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Dire la catastrophe

Dire la catastrophe

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Dimitri Julien)

Dire la catastrophe

Mardi 2 avril 2013

17h-19h30

 

Maison Européenne des Sciences de l’Homme et de la Société, Lille (Salle 2)

 

Organisateurs :

- Dominique Dupart (Alithila, Lille 3) : dupartdominique@gmail.com

- Mélanie Traversier (Irhis, Lille 3) : melanie.traversier@wanadoo.fr

 

En charge de l'édition et de l'organisation : Dimitri Julien (stagiaire master 2 de lettres modernes, Lille 3) : dimitrijulien@laposte.net

 

Secrétaires de séance : Dimitri Julien et Romain Bohet.

Invités : Brice Gruet (Maître de conférences en géographie à l’université Paris-Est Créteil), Camille de Toledo (Ecrivain, vidéaste, musicien et photographe), Dominique Viart (Professeur en Littérature française, Lille III).

Répondant : Yves Baudelle (Professeur en Littérature française, Lille III).

 

 

Brice Gruet - Comme une icône brûlante : la réalité multiple des volcans italiens

Bio-bibliographie : Brice Gruet est maître de conférences à l’UPEC. Ancien pensionnaire de la Fondation Thiers, il se consacre essentiellement à la géographie historique et culturelle. Ses thèmes de prédilection concernent la ville, le patrimoine et les catastrophes naturelles, en Italie essentiellement et dans le monde méditerranéen en général. Ses recherches actuelles portent le sacré et la modernité. Il travaille pour une habilitation à diriger les recherches sur la protection contre les catastrophes à Naples à l’époque actuelle, et notamment sur l’intercession de san Gennaro. Il est rédacteur et directeur artistique de la revue la Géographie et co-fondateur avec Gilles Fumey du site geographica.net. Brice Gruet a publié la Rue à Rome, miroir de la ville. Entre l’émotion et la norme, en 2006. Auparavant, il a participé à la collection Terre des Villes, chez Belin, notamment sur les volumes consacrés à Naples et Rome. Enfin, un ouvrage sur l’éruption du Monte Nuovo, en 1538, est sous presse au PUBP.

Résumé de l’intervention : Les volcans tels que le Vésuve, le Stromboli ou l’Etna font partie intégrante de l’histoire et des paysages italiens et européens depuis l’Antiquité. Ils ont très fortement stimulé l’imaginaire artistique, littéraire et scientifique, jusqu’à nos jours. En rapport avec les volcans d’Europe et du monde, les “montagnes de feu” italiennes brouillent les frontières entre raison et déraison, rêve et explication, art et science ou même nature et culture. C’est cet entre-deux qui servira de point d’appui à notre parcours entre plusieurs genres : peinture, littérature, science et philosophie s’entremêlent allègrement pour laisser deviner une “icône brûlante”, c’est à dire une image qui se consume comme elle consume l’imaginaire de celui qui la regarde.

 

Camille de Toledo - La chute de Fukuyama. Un opéra pour une catastrophe

Bio-bibliographie : Né en 1976, Camille de Toledo est écrivain et plasticien. Il a fait ses études à Londres – LSE – puis à New York (Tisch School). Il a publié aux éditions Verticales L’inversion de Hieronymus Bosch (2005) et Vies et mort d’un terroriste américain (2007), qui font partie d’une tétralogie romanesque sur l’ersatz et la duplication du réel. En 2004, il obtient la bourse de la Villa Medicis pour son travail vidéo, Racontez-nous, Anna, et littéraire. Il est l’auteur de trois essais esthétiques et politiques dont Le Hêtre et le Bouleau, essai sur la tristesse européenne (Seuil, 2009). Son travail dans l’entre-des-langues emprunte à plusieurs genres : poème, chant, roman. Camille de Toledo emploie le terme d’« esthétique du vertige » pour qualifier ses écritures. En 2011, il signe Vies pøtentielles (Seuil), un roman fragmentaire où s’affirme le thème de la transmission. L’année suivante, est publié un long poème autour du massacre d’Utøya : L’Inquiétude d’être au monde (Verdier, 2012). Dans son travail de vidéaste et de photographe, Camille de Toledo explore des « strates » de fictions dans lesquelles il excave une forme très picturale. Ses vidéos expérimentales (série du « cinéma pauvre ») ont été présentées à la Femis (2008) et à la Ménagerie de Verre (2012), mais aussi (2002) au Festival de Cannes dans la sélection court-métrage. Cette année, mêlant son travail d’écrivain et de vidéaste, il a imaginé  le livret et les vidéos de l’opéra La Chute de Fukuyama dont la première mondiale a lieu salle Pleyel à Paris le 29 mars 2013.

