Questions de société
Dossier sur le mouvement universitaire en Autriche (maj. 20/11/09)

Dossier sur le mouvement universitaire en Autriche (maj. 20/11/09)

Publié le par Bérenger Boulay

"L'université brûle": dossier sur le mouvement universitaire en Autriche.

Site internet autrichien: http://unsereuni.at/ ("Notre université") ou http://unibrennt.at/ ("L'université brûle").

Voir aussi: Luttes étudiantes en Europe.


Vidéoshttp://www.unsereuni.tv/questions/618

et Thema Reportage Audimax http://www.youtube.com/watch?v=LSyZEZxBBl4&feature=player_embedded

Article dans L'Humanité (20/11/09): À l'université de Vienne, la contestation fait péter l'Audimax

Informations moins récentes: (http://www.hns-info.net/): Manifestation étudiante à Vienne : démêlés avec la police (le 06/11/09),  Autriche : les étudiantes participent pleinement au mouvement - Lettre ouverte aux médias (le 09/11/09). La révolte étudiante en Autrichecontre le processus de Bologne estentrée dans son dixième jour. [source : Deutsch Indymedia] La vague deprotestation dans les universités autrichiennes de plus enplus importante - Journée d'actions le 5 novembre [Source : site unseruni (notre université)]


Ci-dessous:

-  Contre le processus de Bologne, la grève des étudiants autrichiens se poursuit (12 novembre 2009)

- Communiqué de Sud Étudiant: "Solidarité avec la grève étudiante en Autriche" (05 novembre 2009)

- Lamajorité des universités autrichiennes toujours occupées ! Communiquédes étudiants autrichiens sur leur mobilisation (SLU - 30 octobre 2009)

-  Autriche : révolte étudiante contre le processus de Bologne (Indymedia - 29 octobre 2009)

-  Les étudiants autrichiens revendiquent un enseignement de qualité et gratuit (Le Monde - 29 octobre 2009)

- Protestations à Vienne - mail d'un ancien étudiant erasmus de la Sorbonne (blog du sorbonnard - 27 octobre 2009)

Contre le processus de Bologne, la grève des étudiants autrichiens se poursuit

Article publié sur le site du département de sociologie de Paris 8, 12 novembre 2009.

Natalie, étudiante autrichienne en sociologie, était en 2008 en séjour Erasmus à Paris 8. Dans un entretien avec Claire Lévy-Vroelant, elle décrit le mouvement social étudiant actuel en Autriche.

Le mouvement ici est très intéressant, car comme le dit Natalie,à la différence du mouvement de l'an dernier en France, les cours sontmaintenus en même temps qu'une mobilisation dans un lieu stratégique,le plus grand amphi de l'université. Ainsi la mobilisation etl'attention de l'opinion, pour l'instant, se maintiennent.

Lire la suite.

Communiqué de Sud Étudiant: "Solidarité avec la grève étudiante en Autriche" (05 novembre 2009)

http://www.sud-etudiant.org/article.php3?id_article=1767

Depuis plusd'une dizaine de jours, une forte contestation étudiante partie deVienne s'est propagée dans toute l'Autriche. Elle est monté enintensité jusqu'à la journée du 29 octobre au cours de laquelleplusieurs manifestations ont notamment rassemblé 40 000 étudiant‑e‑s àVienne ou encore 5 000 à Graz. Ainsi, de manière spontanée, la plupartdes universités ont été occupées, les étudiant‑e‑s ont appris às'organiser eux/elles mêmes afin de répondre aux impératifs de la grèveet pour réfléchir collectivement à des projets alternatifsd'enseignement supérieur.

Les causes de ce conflitsont nombreuses : manque cruel de financement public dansl'enseignement supérieur, mise en place de la réforme LMD(Licence/Master/Doctorat) restreignant l'accès à un nombre considérablede filières pour les étudiant‑e‑s, manque de places dans les cursus,introduction de frais de scolarité...

Face à cette situationsocialement intenable, les étudiant‑e‑s revendiquent une universitéréellement ouverte à tou‑te‑s, une hausse de financement public del'enseignement supérieur, une égalité homme/femme dans l'université,une recherche indépendante, etc.

Cette lutte desétudiant‑e‑s autrichien‑ne‑s ressemble profondément aux différentesluttes que nous avons connues ces dernières années, que cela soit enFrance ou dans les différents pays européens. Depuis l'application despréconisations du fameux « processus de Bologne » de 1999, en Espagne,en Italie, en Allemagne, les luttes étudiantes se sont multipliées afinde s'opposer aux processus de privatisation de l'enseignement supérieur.

