Questions de société
Drôles d'icônes: Des mondes universitaires en discorde

Drôles d'icônes: Des mondes universitaires en discorde

Publié le par Julia Peslier

 

 

Guerre des chiffres :

56 universités sur 88 touchées d’après un délégué de la coordination nationale à Tours; et plus encore guerre d’icônes sur le net et dans les kiosques. Diffusion d'AG, interviews, manifestations d’étudiants, pas moins de 130 vidéos mises en ligne sur le site dailymotion en une semaine, le « débat » autour de la loi LRU fait rage et se déplace des amphithéâtres préoccupés à la sphère publique des journaux de 20 heures, non sans mal/heurts. La méfiance des étudiants à l’égard des médias s’est singulièrement accrue, ce dont la presse se fait l’écho (deux articles du 12/11 dans Le Monde sur les AG d’étudiants et dans Libération « Médias non grata à Rennes II », d’où aussi le « Billet de précision » du journal estudiantin Contrepoint). Au silence radio qui a entouré les premières critiques font suite le brouhaha, la désinformation et un climat d’agressivité sociale surmédiatisée, souvent en porte-à-faux avec ce qui se passe réellement dans les universités. Comme le remarque André Gunthert sur le blog collectif Bétapolitique, les images qui font la une sont troubles, brouillées, aveugles
La machine médiatique s’emballe, elle simplifie. Elle fait entendre des paroles de Présidents d’université et néglige les principaux intéressés, parmi les personnels enseignants et IATOSS ; on pourra lire en ligne différents appels à s’engager émanant de ces derniers : appel de l'Université Paris 8 Saint Denis, tribune du monde « les Présidents d’université ne parlent pas en notre nom »les enseignants chercheurs de Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Rouen. Côté étudiants, la vision qu’elle impose de la polémique est frontale, réductrice et décidément binaire. Elle dresse deux clans, « bloqueurs » et « antibloqueurs », dont les images violentes à Nanterre ont cristallisé le duel : la scène vue ici de l’intérieur du bâtiment et là depuis le fronton version rue 89 et France 3. On pourra écouter ce point de vue modéré d’un étudiant en fac d’arts plastiques à Metz, qui veut  faire entendre la voix nombreuse de ceux qui sont contre la loi mais plutôt favorables au mantien des cours et au delà de toute déclaration péremptoire.
Face à ceux qui s’engagent contre la loi, qu’on appelle déjà la « génération anti-CPE », une nouvelle icône émerge, surexposée au sens travaillé par Didi-Hubermann dans son séminaire de l’EHESS (en 2006-2007, séminaire continué cette année à l'INHA) , et à contrecourant de la « Mariane de mai 68 ». Drôles d’égéries sans doute pour une "refondation" de l'université (selon le discours adressé aux étudiants par Valérie Pécresse) que ces figures d’étudiantes pour qui étudier est moins le lieu d'une construction sociale, critique et politique de sa vie d’adulte, que celui d’une vision plus scolaire, placide, où l’on suivrait ses cours en bon Panurge. (photo: Philippe Leroyer, site Flickr)

 

Equipe Fabula