Questions de société

"Du foutage de gueule comme politique de l'éducation nationale": les pistes de Chatel pour remplacer les profs absents (Dossier - màj 24/01/10)

Publié le par Bérenger Boulay

Du foutage de gueule comme politique de l'Éducation Nationale

Les propositions de L. Chatel pour remplacer les enseignants absents et faire de la garderie à l'école: des  "jeunes retraités" (des personnes plutôt âgées, donc), des précaires recrutés à Pôle emploi et des étudiants qui ne sont"pas encore admis aux concours", qui en fait ne le seront peut-être pas (tant qu'il reste des concours...).

Il n'y a pas si longtemps, il existait encore des titulaires sur zone de remplacement (TZR, en voie de dispariton) pour remplacer les enseignants absents. Avec l'assouplissement du dispositif "entre académies", les derniers TZR vont être servis.

Remplaçants non qualifiés, mastérisation, suppressions de postes... l'école publique française est entre de très mauvaises mains, mais vous pourrez toujours scolariser vos enfants dans le privé, si vous en avez les moyens.

L'Université n'est pas en reste: voir Du foutage de gueule comme politique de l'enseignement supérieur - communiqué de SLU, 20 janvier 2010.

Les raisons de relancer la mobilisation ne manquent décidément pas: après la journée de grève du 21 janvier 2010 (actions prévues partout en France), une prochaine CNU se réunira à Paris le 25 janvier, avant une manifestation nationale "De la Maternelle à l'Université" à Paris le samedi 30 janvier.

Bérenger Boulay

Voir aussi: LucChatel réinvente les blagues à Toto : « enseignant, le seul métier quine s'apprend pas. » Communiqué de SLU (22 janvier 2010)

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Dépêches AFP du 20 janvier 2010:

"On veut des remplaçants,et des titulaires, pas des précaires" (...) "ils suppriment des postesd'enseignants, pour nos classes on veut des remplaçants".

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" Il a remplacé le prof… de son fils"

Article du Parisien du 20/01:

« On a beau avoir bac + 8, on ne s'improvise pas prof de collège. »Jacques Fossey, 66 ans, est parvenu à cette conclusion après avoir jouépendant deux mois au professeur de technologie. Président de laFédération locale de parents d'élèves (FCPE) de Coulommiers(Seine-et-Marne), ce chimiste du CNRS en fin de carrière a accepté deremplacer, après les vacances de la Toussaint, une enseignante ducollège de ses enfants, en congé maternité. Une vacation de dix-huitheures hebdomadaires, payée 36 € de l'heure, dans un établissementréputé tranquille. « C'est l'administration qui a soufflé l'idée,raconte-t-il. J'ai d'abord dit non… Puis oui, poussé par la curiositéde connaître l'école sous un autre jour. » Il n'a pas été déçu et sonexpérience tient du sketch.

« On m'a dit : “Ta salle, c'est la 17, voilà les clés ” » « Uninspecteur du rectorat m'a embauché un vendredi, après un entretiend'une heure, se souvient-il. Le lundi matin, j'étais en poste. On m'adit : Ta salle, c'est la 17, voilà les clés . » Le début des ennuis.« Dès que j'écrivais au tableau, les avions en papier volaient danstous les sens, on se serait cru à Roissy ! s'exclame le chercheur ensecouant sa crinière blanche. Il faut un minimum de formation pouraffronter 30 adolescents, le mot discipline n'a pas de sens pour eux. »

Lire la suite de l'article sur le site du Parisien.

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LucChatel réinvente les blagues à Toto : « enseignant, le seul métier quine s'apprend pas. » Communiqué de SLU (22 janvier 2010)

Depuisplusieurs semaines, les contours de la réforme de la formation desenseignants sont connus de l'ensemble des acteurs du dossier. Àl'exception du ministère, tous s'accordent pour dire que cette réformeest absurde, impossible à mettre en oeuvre et néfaste. La Conférence desprésidents d'universités a même jugé utile de rappeler dans uncommuniqué un brin optimiste que « le gouvernement [avait] fait des choix lourds de conséquences qu'il devra assumer » (CPU, 21 janvier 2010).

