Questions de société
Deux communiqués du syndicat AutonomeSup (29/1)

Deux communiqués du syndicat AutonomeSup (29/1)

Publié le par Marc Escola

Appel à la grève pour le 2 février 2009

AutonomeSup (FNSAESR-CSEN-FGAF), organisation indépendante qui n'est ni de gauche ni de droite mais défend l'Université et les universitaires et n'appelle que rarement à la grève, constate

1) qu'en ce qui concerne la réforme des concours de recrutement et des masters qui y préparent les Ministères maintiennent leurs propositions, inacceptables dans leur contenu en ce qu'elles constituent des régressions considérables par rapport aux concours actuels, et complètement irréalistes dans leur calendrier ;

2) qu'en ce qui concerne la modification du statut des universitaires, malgré des discussions informelles et contradictoires, aucune modification substantielle n'a fait l'objet d'un accord écrit et que les modifications proposées, outrepassant les amendements syndicaux proposés (y compris légalement refusés par le Ministère au CTPU), imposent en tout état de cause un nouvel examen devant l'instance nationale paritaire.

Devant ce double blocage, malgré toutes nos interventions et toutes nos prises de position, AutonomeSup appelle tous les personnels des universités à la grève le 2 février pour faire durant cette journée des universités mortes : nous exigeons le report de la réforme des concours et l'ouverture immédiate de vraies négociations sur ce point et sur la réforme du statut universitaire, dans la perspective d'un nouveau projet de décret à soumettre au CTPU. Si le Ministère maintient son obstination et son blocage, il portera devant le pays la responsabilité du chaos qui pourrait s'en suivre.

Jean-Louis Charlet
Président d'AutonomeSup
Paris, le 28 janvier 2009
http://www.autonomesup-lsh.fr




Université : comment sortir de la crise ?


            L'obstination de nos ministres de tutelle conduit l'Université française au bord du gouffre. Elle risque d'y tomber à partir du 2 février. Pourtant, si l'on analyse objectivement la situation, nos ministres ne peuvent pas ne pas voir qu'ils seront de toute façon contraints de céder sur les deux points qui suscitent un mouvement de révolte quasi unanime chez les universitaires, tel qu'on n'en n'avait pas vu depuis très longtemps.
            En ce qui concerne la réforme des concours du secondaire (CAPES) et des masters qui doivent y préparer, l'opposition universitaire est résolue car la réforme marquerait une régression inacceptable aussi bien sur le contenu disciplinaire du concours, et donc sur les connaissances des futurs professeurs (les épreuves disciplinaires ne représenteraient plus que 30% d'un concours maintenu au « niveau licence »... pour des titulaires d'un master !, plus d'épreuve orale de langue vivante pour les CAPES correspondant ni de travaux pratiques dans les sciences expérimentales…) que sur la formation professionnelle (remplacement de trois longs stages sur toute une année universitaire par de petits stages dont le contenu et les modalités posent des problèmes juridiques), sans compter le financement des études et l'organisation matérielle des stages pour un nombre considérable de candidats. L'immense majorité des collègues et des universités a clairement fait savoir qu'elle n'avait ni la possibilité ni la volonté de faire remonter de nouvelles maquettes pour le 15 février. Si les Ministères maintiennent leur ultimatum, ils n'auront qu'un nombre ridicule de retours et ne pourront mettre en oeuvre la réforme. La sagesse et la nécessité imposent donc un report d'un an pour permettre une vraie concertation et une réforme acceptable des concours, préalable obligé à une révision des maquettes de master. Ce report permettrait aussi d'éviter des mesures transitoires démagogiques et insultantes pour les diplômes universitaires.
            En ce qui concerne la réforme du statut universitaire, le Ministère est tellement conscient que le texte voté par sa seule administration lors du Comité Technique Paritaire Universitaire est inacceptable et irréaliste qu'il tente, par des conversations particulières plus ou moins contradictoires, d'obtenir quelque caution. Mais, en tout état de cause, les modifications qu'il dit avoir apportées à son texte (mais dont nous n'avons à ce jour aucune preuve écrite) ne correspondent pas toujours aux amendements présentés en séance par les organisations syndicales (et rejetés avec dédain et suffisance par son administration, c'est-à-dire par lui-même) et donc le Ministère ne pourra pas présenter de texte modifié au Conseil d'Etat sans repasser devant le CTPU. Pourquoi dès lors s'obstiner ? Là encore, comme pour le premier point, le Ministère devrait accorder tout de suite ce qu'il sera de toute façon contraint de faire : annoncer la refonte du décret, l'ouverture de vraies négociations sur ce décret et sur le décret concernant le CNU qui lui est lié, pour élaborer un nouveau texte (acceptable !) à soumettre au CTPU.
            La sagesse et la nécessité vont dans le même sens : si le Ministère s'obstine dans son blocage, il portera la responsabilité du chaos qui s'en suivra dans les universités car son intransigeance conduirait à la radicalisation du mouvement. Qu'il ait la sagesse de faire tout de suite ce qu'il sera de toute façon contraint de faire et que le Gouvernement prenne ses responsabilités pour rétablir le dialogue social avec les universitaires.

Aix, le 29 janvier 2009

Jean-Louis Charlet
Président d'AutonomeSup (FNSAESR-CSEN-FGAF)