Essai
Nouvelle parution
E. Minel, Pierre Corneille. Le Héros et le Roi. Stratégies d'héroïsation dans le théâtre cornélien

E. Minel, Pierre Corneille. Le Héros et le Roi. Stratégies d'héroïsation dans le théâtre cornélien

Publié le par Sarah Lacoste (Source : José Sanchez)

Emmanuel Minel. Pierre Corneille. Le Héros et le Roi. Stratégies d'héroïsation dans le théâtre cornélien

Paris : Eurédit, coll. "Théâtre du monde entier" n°21, 2010

EAN : 9782848301419

604 p.

90 euros 

Présentation de l'éditeur : 

<!>

Ce livre veut montrer comment, en reconsidérant le théâtrede la violence tyrannique issu du XVIe siècle etle théâtre amoureux de la douceur pastorale, Corneille donne naissance à lafigure du Héros qui fait l'originalité de son théâtre. Dans le cadre d'unedramaturgie dynamique à tendance épique, qui ouvre volontiers ses dénouementssur l'avenir historique, Corneille invente, pour la comédie puis pour la tragédie,un théâtre « politique », porteur d'un modèle de société quilui sert de canevas et qui, sans être polémique ni « engagé » au sensmoderne issu des lumières, agit de façon performative sur son public. D'où sa réputation(que soutient, tout en faisant masque, son magnifique génie rhétorique). Chezlui, la machine de l'État bien conçu ajuste l'un à l'autre un Héros coupablemais conquérant et un Prince libéré de ses passions, qui sait le mettre à sonservice par la promesse de son amnistie et d'un amour récompensé.

Tel est, pour l'auteur du livre, le principe politiquede la dramaturgie cornélienne, qui donne sens aux catastrophes tragiques de Médéerépudiée ou de Suréna assassiné, comme aux dénouements heureux du Cid,d'Horace, de Cinna ou d'Agésilas.

De la Querelle du Cid sur l'immoralité de son dénouementà la petite polémique sur le « sens » de Suréna, dans les années1990, la reconnaissance de sa pertinence structurelle ne semble cependant pas s'imposeraux « doctes ». Est-ce parce qu'il ne relève pas du pur formalismetechnique mais d'un imaginaire, sur lequel l'auteur normand ne s'explique guère ?

Quoi qu'il en soit, l'univers cornélien exhibe dès lescomédies ce lien héroïque négocié entre passions amoureuses et réalisme social,tandis que la suite des tragédies de la gémellité (Rodogune, Héraclius,Nicomède, Pertharite, etc.) propose, sur les bases du dédoublementdes caractères politiques entre le Héros et le Roi, une version originale du théâtrede l'identité, différente de celle d'un Rotrou ou d'un Thomas Corneille. Lacarrière louis-quatorzienne du dramaturge reste également, en dépit d'un nouvelair du temps, profondément fidèle à cette problématique.

Emmanuel Minel, ancien élèvede l'e.n.s.(Fontenay-Saint-Cloud), agrégé de lettres modernes, docteur ès lettres,enseigne depuis 2000 en classes préparatoires au lycée de Kerichen, à Brest.Après une édition de la Médée deLongepierre, il travaille à une édition de celles de Pellegrin, Clément, P.-F.Hoffmann et Legouvé. Il participe actuellement à l'édition collective du théâtrede Thomas Corneille dirigée par Charles Mazouer et Christophe Gossip.