En effet, partout enEurope, les États se désengagent financièrement des universités, avecpour conséquence : des hausses généralisées des frais de scolarité,l'aggravation des conditions d'études pour les étudiant‑e‑s, le recoursà des financement privés conditionnant les formations des étudiant‑e‑s.De la même manière, les procédés de sélections se multiplient,restreignant l'accès de toutes et tous à l'enseignement supérieur.

Aujourd'hui, lesconséquences néfastes du processus de Bologne se font sentir dans tousles pays d'Europe. Néanmoins, la contestation étudiante se généralise,touchant toujours plus de pays. Si nous n'avons pas encore réussi àfaire plier les logiques libérales que l'on cherche à nous imposer,nous n'avons pas renoncer à livrer bataille.

La Fédération desSyndicats Sud Étudiant soutient la lutte des étudiant‑e‑sautrichien‑ne‑s. Nous nous battons contre le même système, il est tempsde mettre un terme au processus de Bologne.

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Sur le site de SLU :

Lamajorité des universités autrichiennes toujours occupées ! Communiquédes étudiants autrichiens sur leur mobilisation (30 octobre 2009)

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article3082

[Ce communiqué a été traduit de l'allemand par Julien Demade, CNRS, en "réponse" au papier franco-centré du Monde paru le 29 octobre. Les étudiants autrichiens se mobilisent d'abord contre le LMD, et non contre le bachelor, et ils s'opposent à un retrait de l'Etat dans le domaine de l'enseignement supérieur.]

Chronologie de la mobilisation

Ces dernières années, la situation des universités autrichiennesn'a cessé de se dégrader : introduction de droits de scolarité, reculde l'accès garanti à tous ceux désireux d'étudier, manque de placesdans les cursus. Les deux causes principales de ces problèmes sont lemanque de financement public, et l'introduction hâtive du LMD – qui futnotamment utilisée pour restreindre l'accès à des filières entières.Les raisons de se mobiliser ne manquaient donc pas, depuis des années.Jeudi 22 octobre, une goutte d'eau a fini par faire déborder le vase.

Ce jour, à midi, se sont rassemblés des centaines d'étudiants desBeaux-Arts et de l'université de Vienne, avec pour objectif d'attirerl'attention sur les problèmes universitaires. Rapidement, cesmanifestants se sont décidés à occuper l'Audimax de l'université deVienne (le plus grand amphi d'Autriche). La nouvelle de l'occupations'est alors répandue comme une traînée de poudre, et de nombreuxétudiants vinrent prêter main forte.

Ce qui a ainsi commencé comme une protestation spontanée est devenuen moins de huit jours une mobilisation de la quasi-totalité desuniversités autrichiennes ; partout se multiplièrent occupations debâtiments et manifestations. Ainsi l'université de Vienne est-elleoccupée en permanence par plusieurs milliers de personnes – des groupesauto-organisés se chargeant de résoudre les différents problèmeslogistiques, de l'approvisionnement à l'organisation des premierssecours en passant par le soutien juridique ; par ailleurs, unecentaine de groupes de travail thématiques discutent des alternativespossibles, aussi bien en ce qui concerne la politique universitairequ'à propos des problèmes sociaux englobants. Et sept jours après ledébut de l'occupation, une manifestation a rassemblé dans Vienne 40.000personnes – soit l'une des plus grandes manifestations universitairesque l'Autriche ait jamais connue (NdT : l'université de Vienne compteenviron 70.000 étudiants). Et le lendemain, à Graz, la deuxième plusgrande ville autrichienne, des milliers d'étudiants se retrouvaient euxaussi dans la rue.

Les revendications des étudiants sont larges : ainsi ladémocratisation et le financement suffisant des universités sont-ils àl'ordre du jour, aussi bien que le droit de chacun à l'accès àl'enseignement supérieur, ou un quota de 50% de femmes à tous lesniveaux de l'université. De nombreuses organisations, autrichiennes etétrangères, se sont solidarisées avec le mouvement étudiant ; parailleurs, de nombreux enseignants soutiennent les revendications desétudiants. La dynamique de la mobilisation, et le grand nombre de cessoutiens, font que les étudiants sont bien décidés à poursuivrel'occupation des universités, et à mener toute action de protestationnécessaire pour parvenir à leurs fins.

