Le GADGES propose un colloque autour des rapports entre discours politique et genres littéraires.
[pages associées: appel à contribution, actes parus dans les Cahiers du GADGES n°6]
A partir du XVIe siècle, en effet, divers facteurs contribuent à modifier profondément les relations de la sphère politique et de la littérature :
-les guerres de religion favorisent la circulation d'une littérature partisane. La littérature fait valoir son pouvoir subversif ; elle inspire les écrits de particuliers (mémoires, textes pamphlétaires), multiplie images ou contre images de l'Etat.
-un renouveau de la réflexion politique : il se porte en particulier sur l'institution des monarques (miroirs des princes, littérature d'éducation…) ; il soutient l'affirmation de l'absolutisme royal dans la mesure où la monarchie encourage et met en scène une littérature de représentation, pour ne pas dire de propagande. Il permet l'émergence de l'utopie…
-le développement d'un mécénat royal : Académies, historiographies, vocation des écrivains à mettre en forme la politique des Princes et des Princes à organiser le régime des Lettres.
-le désir des souverains d'être aussi des lettrés et de façonner le modèle d'un despotisme éclairé.
-l'influence de courants philosophiques, spirituels ou moraux (platonisme, machiavélisme, libertinage, jansénisme, augustinisme…) qui pénètrent à la fois la théorie politique et l'invention littéraire…
Les Lettres acquièrent donc un nouveau statut auprès des souverains qui cherchent à les utiliser pour servir leur prestige et orchestrer leurs stratégies d'effets de pouvoir. Les hommes de lettres, quant à eux, aspirent à devenir les conseillers des princes, à prendre part à la politique voire, dans le contexte de l'absolutisme, à en redessiner les contours, à en préparer les réformes, et jusqu'à en contester l'ordre.
Il est sans doute possible de distinguer une littérature ouvertement politique (littérature d'idées) et une littérature qui ne l'est qu'indirectement. La première, où l'intention politique de l'auteur prime sur toute autre considération et ordonne la forme dans laquelle il s'exprime, privilégie certains genres : discours, essais, traités, contes et romans philosophiques… Le propos de la seconde n'est pas ouvertement politique mais l'écrivain en présentant un jugement sur le monde, sur la société et son organisation, sur le pouvoir, donne au discours une signification politique (dans la fable, par exemple). L'oblicité, l'implicite, l'ironie, toutes les configurations de l'indirect sous-tendent alors souvent la mise en oeuvre de ce type d'engagement politique.
Le colloque proposé par le GADGES voudrait ainsi enquêter sur le dialogue entre discours politique et genres littéraires, en fonction de plusieurs lignes de force :
-Pourquoi le discours politique investit-il le domaine des lettres ?
-Selon quelles modalités, quelles nécessités et quelles finalités ?
-En quoi la pensée politique a-t-elle besoin de la littérature mais aussi que vient chercher la littérature en s'intéressant au discours politique ?
Les actes de ce colloque seront publiés dans le cadre des Cahiers du Gadges.
Programme
Lundi 25 septembre : Littérature du XVIe siècle
Matin
9h30 Accueil des participants. Ouverture du colloque par Monsieur le Président de l'Université Lyon 3 Guy Lavorel
Présidence
Marie-Hélène Prat, Université Lyon3
10h00 Pierre Servet, Lyon3, “Théâtre et utopie à l'aube de la Renaissance”
10h30 Nicolas Cremona, Paris III, “Les formes comiques de l'écriture poétique. Le cas des Descentes aux enfers”.
Présidence
Frank Lestringant, Université Paris IV
11h30 Daniel Ménager, Paris X, “L'art du naturel et sa signification politique dans les Discours des misères de ce temps de Ronsard
12h00 Olivier Pot, Université de Genève, “La pastorale réformée et la politique : autour de Simon Goulart”.
Présidence
Daniel Ménager, Université Paris X
14h30 Tatiana Debaggi-Baranova, Paris IV, « Le genre épistolaire au service du discours politique pendant les guerres de religion ».
15h Jean-Raymond Fanlo, Aix-Marseille I, « Discours politique et genres littéraires dans les pamphlets protestants après la Saint-Barthélémy
15h30 Marie-Madelaine Fragonard, Paris III, « Où et comment peut-on être ligueur en 1594 ? »
Présidence
Marie-Madeleine Fragonard, Université Paris III
16h30 Fabienne Dumontet, E.N.S. Lyon, “Cité des homes, cite divine, les commentaires au traité du De Civitate Dei de saint Augustin en circulation au XVIe siècle”.
17h Frank Lestringant, Paris IV, “Célébration du prince et renouvellement du genre historique : L'Histoire des Neuf Roys (Charles de Françon de Belleforest)”.
17h30 Nancy Oddo, Paris III, “Vie de saint et “vraye reigle de Roy “: hagiographie et politique à travers l'Histoire de Barlaam et de Josaphat (1574-1642)”.
Mardi 26 septembre : Littérature du XVIIe siècle
Présidence
Sabine Gruffat, Université Lyon 3
9h Claire Cazanave, Académie de Paris, L'honnêteté au service de la controverse : les dialogues protestants à la veille de la révocation de l'Édit de Nantes
9h30 Jean-PierreLandry, Lyon 3, Sermon et politique : l'exemple de Bourdaloue.
10h00 Pauline Chaduc, Paris IV, Conseils au prince ou discours de direction ? Étude de quelques textes politiques de Fénelon.
Présidence
Patricia Gauthier, Universté de Poitiers
11h00 Olivier Leplatre, Lyon 3, Ekphrasis et politique : le Traité de morale pour l'éducation des princes tiré des peintures de la galerie de Saint-Cloud de l'abbé de Morellet .
11h30 Eric Tourrette, Lyon 3, La Bruyère et la science des détails
12h Arnaud Welfringer, Académie de Paris, Le livre XII des Fables : un traité d'éducation de prince ?
Présidence
Jean-Pierre Landry, Université Lyon 3
14h30 Lise Michel, Université d'Arras, Politique et politique de tragédie : les discours sur la révolte (1630-1650)
15h Bruno Tribout, University of Ireland, Cinna et la question de la clémence dans la littérature politique sous Louis XIII
Présidence
Olivier Leplatre, Université Lyon3
16h00 Romain Jobez, Université de Poitiers, Quand la politique se saisit du théâtre : Ratio Status (1668).
16h30 Patricia Gauthier, Université de Poitiers, Roman comique et discours politique. L'exemple du Franion, du Roman comique et du Roman bourgeois