Essai
Nouvelle parution
E. Kern & A. Bocquel, Une histoire des parents d'écrivains

E. Kern & A. Bocquel, Une histoire des parents d'écrivains

Publié le par Marc Escola

Une histoire des parents d'écrivains - De Balzac à Marguerite Duras
Etienne Kern, Anne Boquel


Paru le : 06/10/2010
Editeur : Flammarion
ISBN : 978-2-08-122833-7
EAN : 9782081228337
Nb. de pages : 316 pages

Prix éditeur : 19,00€


Dans la lignée de l'Histoire des haines d'écrivains, avec la même verve et une pluie d'anecdotes, ce livre raconte comment les parents d'écrivains du XIXe et du XXe siècle ont réagi à la vocation de leurs rejetons.

Pour beaucoup, qui rêvaient d'un métier sérieux ou d'un avenir solide, c'est la disgrâce absolue : jules Renard n'est qu'un " chieur d'encre " aux veux de sa mère ; le père de Nerval finit par rompre avec lui. Quant à la mère de Marguerite Duras, elle se désespère : " Tu es faite pour le commerce ! " Car, insiste Mine Gide, il faut bien trouver de quoi " mettre la poule au pot ". D'autres encore sont scandalisés, ou s'agacent d'une imagination jugée débordante.

"Poulou n'a rien compris à son enfance", s'écrie la mère cle Sarine après avoir lu Les Mots. Certes, tous les parents n'ont pas été hostiles : Honoré a souffert sa vie durant de ses rapports avec la terrible Mme Balzac, qui exécrait ses premiers romans, mais il a eu le réconfort d'être le fils de son père ; un Théophile Gautier, une Marguerite Yourcenar ont été encouragés dès l'affirmation de lem- vocation.

Ce soutien frôle parfois la cocasserie pure : quand, emporté par l'inspiration, Lamartine célébra dans un poème le lierre majestueux, mais imaginaire, qui recouvrait la maison familiale, sa mère s'empressa d'en planter un, afin que nul ne pût prendre Alphonse en défaut... Peur de la déchéance sociale, fierté face au succès, rejet d'un milieu qu'on connaît mal, incrédulité, dévotion ou indifférence: souvent savoureuses, ces réactions à l'irruption de la littérature dans une vie nous font plonger dans l'intimité de ces familles à la lois si lointaines et si proches.

Sommaire:

" Ce n'est pas du travail "
Oiseaux rares
L'avis des autres
" Ne pas scandaliser "
Révélations
" J'ai lu ton livre "
Nul n'est prophète en son pays
Les parents à la rescousse
Quand les parents s'en mêlent
La littérature en héritage

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Sur le site BibliObs.com, on peut lire cet article (28/12/10)

Ciel, mon fils écrit !

Tenez, vous qui êtes quelqu'un de respectable: que direz-vous quand votre fils, ce jeune homme maladroit que vous aimez avec sévérité, vous annoncera son désir de devenir romancier ? Après leur «Histoire des haines d'écrivains», Anne Boquel et Etienne Kern, les Scully et Mulder de l'anecdote littéraire, publient une réjouissante «Histoire des parents d'écrivains» qui vous guidera utilement dans cette situation délicate.

Ne la prenez pas à la légère. Vous pourriez décourager une plume promise à la gloire, ou pousser un pisse-copie sans talent à s'entêter sur la route de l'insuccès. Comment savoir ? Le général Léopold Hugo, qui se piquait de poésie, prenait le jeune Victor pour un piètre versificateur. Laure Balzac parle ainsi de l'accueil familial réservé à la vocation naissante de son frère : «Honoré avait-il l'étoffe d'un homme de génie ? Tous en doutaient... »

Ajoutez à ça que les besoins d'argent viennent plus vite que les triomphes. Vous verrez affluer les courriers implorants, comme François Renard recevant de Jules, dont il ne lit pas les livres : «J'avoue qu'il me faut une certaine audace pour me tourner une fois de plus de ton côté. [ ... ] Je viens encore te demander 200 francs.» Ou Caroline Aupick, à laquelle Baudelaire écrit : «Si 200 francs dépassent le possible, que ce soit 150; si 150 c'est trop, que ce soit 100, ENFIN N'IMPORTE COMBIEN. » Le succès, quand il vient, n'arrange pas tout. Chez elle, Beauvoir passe pour une traînée qui picole. Giono, devenu riche, perd l'affection de sa prolétaire de mère. A Manosque, les prestigieux invités du fils sont reçus avec une indifférence ostentatoire.

Il vous faudra ensuite lire l'oeuvre de votre progéniture. Cela peut se révéler douloureux. Imaginez la mère de Michel Leiris, réduite à recenser dans «l'Afrique fantôme» les passages traitant du «coït interrompu comme cause de névroses» ou de son «complexe de castration». Ou la mère de Paul Léautaud, qui découvre le penchant incestueux de ce fils qu'elle a abandonné, alors que « le Petit Ami » s'apprête à sortir. Dans cette « Histoire des parents d'écrivains », vous trouverez bien entendu des exemples de familles aimantes (les Claudel, les Robbe-Grillet). Vous tenterez de vous en inspirer. Bonne chance à votre fils.

David Caviglioli