Contact :

mail : internationalpress.unsereuni@gmail.com

tel. : +43 699 1920 3371

http://unsereuni.at/

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Sur Indymedia Toulouse :

Autriche : révolte étudiante contre le processus de Bologne

http://toulouse.indymedia.org/spip.php?article42174

La révolte étudiante en Autriche qui a commencé lasemaine dernière avec l'occupation de l'Ecole d'art de Vienne et quis'est diffusée dans tout le pays est entrée le 29 octobre dans sondixième jour.
Aujourd'hui [1] quatre mille personnes sont descenduesdans la rue à Graz, au sud-est de l'Autriche, pour protester contre ladégradation continue de leurs conditions de vie et d'études. Tôt dansl'après-midi, le hall de la faculté des sciences sociales del'université d'Innsbrück, Etat du Tyrol, a été occupé par desétudiants. Cela signifie que, en ce moment, les salles de lecture etles espaces des principales universités autrichiennes sont occupés parles activistes étudiants. Seule la petite université de Leoben, enStyrie, qui est spécialisée dans les mines, n'est pas atteinteactuellement par la vague de protestation. Le point central del'agitation des étudiants sont les dégradations liées au processus deBologne, un programme de la commission européenne dont le but est delibéraliser le système d'enseignement supérieur dans toute l'Europe.
Dans un mouvement complètement absurde, le gouvernementautrichien a essayé de calmer les protestations mardi en nommant leministre de la science Johannes Hahn candidat autrichien pour lanouvelle commission européenne, probablement pour un portefeuille lié àla science.
Mais mercredi 28 octobre, plus de dix mille étudiantsmanifestaient à Vienne et d'autres villes d'Autriche pour de meilleuresconditions dans leurs universités.
Les militants de l'université de Vienne ont écrit unelettre ouverte au gouvernement, appelant au libre accès àl'enseignement supérieur et à l'augmentation de son financement. Leursprotestations sont une réaction aux plans du ministre des sciences quiveut réintroduire des frais de scolarité et restreindre l'accès auxuniversités.
A côté des cinquante mille manifestants [2] qui ontdéfilé dans la capitale autrichienne, environ cinq cents étudiants ontmarché à travers Salzburg. Les universités de Klagenfurt et Linz sontaussi devenues des lieux de protestation.
Les étudiants occupant la plus grande salle de lecturede l'université de Vienne depuis huit jours ont dit mercredi qu'ilsattendaient une rencontre avec le ministre de la science Johannes Hahn.
"Notre calendrier est flexible, puisque nous ne nous en irons pas", dit la lettre.
En ce moment, Hahn continue à refuser une rencontreavec les occupants de l'université de Vienne. Aujourd'hui le ministreétait seulement prêt à rencontrer Sigrid Maurer, présidente de l'Uniondes étudiants [3], proche de l'Etat, pour une discussion finalementrestée sans résultat.

http://de.indymedia.org/2009/10/264499.shtml

Notes

[1] 29 octobre, ndt
[2] selon les organisateurs, dix mille selon la police
[3] Österreichischer Hochschulverband

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Les étudiants autrichiens revendiquent un enseignement de qualité et gratuit, par Joëlle Stolz (correspondante à Vienne), Le Monde

Article paru dans l'édition du 29.10.09

http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/10/28/les-etudiants-autrichiens-revendiquent-un-enseignement-de-qualite-et-gratuit_1259720_3214.html


"Des parents riches pour tous" : labanderole est accrochée face à l'entrée de l'Audimax, le grandamphithéâtre de l'université de Vienne, devenu en six jours le foyerd'une contestation étudiante contre la dégradation de l'enseignementpublic, qui gagne peu à peu d'autres villes.
Graz et Klagenfurt, dans le sud, Innsbruck et Salzbourg, àl'ouest, connaissent à leur tour l'effervescence des assembléesgénérales et des occupations de locaux, un mode d'action insolite dansun pays attaché au consensus.
Des milliers de jeunes devaient manifester dans la rue, mercredi28 octobre, pour réclamer le droit à un enseignement de qualité ettotalement gratuit, deux exigences que la droite démocrate-chrétiennejuge contradictoires.
"En Autriche, faire grève est tout à fait anormal, pas comme enFrance !", sourit la blonde Katrin, l'une des dizaines de volontairesmobilisés nuit et jour pour organiser une nébuleuse sensible auxmessages postés sur les sites sociaux, Facebook ou Twitter, et auxconsignes données sur le site Unibrennt.at ("l'université brûle").Pourtant, hormis des poubelles incendiées le premier soir, l'ambiancereste sage : le cri de ralliement est "étudier sans entraves".
La dernière poussée de fièvre à l'université remontait à février2000, lors de l'entrée de la droite populiste dans le gouvernement.Cette fois, le malaise naît de l'engorgement de certaines filières, etdes incertitudes sur l'avenir.

