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Du peep-show au laboratoire. L'observateur chez Houellebecq: entre voyeurisme et objectivité scientifique

Du peep-show au laboratoire. L'observateur chez Houellebecq: entre voyeurisme et objectivité scientifique

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Annie Monette)

Colloque de jeunes chercheurs et table ronde


Du peep-show au laboratoire.
L'observateur chez Houellebecq : entre voyeurisme
et objectivité scientifique



Université du Québec à Montréal
Salle des Boiseries (J-2805)
4 octobre 2007

Colloque : 9 h 15 / Table ronde : 15 h 30


Maurice Dantec affirmait récemment qu'il n'est plus possible, pour un écrivain du XXIe siècle, de « faire abstraction du langage de la science et de la technique » (La Presse, 22 octobre 2006, cahier « Lectures », p. 13). Bien que les lettres et la science soient liées depuis longtemps, la littérature contemporaine se distingue par l'incursion directe de la science dans l'esthétique. La figure de l'observateur, au centre de l'oeuvre de Michel Houellebecq, module le monde à partir d'un langage technique, que ce soit par l'intégration du discours scientifique ou par l'emploi de termes spécialisés, notamment issus du milieu de l'entreprise. La sexualité n'échappe pas à ce traitement mécanique. Le regard de l'observateur, qui se fait alors voyeur, dissèque et charcute les corps. À la manière du savant, il identifie, classifie, non sans jouissance : les personnages des univers de Houellebecq sont confinés dans des types et fonctions. Cette rencontre entre objectivité scientifique et voyeurisme, étonnante au premier abord, amène à repenser la construction du social dans la littérature contemporaine.


L'oeuvre de Houellebecq témoigne de la transformation de l'imaginaire social, rendue par le biais du regard technique que posent ses personnages sur le monde. L'« être houellebecquien » opère une dissection sur la vie courante. Dans ce contexte, la figure de l'observateur devient centrale, puisqu'elle soulève des problématiques liées à l'objectivité, à la perception de l'autre, à l'instrumentalisation des êtres, lesquelles sont transposées dans la littérature. À la fois acteur et spectateur, scientifique et voyeur, l'observateur n'est pas détaché de son expérience : il y participe pleinement. Tel l'archéologue qui, en travaillant sur ses artefacts, les détruit, tel le physicien de l'atome qui, en étudiant le monde quantique, altère son objet d'étude, il transforme la réalité portée à son regard. La trop grande proximité de l'autre entraîne, en retour, une mise à distance. Ce mouvement de l'intime au dégoût engendre une misanthropie qui s'articule dans le langage de la méchanceté, à travers des propos tant antimusulmans, racistes, que misogynes. Le corps féminin, morcelé, est instrumentalisé : le détachement entraîné par le regard pornographique amène une sexualité souvent vécue comme génitalité plutôt que comme idéal sensuel. Dans ce processus, l'individu perd peu à peu de son humanité. L'être houellebecquien oscille ainsi entre l'animal, l'automate et le posthumain.


Afin de stimuler la réflexion autour de ces questions fondamentales que posent les écrits de Houellebecq, ce colloque de jeunes chercheurs sera l'occasion de se pencher sur les diverses problématiques soulevées par la figure de l'observateur telle qu'elle apparaît dans l'oeuvre houellebecquienne. Considérée comme objet de savoir, cette oeuvre servira d'amorce, lors de la table ronde suivant le colloque, à une réflexion plus large sur la littérature, la culture et la société contemporaines.


Comité scientifique : Hélène Taillefer (UQAM), Julie Boulanger (U. de Montréal), Amélie Paquet (UQAM), Aude Weber-Houde (UQAM)

Informations : www.colloquehouellebecq.com