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Discours juridique et littérature amoureuse

Discours juridique et littérature amoureuse

Publié le par Marielle Macé (Source : Jean-Pierre Dupouy)

Discours juridique et littérature amoureuse.

Colloque, Brest, 13 et 14 octobre 2011.

La littérature nous a toujours conté les rencontres amoureuses entre un homme et une femme, les liens qui les unissent par amour ou par raison d'état. Dans leurs gestes se reflètent souvent des rituels informés des moeurs, voire du droit, à peine reconnaissables sous la plume d'un écrivain condensant dans son langage poétique tout ce que symbolise un tel acte individuellement et socialement crucial.

Quand le mariage lui-même devient objet de réflexion et qu'il donne lieu à des changements dans le droit canonique, puis dans le droit royal, quand les tensions et les luttes d'interprétation et de compétence vont en augmentant, les poètes se saisissent d'autant plus de la question en lui donnant un langage qui camoufle le discours juridique. Les manières dont la littérature se greffe sur ce discours sont nombreuses:

  • il peut être au service de l'intrigue, par exemple en fondant une légitimité proclamée par le texte littéraire
  • il peut lui-même devenir le sujet d'un texte littéraire qui discute ouvertement des questions concernant les liens interpersonnels  ou qui invente des intrigues capables d'illustrer ou de malmener un article particulier (enlèvements, empêchements, mariage à la Gaulmine)
  • il peut également être le moyen privilégié de développer une intrigue, des caractères ou des sentiments
  • enfin, le discours juridique peut prêter une forme (tribunal, plainte, plaidoyer, arrêt, ordonnance...) à l'expression littéraire de l'amour. C'est ainsi que, dans la tradition des Arrêts d'Amour de Martial d'Auvergne (savamment commentés par le juriste Benoît Lecourt) et des Droits nouveaux de Guillaume Coquillart, le discours amoureux emprunte au droit - entre sérieux et humour, de l'injonction morale à l'obscénité cryptée - ses modes de codification. Et lorsque la poésie pétrarquiste est produite par des écrivains-juristes (comme Louis Le Caron ou Etienne Pasquier), elle ne peut échapper à une contamination des formes judiciaires, la maîtresse tant redoutée prenant, sur la scène d'un procès imaginaire, la figure de l'accusatrice qui serait aussi un juge sans appel. 

C'est sur ces croisements entre codes juridiques et codes littéraires, du Moyen Age à l'époque classique, que le colloque aura à s'interroger, pour essayer d'en préciser les diverses modalités et finalités.

Les propositions sont à envoyer aux adresses suivantes: gabriele.ribemont@univ-orleans.fr , dupouy@univ-brest.fr