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Don Quichotte avant Don Quichotte ? Les récits de chevalerie du XIVe au XVIe s. en France, Italie et Espagne: production et réception (Paris)

Don Quichotte avant Don Quichotte ? Les récits de chevalerie du XIVe au XVIe s. en France, Italie et Espagne: production et réception (Paris)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Maud Pérez-Simon)

Don Quichotte avant Don Quichotte ?

Les récits de chevalerie du XIVe au XVIe s. en France, Italie et Espagne: production et réception

S’il y a un type de récit qui semble attaché au moyen âge, c’est sans aucun doute le récit de chevalerie. À la croisée de l’histoire et de la fiction, le récit chevaleresque se développe à partir du XIIe siècle, son succès ne se démentira pas jusqu’au XVe, voire au XVIe siècle et cette mode littéraire se répandra dans l’Europe tout entière.

Du XIVe au XVIe siècle, il connaît toutefois des inflexions intéressantes. D’une part, ses liens avec l’histoire deviennent plus étroits. Les récits reflètent ou intègrent la réalité historique, les récits historiques empruntent de plus en plus aux fictions chevaleresques. Des personnages historiques (Du Guesclin, Boucicaut, Jacques de Lalaing, ou Bayard au XVIe s.) font l’objet de biographies héroïques rappelant étrangement les romans de chevalerie contemporains (Gillion de Trazegnies, Gilles de Chin, Tirant lo Blanc). Des motifs fictionnels pénètrent les chroniques et les histoires universelles dont le chevalier peut devenir l’auteur ou l’agent (voir La Bouquechardière de Jean de Courcy), ou dont les héros sont conformes aux chevaliers du temps (voir la cinquième mise en prose du Roman de Troie). Des personnages historiques d’époques plus lointaines (on pense au cycle de Jean d’Avesnes dont Saladin est le descendant) en revanche deviennent des personnages de nouvelles fictions.

D’autre part, s’introduit dans certains récits (on pense à Jean de Saintré, au Livre du Cuer d’amour espris, voire à Tirant lo Blanc, Curial et Guelfe) une distance critique dont il faudra évaluer la nature et le degré (inquiétude, scepticisme, ironie) et qui conduira Cervantès à rejeter cet héritage. Certes, cette condamnation du roman de chevalerie est plus nette au XVIe siècle. La manière dont Rabelais a repris, déformé et moqué le récit chevaleresque vient immédiatement à l’esprit. Montaigne de son côté condamne la lecture des romans de chevalerie, ce « fatras de livres, à quoy la jeunesse s’amuse. » Jodelle , Jean Maugin, Ronsard, Amyot, alors même qu’ils les lisent, se défient de l’imagination débridée qui s’y donne parfois cours. Les défenseurs des nouveaux romans italiens comme l’Orlando Furioso doivent répondre à ceux qui ne voient que songes creux et pernicieux dans ce type de littérature. Mais il faudrait examiner si ces réserves se manifestent plus tôt et sans doute d’une manière plus implicite. L’effort pour rapprocher le roman de chevalerie de la biographie historique ou pour introduire des motifs chevaleresques à l’intérieur de genres qui leur sont éloignés ne sont-ils pas un moyen de garantir le sérieux des récits chevaleresques ? Les récits chevaleresques du XVe siècle ne sont-ils pas tentés de réaliser la séparation entre arma et amor, les deux piliers de la vie du chevalier ?

Les XVe et XVIe siècles semblent partagés entre le plaisir de la fiction, et d’une fiction de plus en plus affichée, et l’inquiétude de voir sombrer l’idéal chevaleresque dans un imaginaire voué à distraire femmes et bourgeois. Cette tension se discerne dans la mode des pas d’armes si répandue en Espagne et en Bourgogne, mais aussi en France, au XVe siècle. Jeux pleins de fantaisie et d’excès, les pas d’armes n’en conservent pas moins une dimension sociale et politique très forte dans laquelle la chevalerie continue d’affirmer ses valeurs et la nécessité de les promouvoir par des récits.

Nous nous proposons d’étudier le récit de chevalerie en France, en Bourgogne, en Italie et en Espagne parce que le cheminement, entre ces pôles géographiques, des chevaliers réels aussi bien que des textes, via les traductions et les emprunts, les rend étroitement solidaires. Il nous paraît de même important de proposer un empan chronologique qui va du XIVe au XVIe siècle pour voir naître et éclater ce qu’on peut oser appeler la « crise » du récit chevaleresque.

 

Mercredi 30 mai

14h

Accueil des participants

Laurent Creton, Président du Conseil Académique, Vice-Président Recherche

Christiane Veyrard-Cosme, directrice du CERAM, EA 173

Catherine Croizy-Naquet et Michelle Szkilnik, co-directrices du CEMA, EA 173

Traduire et acculturer

 

Président de séance : Nancy Oddo (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3)

14h30

Nicola Morato (Université de Liège)

La tradition italienne du roman de chevalerie dans le miroir du Don Quichotte. Considérations sur l’histoire des textes et sur les voies de la critique.

