Université Paul Verlaine – Metz
Appel à communications
Colloque international / 1-3 octobre 2009
Dislocation culturelle et construction identitaire
en littérature et dans les arts
Organisé par l'équipe
« Littératures et production identitaire en contexteinterculturel »
du
Centre de recherche Ecritures
Le but de ce colloque est d'explorer les aspectsidentitaires des littératures contemporaines,
qui se développent dans des contextes de plus en plusinterculturels. De se pencher plus
particulièrement sur les textes et les oeuvres d'artd'Afrique, des Caraïbes, des Amériques – et
de leurs diasporas. Sont concernées les littératures dites «post-coloniales », même si ce terme
n'est pas toujours approprié en parlant des continentsaméricains, où la période coloniale est
bien lointaine. Il est évident que le phénomène de lamondialisation tend à intensifier les
relations non seulement le long des chemins battus entretelle nation du Sud et son
« partenaire historiquement privilégié » au Nord, mais aussià l'intérieur des continents
respectifs. Ainsi, la création de l'Union Européenne et deson espace interne sans frontières
suscite une circulation extraordinaire tant intra-européennequ'internationale : il n'est pas rare
aujourd'hui de voir des fratries de Français, d'Italiens, deSénégalais ou de Brésiliens
éparpillées entre Finlande et Sicile, entre Irlande etPologne, pour ne mentionner que
l'Europe. Il faut donc constater que le phénomène de «dislocation » – géographique,
linguistique et culturelle – a pris des dimensions trèsvastes et acquis une complexité
inimaginable il y a encore vingt ans.
Qui dit « dislocation » évoque déplacement, déboîtement,désarticulation, dispersion,
dépossession, démembrement, désagrégation, dissolution,désunion… Autant de termes dont
les connotations sont a priori négatives et on ne doute pasque les conséquences existentielles
de dislocations, plus ou moins souhaitées selon lesindividus concernés, puissent être au
moins aussi pénibles que potentiellement exaltantes. Ainsi,beaucoup d'attention a déjà été
portée aux difficultés provenant de diverses formes dedislocations culturelles, susceptibles de
se décliner en termes de diglossie, de bi(multi)linguisme,de vécu bi(multi)culturel, de
métissage, d'exil, de fracture idéologique, de déchirurepsychique, de sentiments d'aliénation,
de marginalisation, etc. Mais au-delà des questions deconstruction d'identité individuelle
dans ces situations de dislocation complexe, on relève aussiune effervescence d'ordre culturel
aboutissant à des productions littéraires et artistiquesnouvelles, fruits de déplacements et de
transferts inédits.
Il s'agit donc pour nous d'explorer l'effet de cesphénomènes de dislocation sur la production
littéraire et artistique dans des situations interculturelles.L'important n'est pas simplement
d'examiner la façon dont un individu ou une communauté «déplacé(e) » compense la perte de
son ancrage dans la culture d'origine, mais d'étudiercomment ces déplacements font émerger
de nouvelles problématiques, de nouvelles pratiques. C'estdans l'écart produit par la
dislocation et répercuté dans la recherche, voulue ou non,d'une nouvelle approche de la
représentation de soi que se trouve l'intérêt de cessituations. Particulièrement importante est
l'idée que c'est la production ou la mise en évidence d'unecontradiction qui constitue la
richesse de la notion de dislocation. Plutôt que deconsidérer la littérature produite dans des
contextes de déplacement et d'interculturalité comme, selonles termes de Maria-Benedita
Basto, « un dispositif… porteur et constitutif d'uneidentité communautaire prédéfinie », nous
aborderons le rapport entre littérature et identité dans laperspective de « l'effet désordonnant
de l'écriture littéraire » décrit par Jacques Rancière. Ce sontles ondes de choc créées par ces
dislocations qui nous intéressent.
A titre d'exemple, la production d'effets d'oralité dans lafiction, la poésie et le théâtre de
diverses régions du monde (comme l'Afrique, la Caraïbe)induit des pratiques qui modifient
le rapport entre les communautés représentées et les publicsvisés. Le succès de la musique
jamaïcaine (dub et reggae) dans les années 70 et 80 a donnéà l'oralité de la poésie jamaïcaine
une portée bien plus grande que n'aurait pu avoir la poésietoute seule. La même remarque est
valable pour le rap américain, qui a modifié la notion de «communauté » par sa diffusion et
sa popularité. Le rappeur belge Baloji, qui parle de sonidentité « afropéenne » est un exemple
récent d'une dislocation, à la base géographique, qui adonné des accents particuliers à son
interprétation du rap et modifié son rapport à l'Afrique.Dans le domaine des arts graphiques,
les fresques, graffiti et peintures murales créés par lesChicanos aux Etats-Unis relèvent d'une
problématique similaire. C'est l'idée même de lieu («location » en anglais) qui se trouve
disloquée, déplacée, ouvrant de nouveaux espaces decréativité.
Si les littératures sont au centre de nos recherches, lesapproches interdisciplinaires
(sociologiques, anthropologiques, philosophiques,linguistiques…) ainsi que des contributions
sur les arts ou l'architecture, inscrites dans laproblématique, seront bienvenues.
Les panels envisagés sont les suivants :
1. Les vecteurs (génériques, esthétiques, culturels : exemples: cinéma, modernisme,
oralité)
2. Les paramètres : temps et espace, la spatialisation de latemporalité
3. Les champs littéraires/artistiques
4. Les transformations et subversions génériques
5. Antinomies marquées et antinomies résolues ou dépassées
Langues
Les communications (d'une durée maximum de 25' et d'unelongueur maximum de 25000
signes, espaces compris, pour la publication) pourront êtrefaites en français, anglais,
espagnol et italien. Une traduction informelle de ladiscussion sera assurée à partir de/vers
ces langues pendant le colloque.
Calendrier
Les propositions de communication (env. 250 mots/1500signes) sont à envoyer avant le 15
février 2009 aux trois coordinateurs du colloque, indiquésci-dessous.
Les auteurs des propositions retenues par le comitéscientifique seront avisés avant le 3 avril
2009.
Ils seront priés de fournir un résumé (env. 1 page/2500signes) en français de leur
communication avant le 1er septembre 2009, pourl'établissement du programme définitif.
Kathie Birat ( birat@univ-metz.fr )
Charles Scheel ( scheel.charles@univ-metz.fr )
Brigitte Zaugg ( zaugg@univ-metz.fr )