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Appels à contributions
Diderot, la religion, le religieux (Paris)

Diderot, la religion, le religieux (Paris)

Publié le par Romain Bionda (Source : Marc Buffat)

Colloque international « Diderot, la religion, le religieux »
Université Paris-Diderot, 3-4 octobre 2019

Colloque organisé par la Société Diderot, l’Université Paris-Diderot (CERILAC-EA4410 et axe THELEME), l’Université de Lorraine (Écritures-EA3943) et l’Université de Picardie


Appel à communications
Sous cet intitulé volontairement général et résolument monographique, le colloque souhaite éclairer les enjeux d’une question qui n’a jamais donné lieu à une exploration d’ensemble. Si l’on conçoit que son matérialisme athée ait empêché qu’il y ait pour Diderot des études comparables à la célèbre somme offerte par René Pomeau sur La Religion de Voltaire (Nizet, 1956), on peut néanmoins s’étonner que les rapports du philosophe langrois au religieux, à la religion et aux religions, aient suscité relativement peu de travaux.

On connaît la célèbre formule de la Promenade du sceptique (1747) : « Imposez-moi le silence sur la religion et le gouvernement et je n’aurai plus rien à dire. » Encore faut-il s’entendre : il ne s’agit pas tant de revenir sur les positions idéologiques  de Diderot que de mesurer l’importance de la place de la religion dans sa trajectoire et dans son œuvre, sans minimiser la satire anticléricale, la critique du « code » religieux ni les ruses du discours hétérodoxe, mais sans non plus s’y limiter a priori. On examinera ainsi à nouveaux frais les attitudes diderotiennes à l’égard de la religion, du religieux et des régimes de la croyance.

 Trois séries de questions pourraient notamment être envisagées :

1/ Quels sont  les modes de présence de la religion dans le discours de Diderot, les formes de son hostilité, mais aussi de sa curiosité ? Comment celle-ci se manifeste-t-elle ? Comment prend-elle en compte la diversité et l’historicité des confessions, des rites, des dogmes, de la morale religieuse ? La fiction interroge-t-elle de manière spécifique la croyance et ses mécanismes ? Ces derniers ne sont-ils pas « genrés » ? On pourra également considérer les relations, complexes, de Diderot à la Bible.

2/ Quels sont les rapports de Diderot à la religion en tant qu’institution sociale ? Dans l’esprit du colloque Voltaire et ses combats, organisé et publié par Ulla Kolving et Christiane Mervaud (Voltaire Foundation, 2 vol., 1994), on pourra notamment éclairer ses démêlés avec l’église et la censure ecclésiastique, les antiphilosophes, les jésuites et les jansénistes, son attitude vis-à-vis des convulsionnaires et des miracles et, plus largement, son rapport à la tolérance et au fanatisme. On sait de quel potentiel poétique Diderot a chargé le phénomène religieux en tant que producteur d’états-limites. La « beauté convulsive » de La Religieuse (Jean Sgard) existerait-elle sans la puissante empreinte de la crise convulsionnaire sur les esprits du temps, et sur Diderot en particulier ? On sera ainsi sensible à l’esthétique du corps religieux dans les Salons.

3/ Plus largement, quelle est la sensibilité diderotienne au religieux ? Dans quelle mesure, par exemple, peut-on parler d’un idéal de croyance, investi dans la question de l’immortalité et de la postérité ?  « L’amour, l’amitié, la religion, sont à la tête des plus violents enthousiasmes de la vie » (Lettre à S. Volland, 24 juillet 1762). N’y a-t-il pas pour Diderot une religiosité qui s’étend à bien des domaines autres que la religion ? Et quel serait, ici, l’enjeu de stratégies s’attachant précisément, comme dans Le Neveu de Rameau ou Le Rêve de d’Alembert, à absenter la religion et la divinité du discours ?

Ces interrogations, qui ne prétendent pas à l’exhaustivité, n’excluront par ailleurs aucune approche disciplinaire ; on pourra prendre en charge une ou plusieurs œuvres de Diderot, s’y consacrer au commentaire de texte comme à la synthèse transversale, ou prendre appui sur la biographie. On aura toutefois soin de respecter le cadre monographique du colloque, consacré à Diderot et non aux Lumières en général.

Les propositions de communication (entre 2000 et 3000 signes) comportant le titre provisoire, la problématique et le corpus envisagé, sont à envoyer au comité d’organisation avant le 15 mars 2019 aux adresses suivantes : Sylviane Albertan (sylviane.albertan-coppola@wanadoo.fr), Marc Buffat (mbuffat@orange.fr),  Florence Lotterie (florence.lotterie@univ-paris-diderot.fr).