(Site personnel : http://toledo-archives.net/)

Résumé de l’intervention : Camille de Toledo évoquera la genèse et la création de l’opéra “La Chute de Fukuyama” (création le 29 mars 2013, Paris) dont il a conçu le livret et les vidéos. La musique est de Grégoire Hetzel.
La Chute de Fukuyama s’impose comme un travail sur l’irreprésentable, la catastrophe et le rapport de l’homme à l’Histoire. Le temps de l’opéra se déploie simultanément avant, après, pendant les attentats du 11 septembre 2001. Entre le rêve d’une paix éternelle et le retour de la guerre, entre la mémoire du 20e siècle et la fiction générale du 21e siècle. Dans plusieurs aéroports du monde, le trafic est interrompu. Les derniers vols se posent. Les voyageurs attendent. Lieux par excellence des flux, les halls d’enregistrement se figent. Les déchets de repas, les rebuts de l’attente s’accumulent. En plusieurs langues, les voyageurs suivent l’Histoire se dérouler au loin, sur les écrans-plasma devant lesquels ils errent. Entre effroi, bégaiement et folie, ils méditent sur les premières années du 21e siècle : années de la guerre, où le réel a pris la forme d’une fiction totale. Ils voudraient agir sur l’Histoire, s’y relier, mais ils ne peuvent rien.

Voir le site : http://chutedefukuyama.com/

 

Dominique Viart - Vers une poétique spectrale de l'Histoire

Bio-bibliographie : Essayiste et critique, membre de l’Institut Universitaire de France, professeur à l’Université Lille  3, Dominique Viart co-dirige la Revue des Sciences Humaines. Ses travaux portent sur les écritures narratives et poétiques depuis la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à nos jours. On lui doit notamment d’avoir développé l’étude de la littérature contemporaine dans la recherche universitaire française et créé à cet effet plusieurs revues et collections scientifiques, dont Ecritures contemporaines (Minard-Lettres modernes), Perspectives (PU du Septentrion)  et Ecrivains au présent (Bordas puis Armand Colin).

Auteur de livres sur Jacques Dupin, Claude Simon, Pierre Michon, François Bon, le roman au 20e siècle, sur la poésie moderne et sur la littérature contemporaine (La Littérature française au présent, avec B. Vercier, Bordas, 2005, rééd. augmentée 2008), il a dirigé de nombreux ouvrages collectifs parmi lesquels : Littérature et sociologie (avec D. Rabaté et P. Baudorre, 2007) ; Ecritures blanches (avec D. Rabaté, 2009) ; Nouvelles écritures littéraires de l’Histoire (2009) ; François Bon, éclats de réalité, (avec J.B. Vray, 2010) ; La Littérature française du 20e siècle lue de l’étranger (2011).

Viennent de paraître : Fins de la littérature, tome 1 : Esthétiques et discours de la fin ; tome 2 : Historicité de la littérature contemporaine (avec L. Demanze, Armand Colin, 2012) et Ecrire le présent (avec G. Rubino, Armand Colin, 2013).

Résumé de l’intervention : La présente contribution voudrait interroger la naissance et le développement, dans la période contemporaine, d’une forme romanesque particulière, que je propose d’appeler « fictions post-apocalyptiques », et dont la littérature donne de nombreux exemples. Contrairement à ce que l’on pourrait croire en suivant le trajet de Volodine, elle n’aurait pas sa seule source dans un certain usage de la « science-fiction », mais proviendrait d’une manière particulière de dire l’Histoire après les catastrophes du XXe siècle. Récit des camps et terreur atomique s’y combinent à une pratique singulière de l’écriture qui relève de l’image obsédante et de la métaphore cataclysmique telles qu’on les rencontre déjà chez Claude Simon, donnent lieu aux figures erratiques des Pièces de guerre d’Edward Bond et du Théâtre de la mort de Kantor, aux voix errantes de Gaudé (Cris) et de Kermann (La Mastication des morts) et finissent par susciter des fictions entièrement organisées sur ces principes combinés (chez Nicole Caligaris et chez Antoine Volodine par exemple).

Un progressif désancrage de l’Histoire événementielle y signe le double affranchissement du discours des historiens et du roman historique au profit d’une méditation d’une autre nature, a-représentative et délibérément non-réaliste, qu’il s’agira de définir non pas seulement d’un point de vue thématique mais en analysant ce qui relève d’une poétique spectrale.