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Des créateurs dans la classe. Faire vivre la littérature de jeunesse (Lyon)

Des créateurs dans la classe. Faire vivre la littérature de jeunesse (Lyon)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Anne-Marie Mercier-Faivre)

Appel à communication : colloque des 17-18 mars 2017, à Lyon

« Des créateurs dans la classe. Faire vivre la littérature de jeunesse ».

 

Depuis le lancement du plan dit « de cinq ans[1] » du ministre de l’Education nationale, Jack Lang, et de la ministre de la Culture, Catherine Tasca, les rencontres entre élèves et écrivains, déjà effectives du fait de l’action d’enseignants soutenus par les DRAC ou des lieux de ressources comme La Maison des écrivains[2] se sont multipliées. Il s’agissait de favoriser non seulement des dialogues en présence mais un travail de création, de « rencontres avec des écrivains au travail » :

Pour faire percevoir les voies et les moyens de la création littéraire (sa structure et ses variations, sa discipline et ses lois, sa liberté et ses détours), il faut partir de l’œuvre en cours, et pas seulement de l’œuvre achevée dont l’élève n’aurait à admirer que la perfection. Il s’agit d’une « pédagogie qui part du brouillon, du projet, pour mieux suivre les cheminements qui conduisent à toute création aboutie » (plan pour les arts et la culture à l'école, CNDP, 3e trimestre 2001, p.26)

Parallèlement à ce plan, l’introduction de la littérature de jeunesse dans les programmes de l’école et du collège accompagnait un enseignement à visée proprement « littéraire », une nouveauté pour le premier degré. Favorisées par des institutions, soutenues par les inspections académiques et accompagnées par des plans de formation des enseignants, les rencontres avec des auteurs semblent avoir aujourd’hui trouvé leur place dans les pratiques enseignantes. Des projets d’envergure comme « Graines de lecteurs »[3], présenté chaque année lors des Assises internationales du Roman (A. I. R.) de la Villa Gillet sont exemplaires de cette dynamique.

Cependant, de nombreuses critiques ont accompagné cet essor. Du côté des enseignants et des didacticiens, on a pu questionner la pertinence de l’introduction, à travers la personne de l’écrivain, de la « fonction auteur » dans les classes : le constat de Brigitte Louichon et Jérôme Roger fait en 2002 est-il toujours vrai, selon lesquels « même quand l’auteur réel entre en classe, l’institution, par ses représentations de l’écriture et sa conception instrumentale du sujet-élève, semble bien empêcher toute relation entre élève et auteur »[4] ? Les enseignants qui accueillent des auteurs ont-ils au contraire développé un autre regard sur le « sujet-élève », notamment s’il devient à cette occasion « sujet-scripteur » ? A quelles conceptions de la lecture et de l’écriture ou même de l’enseignement ces rencontres s’affrontent-elles ? Comment les enseignants parviennent-ils à résoudre ces contradictions ?

Autre question : alors que la venue d’un écrivain dans la classe s’inscrit dans des projets d’établissement ou de circonscription, on a pu craindre une inégalité de traitement entre les écoles et entre les enfants : de quelle forme d’élection la rencontre avec l’écrivain est-elle le symptôme ? Combien de classes ont-elles eu accès à ces rencontres de façon privilégiée ? Dans quels quartiers de façon prioritaire ? Les zones éloignées des centres urbains ont-elles pu en bénéficier ? Combien d’enseignants ont pu recevoir une formation ? Comment a-t-elle été conçue ?

Du côté des écrivains, les réactions négatives que l’on pouvait lire dans L’Ecrivain viendra le 17 mars[5], dans les documents conservés par la Maison des écrivains[6], ou dans Le Jour où on a mangé l’écrivain, roman de Valérie Dayre[7], doivent-ils continuer à nous alerter ? De nouvelles façons de concevoir ces rencontres ont-elles permis un enrichissement de part et d’autre ?

Le colloque a pour but de proposer un temps de réflexion entre didacticiens, auteurs et enseignants afin de répondre à ces questions. A l’issue de ce travail, il s’agira de recenser ou créer des ressources que le réseau Canopé, à l’origine de ce projet, se propose de développer et de diffuser afin que l’art et la manière – si l’on arrive à les décrire – de faire intervenir un auteur dans la classe soient à la portée de tous.

Les propositions de communication (15 à 30 lignes) devront parvenir en word ou rtf avant le 10 avril 2016 à anne-marie.mercier@univ-lyon1.fr.

Anne-Marie Mercier, Université Lyon1 (Espé), UMR 5611 (LIRE)

François Quet, Université Lyon1 (Espé), LITT&ARTS, Grenoble 3

Comité scientifique : Gilles Béhoteguy (Université de Bordeaux), Christine Boutevin (Université de Bordeaux), Max Butlen (Université de Créteil), Brigitte Louichon (Université de Montpellier), Jean-François Massol (Université de Grenoble), Anne-Marie Mercier (Université de Lyon), Christophe Poiré (Canopé), François Quet (Université de Lyon), Pierre Sève (Université de Clermont-Ferrand).

 

 

[1] Conférence de presse du 14 décembre 2000, suivie du texte « Le plan pour les arts et la culture à l’Ecole » (Document d’accompagnement réalisé par la Mission de l’éducation artistique et de l’action culturelle et la direction de l’Enseignement scolaire, CNDP, 3e trimestre 2001). Voir Pascal Lismonde, Les Arts à l’école. Le plan de cinq ans de Jack Lang et Catherine Tasca, Gallimard (folio essais, 2002).

[2] Le programme de l’« Ami littéraire » a été lancé en 1992.

[3] http://www.villagillet.net/portail/air/details/article/graines-de-lecteurs-2015-decouvrez-toutes-les-histoires-des-classes-du-projet/

[4] Brigitte Louichon et Jérôme Roger, « L'auteur entre biographie et mythographie », Modernités, Presses Universitaires de Bordeaux, 2002, p. 10.

[5] Collectif, 2001. En avant-propos à leur ouvrage, Travailler avec des écrivains (Hachette éducation « Didactiques », 1995), Emmanuel Virton et André Delobelont transcrit un texte de Suzie Morgenstern, dans lequel elle affirme que la place de l’écrivain est à sa table d’écriture et non à l’école.

[6] Pour une analyse de ces rencontres en 1996-97 et 1999-2000, voir Marie-Cécile Guernier, « écrivain – élève - professeur, une rencontre problématique », dans J. L. Bayard et A. M. Mercier-Faivre, Vous avez dit contemporain ? Enseigner les écritures d’aujourd’hui, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2007, p. 101-108.

[7] L’école des loisirs, medium, 1997. Il illustre une rencontre manquée.