C'est le moment choisi par Luc Chatel pour lancer une grande offensive de communication abondamment relayée sur le thème de « l'absentéisme »des enseignants, en feignant d'ignorer que c'est la politique denon-remplacement d'un professeur partant en retraite sur deux qui aprivé l'Éducation nationale du volant de remplaçants qualifiés dontelle disposait jusqu'alors.

Quelle solution propose Toto Chatel ? « Nous devons diversifieret enrichir notre vivier de remplacement, par exemple […] avec desétudiants qui ne sont pas encore admis aux concours. » (Europe 1,20 janvier 2010) Formidable et lumineuse idée que de considérer quec'est précisément dans les lieux où l'on apprend et où l'on apprend àapprendre, que le recours à des personnels sans formationprofessionnelle est une solution. Quel culot, élève Chatel !

Lire la suite.

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Sur le site de Libération le 20/01/2010:

http://www.liberation.fr/societe/0101614725-les-pistes-de-chatel-pour-remplacer-les-profs-absents?y=1

Les pistes de Chatel pour remplacer les profs absents (Article+vidéo)

Le ministre de l'Education envisage, entre autres, «des partenariatsavec Pôle emploi, en mobilisant ici ou là de jeunes retraités del'Education nationale ou en travaillant avec des étudiants qui ne sontpas encore admis aux concours.

Le ministre de l'Education nationale Luc Chatel a annoncé mercredi sur Europe 1qu'il allait proposer trois pistes aux syndicats pour améliorer lesystème de remplacement des enseignants absents, en citant notamment lapossibilité de «partenariats avec Pôle emploi».

«Je vais travailler avec les organisations syndicales sur plusieurs pistes», a déclaré Luc Chatel, parlant d'«améliorer le système par trois moyens»: une plus grande «réactivité», une plus grande «souplesse» et la diversification du «vivier» des remplaçants.

«Aujourd'hui, on remplace trop lentement les professeurs absents», il y a «un délai de carence de 14 jours pendant lesquels le lycée doit se débrouiller avec un professeur absent» et «c'estseulement au bout de 14 jours que le rectorat intervient, il faut quedès le premier jour les autorités académiques soient mobilisés», a-t-il expliqué.

Deuxième point, «si vous avez un manque de professeurs demathématiques à Paris et que vous avez des professeurs de mathématiquesdisponibles à Créteil, et bien les professeurs de Créteil ne peuventpas aller à Paris. Donc on va assouplir ce dispositif» entre académies, a-t-il ajouté.

«Troisième exemple: nous devons diversifier et enrichir notrevivier de remplacement, par exemple avec des partenariats avec Pôleemploi, en mobilisant ici ou là de jeunes retraités de l'Educationnationale ou en travaillant avec des étudiants qui ne sont pas encoreadmis aux concours», a-t-il poursuivi.

Interrogé pour savoir si les difficultés de remplacement n'étaientpas une conséquence des suppressions de postes de professeurs, leministre a répondu «non, ce n'est pas un problème nouveau, il estnettement antérieur à la question de la réduction des postes dansl'Education nationale».

(Source AFP)

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Le message suivant a été envoyé par la présidence à tous les étudiants de l'Université de Lille 1 :

"Vous avez envie de partager votre intérêt pour votre discipline avec des élèves.
Vous avez pour projet de devenir enseignant.
Vousêtes titulaire d'une licence et vous souhaitez avoir unepremière expérience de terrain, le rectorat de l'Académie de Lille vouspropose une mission de suppléance rémunérée en collège, lycée oulycée professionnel, en tant que vacataire.
Les vacatairessont recrutés pour effectuer des suppléances en lycée ou en collègedans la limite de 200 heures à l'année. Ils peuvent effectuer selon lesbesoins en suppléance soit des missions courtes de 18 heures parsemaine (jusqu'à ce que les 200 heures soient effectuées), soitdes missions longues (à partir de maintenant et jusqu'à la fin del'année) de 2 à 6 heures par semaine.
 Ils peuvent être amenés à effectuer ces missions de suppléance sur l'ensemble de l'académie de Lille.
Les vacataires peuvent être rémunérés à l'heure effectuée devant élève pour un montant de 34.30 euros de l'heure.
Ilest également possible, si cela s'avère nécessaire, une fois lequota de 200 heures effectué, de poursuivre les suppléances avec unstatut de contractuel.  Lestatut de contractuel consiste en une rémunération forfaitaire dont lemontant varie selon le niveau du diplôme le plus élevé du candidat."

