneesthétique dont les principes construisent le fondement de tout un universfictionnel où s'entrelacent des réseaux métatextuels et autoréférentiels. Dubanquet philosophico-cérébral de Platon, au festin décadent de Trimalcion, lecélèbre personnage de Pétrone, des repas bibliques aux repas chevaleresque, deskermesses bouffonesques rabelaisiennes à la surcharge du repas baroque jusqu'àla volupté des plats qui préludent à la sensualité de la chair dans le romanlibertin au XVIIIe siècle, le thème du  repas se fait, au fildu temps, objet de discours à fonction textuelle et métatextuelle. Pour ce qui est du XIXe siècle, lethème du repas nous donnera l'occasion de voir comment se construit le discoursnarratif et comment ladescription d'un repas délimite l'univers romanesque d'un écrivain jusqu'à nousfournir les moyens d'y déceler les principes esthétiques de son oeuvre : onprendra le repas de l'école naturaliste dirigé par Émile Zola, on goûtera aurepas décadent avec J. K. Huysmans qui nous invite dans l'univers hallucinantdu singulier duc Jean des Esseintes ou, convoqués par Gustave Flaubert, on participera au repas de noces desBovary. A partir du XIXe siècle, le repas reçoit donc de nouveauxinvestissements de sens, en devenant l'illustration d'un programme narratif et l'esthétique d'un discours romanesque, pour s'inscrire dans letexte littéraire du XXe siècle, avec Marcel Proust, Colette, BorisVian, Nathalie Sarraute et Georges Perec, comme un lieu du signe, structuré parle langage et autour du langage. Il devientalors nécessairement, un repas de langage, car effectivement il est faitde mots plus que de mets, les recettes et les menus enchaînés ou touteautre référence culinaire étant chargée des valences esthétiques de l'écrituremême. Le repas devient ainsi, de manière symbolique, acte d'écriture, lesrecettes et les plats se métamorphosant dans des mots que l'on renifle, hume,déguste, sirote, mastique et avale, selon l'exemple sarrautien, jusqu'à cequ'ils forment la création littéraire. Cette analyse des récurrences du terme fondamental de nos recherchesfiltrées par la fiction (Evolution du thème alimentaire. Récurrencesdiachroniques et fonctions esthétiques du repas et de la nourriture) faitmontre que le plaisirde la table et le fumet bienodorant des mets délicieux vont de pair avec les délices de l'intellect, car la cuisine honore l'esprit tout autant quel'estomac. Au plaisir du palais qui savoure les plats se rajoute la volupté dela discussion lors de ces rencontres entre esprit et goût. Si l'on affirme que« le destin d'unpaysage est de finir dans une assiette, au fond d'un estomac », on dirait, en paraphrasant, qu'une idéepourrait finir, elle aussi, dans une assiette et se laisser ruminer etingurgiter lors d'un repas. Le destin d'une idée pourrait être aussi celui denager dans une tasse de thé : c'est l'étonnante découverte d'un espace d'exception, plein de saveurs et debonne humeur, de douce chaleur dans une ambiance exquise (Morceaux choisisde délices parisiennes). D'un salon de thé du vibrant Paris, nous passeronspar la pâtisserie napolitaine de Startuffo où les gâteaux-délicatessesacquièrent la signification esthétique des mots (et donc de l'oeuvre) aveclesquels l'écrivain même fait le délice de son lecteur (Le dessert, entrel'intime et le social dans Porporino ou les mystères de Naples deDominique Fernandez ). Il y a ensuite une anamnèse, un essai des souvenirsqui recèle la chaleur de l'intimité des repas d'enfance préparés par cetteimage éternelle de la mère  "nourricière" (En Hommage)opposé à cette autre image symbolique, superposée comme sur un palimpseste, quiest la fiction même, la mère " mégère, vipère" qui transforme lemoment de la communion autour de la table dans un champ de bataille etd'orgueils autoritaires...( La famille bazinienne autour de la table)...Il suit encore une brève analyse de l'architecture et de la transformationde la salle à manger, du salon et de la cuisine avec tous les changementsopérés dans les nouvelles conditions de vie postmoderne (Salles et tables àmanger. Evolution spatialle et fonctionnelle). Un moment eucharistique estcette signification que trouve une autre analyse de cet instant decommunion  (Le Repas- instant eucharistique, refus de l'éparpillement),suivi par des images de souvenirs du temps de guerre et de paix (Pain del'amertume, pain de l'insouciance. Souvenirs du temps de guerre et de paix)...Uneétude anthropologique nous présente la tradition des gens qui sont repris,dirait-on, d'un conte de fée, et qui nous apparaissent, à nous, les citadinspressés, comme de diffuses personnages d'une mythologie lointaine (Qu'est-ceque et combien mangeaient les «momârlanii ».  Cuisine traditionnelle),étude qui se prolonge avec une autre sur les coutumes du pays du Soleil-Levant,au nom magique (What, when and where do Japanese deities eat?). Lanourriture que l'on consomme (et qui nous consomme) révèle l'identité et lecontour de chacun (Food, Self and Identity) tout autant que le manque denourriture mène à un problème identitaire tel celui des héros de Llosa, Hamsunou Dostoievsky (La valeur dysphorique de la nourriture. Analyse du complexealimentaire dans quelques oeuvres de Vargas Llosa). Le recueil clôt avec unrepas préparé à la mémoire d'un défunt, qui débouche sur les valeursesthétiques d'une oeuvre littéraire et sur les mécanismes qui conditionnent,contraignent et libèrent l'écriture même (A Lunch with the Shadows).

Arrivés au terme de ce voyage au pays de lagourmandise,  à  travers cette collection de textes, on peut toujoursse laisser emporter par le fumet, les arômes et les saveurs de la grandecuisine alchimique.