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Nouvelle parution
E. Gavoille, C. Terrile (dir.), Le personnage du fanfaron: théâtre, récits, ciméma

E. Gavoille, C. Terrile (dir.), Le personnage du fanfaron: théâtre, récits, ciméma

Publié le par Université de Lausanne (Source : Elisabeth Gavoille)

E. Gavoille et C. Terrile (dir.), 

Le personnage du fanfaron: théâtre, récits, ciméma,

Éditions Kimé, collection "Détours littéraires", 2020.

EAN13 : 9782841749355.

 

De la comédie antique au cinéma italien, le personnage du fanfaron manifeste une vitalité remarquable. Le type est fourni dans l’Antiquité gréco-latine par la figure bruyante du « soldat », aussi bravache que poltron, qui se retrouvera dans la Commedia dell’Arte, avec d’autres prolongements dans le théâtre européen. Mais l’on songe aussi, du côté de la narration, à des personnages d’affabulateurs, se flattant de mérites et d’exploits plus ou moins réels, comme le baron de Münchhausen. La figure évolue selon les époques et les littératures et trouvera sa place dans de nombreux films italiens des années 60-70, dont le célèbre Fanfaron de Dino Risi. Personnage ridicule dans son principe, souvent victime de l’illusion même qu’il veut créer, le fanfaron intrigue cependant par sa complexité (lui-même acteur d’un rôle, il ouvre une dimension de théâtre dans le théâtre, de récit dans le récit), par son ambivalence et ses failles (égocentrique mais secrètement inquiet du jugement d’autrui, sottement vaniteux ou travaillé par un complexe d’infériorité, conscient de ses mensonges ou dupe de lui-même). Cet être qui veut exister à travers son discours, qui construit sa propre fiction et dont l’inanité même est spectaculaire, excite en tout cas la verve de l’auteur et la performance de l’acteur.
Sur ce thème, les quatorze contributions réunies ici traitent de questions variées: les modèles antiques de soldat (Aristophane, Plaute et Térence, Lucien de Samosate), et leurs avatars dans le théâtre italien, français ou allemand, du XVe au XVIIe siècle; diverses figures de discoureurs avantageux (professeur d’amour chez Ovide, colporteur chez Hawthorne, narrateur à la fois tyrannique et déceptif chez Diderot et Calvino); enfin le fanfaron comme personnage-symptôme au XXe siècle: vaniteux et cuistres dans les récits de l’après-guerre (Proust, Svevo, Woolf, Musil), pantin fasciste dans Éros et Priape de Gadda, incarnations d’opportunistes par l’acteur Alberto Sordi.


Sommaire

Remerciements et Introduction,
par Élisabeth Gavoille et Cristina Terrile, p. 7-17
 
Chapitre I – Le modèle antique du soldat fanfaron
– «Faire du fanfaron un spectacle : le Lamachos d’Aristophane et le Pyrgopolinice de Plaute», par Nathalie Lhostis (HiSoMA), p. 21-38
– «Le soldat fanfaron et son parasite chez Plaute et Térence», par Élisabeth Gavoille (université de Tours / ICD), p. 39-58
– «À l’aune du regard féminin ? Le soldat fanfaron dans les Dialogues des courtisanes de Lucien», par Émeline Marquis (CNRS / Fondation Alexander von Humboldt), p. 59-73
 
Chapitre II – Fanfarons renaissants et baroques
– «Facture maniériste du miles chez l’Arétin : le capitaine Tinca de la Talanta», par Patrizia Farinelli (université de Ljubljana, Slovénie), p. 77-94
– «La représentation du fanfaron à la Renaissance, entre imitatio vitae et fantaisie romanesque», par Alice Vintenon (université Bordeaux Montaigne / TELEM), p. 95-111
– «Les rodomontades du fanfaron : imaginaire d’une langue tyrannique (fin XVIe – début XVIIe siècle)», par Françoise Poulet (université Bordeaux Montaigne / CLARE-CEREC), p. 113-127
– «Volubiles volatiles : l’image des fanfarons dans la littérature allemande de la première modernité», par Florent Gabaude (université de Limoges / EHIC), p. 129-151
– «De la bibliothèque au personnage. Donna Quinzia, la fanfaronne, et Baltramina, l’anti-fanfaronne, dans les comédies en lombard de Carlo Maria Maggi (1630-1699)», par Massimo Scandola (université de Tours / CESR), p. 153-168

Chapitre III – Discoureurs et narrateurs fanfarons
– «Un professeur fanfaron : le personnage du magister amoris dans l’Art d’aimer d’Ovide», par Élisabeth Gavoille (université de Tours / ICD), p. 171-185
– «Info ou intox ? Dominicus Pike, ou le colporteur fanfaron chez Nathaniel Hawthorne», par Stéphanie Carrez (université de Tours / ICD), p. 187-206
– «Étude comparée de deux narrateurs fanfarons : Jacques le fataliste et son maître de Denis Diderot et Si une nuit d’hiver un voyageur d’Italo Calvino», par Gaëlle Debeaux (université Rennes-2 / CELLAM), p. 207-222
 
Chapitre IV – Avatars modernes et interprétations politiques : un personnage symptôme
– «Fanfarons et anti-héros dans le roman moderniste : “une mystérieuse maladie d’époque” ?», par Florence Godeau (université de Lyon-Jean Moulin / CERCC-ENS de Lyon), p. 225-236
– «Monsieur Pyrgopolinice ou Mussolini selon Gadda. Une lecture de Eros e Priapo», par Marco Carmello (Universitad Complutense de Madrid), p. 237-249
– «Alberto Sordi : un fanfaron destructeur», par Luigi Sala (université San Raffaele, Milan), p. 251-263
 
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