 

15h00

Anna-Maria Babbi (Université de Verona) 

La fortune du « Guerrin Meschino » en France : la traduction de Jean de Rochemeure.

 

15h30

Discussion

 

15h45 Pause

 

Président de séance : Maria Colombo (Université Paris-Sorbonne)

16h15

Lidia Amor (Université de Buenos Aires-CONICET)

De l’Histoire d’Olivier de Castille et Artus d’Algarbe à La historia de los nobles caualleros Oliveros de Castilla y Artus d’Algarbe : les transferts culturels entre les récits chevaleresques français et castillans lors d’une traduction littéraire.

 

16h45

Juan Manuel Lacalle (Facultad de Filosofía y Letras, Universidad de Buenos Aires)

 Le regard sur l’autre dans L’histoire d’Olivier de Castille et Artus d’Algarbe et dans La historia de los nobles caualleros Oliveros de Castilla y Artus d’Algarbe. Une approche comparée.

 

17h15

Discussion

 

Jeudi 31 mai

Renouveler le genre

 

Président de séance : Olivier Biaggini (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) 

9h30

Carlos Heusch (ENS Lyon)

Le Libro del caballero Zifar, premier récit chevaleresque castillan.

 

10h00

Ferlampin-Acher Christine (Université Rennes II) 

Arthur après Arthur, Don Quichote avant Don Quichote : Artus de Bretagne (c. 1300) et le roman de chevalerie.

 

10h30

Discussion

 

10h45 Pause

Président de séance : Florence Bouchet (Université Toulouse Jean Jaurès)

11h15

Géraldine Toniutti (Unil Lausanne-Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3)

La mise en roman de pas d’armes : le cas du Roman du Hem.

 

11h45

Zrinka Stahuljak (Université de Californie, Los Angeles) 

L’Empire des livres: Imagination, matière d’Orient, et archive du possible aux Pays-Bas bourguignons.

 

12h15 discussion

Repenser les modèles I

 

Président de séance : Jacqueline Cerquiglini (Université Paris-Sorbonne)

14h30

Rosalind Brown-Grant (Université de Leeds)

Fraternité et chevalerie dans la mise en prose bourguignonne de Florence de Rome (Chantilly, Bibliothèque du château, ms. 652).

 

15h00

Pénélope Cartelet (Université Lille 3)

D’une nouvelle qualité chevaleresque : l’humour de Don Brianel de Macédoine dans l’Historia del magnánimo, valiente e invencible Caballero don Belianís de Grecia de Jerónimo Fernández (1547).

 

15h30

Discussion

 

15h45 Pause

 

Président de séance : Mireille Séguy (Université Paris VIII-Vincennes-Saint Denis)

16h15

Marie-Christine Payne (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) 

“Dieu, qui peuent estre ces chevaliers mal aprins...” : Une critique féminine de la chevalerie dans le Roman de Perceforest ?

 

16h45

Sarah Cals  (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) 

Nouveau Tristan (Jean Maugin, 1554), nouvelles émotions ?

 

17h15 discussion

 

[Dîner]

Vendredi 1er juin

Repenser les modèles II

 

Président de séance : Philippe Guérin (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3)

9h00

Giulia Murgia (Université de Cagliari)

La Tavola Ritonda : le joug et le jeu de la chevalerie.

 

9h30

Jane H. M. Taylor (Durham University)

“Desvoyé de la droitte voye ...”: Gadifer de La Salle, Jean de Béthencourt  et Le Canarien.

 

10h00

Discussion

 

10h15 Pause

 

Relire le récit chevaleresque

 

Président de séance : David Alvarez (Université Jules Vernes-Amiens)

10h45

Véronique Duché (University of Melbourne) 

Le Huitiesme Livre d’Amadis, ou la fin d’une aventure.

 

11h15

Rafael Beltran (Université de Valencia) 

Du chevalier Tirant au chevalier Quichotte: entre le détachement ironique et la critique humaniste des récits de fiction.

 

11h45

Francesco Montorsi (Université de Zurich)

Faut-il croire au roi Arthur ? Le témoignage du XVIe siècle.

 

12h15

Discussion

 

Colloque international organisé par le CEMA (CERAM-EA 173), avec le soutien de la Commission de la Recherche et de la Commission des Relations Internationales et de l'ED120 de la Sorbonne Nouvelle, ainsi que de la Société Arthurienne Internationale et de la Société Internationale de Littérature Courtoise

Organisatrices : Catherine Croizy-Naquet, Michelle Szkilnik