Édition
Nouvelle parution
E. Kästner, Vers l'abîme

E. Kästner, Vers l'abîme

Publié le par Marc Escola

Vers l'abîme
Erich Kästner

Corinna Gepner (Traducteur)

Date de parution : 14/01/2016 Editeur : Anne Carrière ISBN : 978-2-84337-760-0 EAN : 9782843377600 Format : Grand Format Présentation : Broché Nb. de pages : 275 p.

 

Vers l'abîme est un roman miraculé. Censuré à sa parution, en 1931, par son éditeur que terrifie l'indécence des moeurs qu'il décrit. Vilipendé dès sa sortie par la critique, scandalisée à la lecture du miroir qu'il tend à la société allemande. Brûlé en 1933 dans les autodafés nazis qui voient en lui le symbole ultime de la "dégénérescence". Oublié au lendemain de la guerre parmi les ruines d'un pays incapable de supporter que certains de ses intellectuels aient fait preuve de tant de lucidité quand il était encore temps...
Le voici enfin réédité dans son intégrale et radicale version originale.

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L'Alamblog a consacré un billet à cette traduction :

"Corinna Gepner nous propose de lire Vers l'abîme, grand moment de littérature due à un autre numéro du siècle dernier, Erich Kästner, parfait représentant lui aussi de l'Allemagne d'avant-guerre, ce monde tourbillonnant, qui peut nous paraître étrange. Même si on a bien étudié les films de Fritz Lang ou de Billy Wilder, voici un roman cinq étoiles que l'on vous conseille sans barguigner de dévorer, et shnell.
La culture mittleuropa n'étant pas spécifiquement française, ces rappels à la réalité du monde germanophone est une bénédiction pour l'esprit. D'abord parce que l'imagination des écrivains de cette époque est délicieuse (voyez Arthur Schnitzler et sa Gloire tardive, une merveille de maîtrise et de subtilité), d'autre part parce que leur sens du burlesque est unique - en particulier chez le monteur de spectacles de cabaret que fut Kästner. - Car, de fait non, il ne fut pas seulement l'auteur d'Emile et les détectives.
Auteur avec Vers l'abîme d'une chronique burlesque, plutôt dépeignée et carrément inquiétante de l'Allemagne hirsute des années 1920-1930, il relate ce qui de la vie nocturne déraille étrangement et de la vie diurne vire au cynisme et à l'immoralité brutale et les compromis détestables (les affaires). Avec des éclats formidables, des sorties délicieuses et des échanges tonitruants, un monde désorienté coupé des principes moraux traditionnels galope vers le n'importe quoi et y parvient comme on a su clairement un petit peu plus tard.
Pour son cas personnel, Kästner ne fut pas déçu non plus : il vit concrètement ses livres autodafés par les Nazis et dut se résoudre à l'effacement pour éviter le lynchage d'une foule déchaînée. Seul restait son Emile, ses détectives et, enfin redécouvert, son Jacob Fabian, dandy dont le nom évoque évidemment certain Britannique expert en "dérèglements" et débauches, et qui, en passant incapable d'intervenir concrètement face au naufrage de Weimar, observe la dinguerie collective au moment où elle vire à la sauvagerie.
En somme, de quelque côté que l'on prenne l'affaire, il est beaucoup question de fessées dans ce livre."