Ce type d'annonce n'est pas nouveau. Cela fait déjà plusieurs années que les rectorats demandent aux universités d'en publier de semblables. Celle-ci était en ligne sur plusieurs sites, notamment sur celui de Lille 2, comme le prouve une recherche sur Google.
Les annonces peuvent avoir été supprimées, mais on peut la retrouver grâce au "cache" de Google (cliquer sur "en cache").

(ex: www.univ-lille2.fr/.../vous-avez-pour-projet-de-devenir-enseignant.html?... - En cache - Archives).

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Instits non remplacés : le ras-le-bol des parents d'élèves - par Marie Kostrz, Rue 89, 21 janvier 2010

Lire cet article sur le site de Rue89 ou sur SLU.

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Le mal-être des écoles de Seine-Saint-Denis - Mediapart, le 22 Janvier 2010.

http://www.mediapart.fr/journal/france/220110/le-mal-etre-des-ecoles-de-seine-saint-denis Lessyndicats d'enseignants de la Seine-Saint-Denis et les parents d'élèvesde la FCPE protestent depuis octobre 2009 contre les problèmes deremplacements dans les écoles de leur département. Samedi 23, ils seréuniront pour décider de leurs prochaines journées d'action.
Mercredi, ils étaient déjà une centaine de personnes à battre lepavé rue de Solférino aux abords du ministère de l'éducation. Cesenseignants et parents d'élèves du département de la Seine-Saint-Denisse sont réunis à l'appel de quatre organisations syndicales (Sudéducation 93, SNUipp-FSU 93, Snudi-FO 93 et CGT Educ'action 93) et dela FCPE. Le député et président du conseil général deSeine-Saint-Denis, Claude Bartolone (PS), a apporté son soutien à cettemobilisation. «Faute de dotations suffisantes, les inspectionsacadémiques sont confrontées à une véritable pénurie d'enseignantsremplaçants», a-t-il dénoncé dans un communiqué. Il a «alerté» leministre «sur les insuffisances de la politique éducative menée en casd'absence des enseignants titulaires dans les écoles publiquesélémentaires».

Cette question semble plus épineuse qu'avant du fait de la réforme de formation des maîtres.

Lire la suite (site de SLU).

Photos de la manifestation parisienne du 21 janvier 2010 et reportage audio.

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Acrimed:

Les barbouillages du Parisien sur les absences des enseignants
http://www.acrimed.org/article3291.html 

De l'art de tout mélanger. Comment et avec quels effets.

Le Parisien-Aujourd'hui en France édite deux médias : un journalimprimé et un site Web. Deux médias bien différents, qui hiérarchisentl'information à leur manière.

Lire la suite.

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Communiqué de presse du SNALC-CSEN (FGAF) du 20 janvier 2010 :

ABSENCES DES PROFESSEURS : A QUI LA FAUTE ?

Le SNALC considèrecomme inadmissible l'insistance malsaine avec laquelle certainesorganisations de parents et certains médias ne cessent de faire desgorges chaudes à propos de « l'absentéisme » supposé des personnelsenseignants. Au lieu de focaliser sur le seul manque d'effectifs,devenu insupportable dans ce contexte explosif, ces derniers feraientbien de s'interroger aussi sur les raisons, toutes les raisons, quicontraignent les enseignants à s'absenter - pas plus que d'autrescatégories, pourtant - en dehors des congés "classiques".

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