Augmentation des inscrits

L'une des cibles des protestataires est le bachelor, cediplôme intermédiaire conforme aux exigences européennes, mais dontbeaucoup craignent qu'il ne les empêche d'accéder au master.

Autre sujet de mécontentement : les "blocs de modules" imposésdepuis cette rentrée, qui rendent très difficile d'étudier de frontdeux matières ; et surtout le manque de crédits et d'infrastructures.La chute de l'université de Vienne, tombée de la 115e place à la 132e dans le récent palmarès international du supplément Times Higher Education, a assombri le climat.

"Il manque aux universités autrichiennes 150 millions d'euros,l'équivalent des droits d'inscription - 365 euros par semestre,introduits par la droite en 2000 - supprimés l'an dernier", souligne Werner Ramuszl,du Parti du peuple, l'ÖVP, la droite démocrate-chrétienne qui a forméen 2008 une coalition avec les sociaux-démocrates du SPÖ. Ces derniersavaient promis à leurs électeurs de rétablir la gratuité complète, uneinitiative que nombre d'experts jugent malvenue dans le contexte de lacrise économique et d'une explosion des déficits publics.

Le nombre d'inscrits a soudain gonflé de 15 %, un phénomène aggravé par l'afflux d'étudiants allemands, les "réfugiés du numerus clausus", qui se heurtent aux barrières instaurées chez eux dans les filières les plus demandées, comme la médecine.

Un des seuls pays européens à ne pas restreindre l'entrée àl'université, l'Autriche a cependant instauré un quota en médecine pourlimiter le nombre d'étudiants étrangers, et défendu jusqu'alors cettemesure contre la Commission européenne.

Beaucoup espèrent que la crise actuelle va permettre de repenser unsystème qui ne peut plus compter sur la seule générosité de l'Etat etse trouve aujourd'hui au bord de l'explosion.

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Mail envoyé par un ancien étudiant erasmus de la Sorbonne (blog du Sorbonnard - 27/10/09):

http://sorbonneengreve.revolublog.com/article-77966-758935-protestations-a-vienne-mail-d-un-ancien-etudiant-eramus-de-la-sorbonn.html

Jeudi,le 22 octobre 2009, quelque chose d'inattendu s'est passée: Descentaines d'étudiants et d'étudiantes ont occupé l'Auditorium Maximum,la plus grande salle de l'Université de Vienne. Des nombreuxprofesseurs, associations et citoyens de toutes tranches d'âges s'estsolidarisé avec eux. La cible de tous: attirer l'attention et éléver lavoix pour un changement! Le changement exigé des étudiants etétudiantes autrichiens/autrichiennes est celui d'abolir le nouveausystème universitaire BA/MA et PhD, qui comporte plus de désavantagesque des avantages. Les protestations durent jusque'à ce moment-là, etsont censées faire grand bruit dans toute l'Europe. (http://unsereuni.at/)
Les conditions du systeme d'éducation sont insupportables!
Leprocessus de Bologne provoque de plus en plus une économisationd'éducation. C'est à dire, que l'université deviendra une entrepriseprivée au lie d'une institution éducative.
Les universités à Vienne ont déjà été mobilisées. On est en train de squatter l'université centrale et on vit la résistance.
Nous appelons à toutes les universités d'Europe d'agir en montrant la solidarité et la résistance!

On exige: 
• d'avoir des fonds suffisants pour que chacun/e puisse étudier
• d'avoir l'accès libre et pas de restriction
• une démocratisation véritable
• de pouvoir vivre et étudier librement
• d'avoir l'accès libre aux études de Master
• l'enseignement et la recherche indépendents 
• d'abolir les conditions du travail précaires
• la possibilité de choisir la matière facultative soi-même

On appele à toutes les facs d'Europe et de partout d'organiser des manifestations, le 28. Octobre 2009 !!!!