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Derrida et l'Amérique : une traduction im-possible ?

Derrida et l'Amérique : une traduction im-possible ?

Publié le par Pierre-Louis Fort (Source : René Lemieux)

Jacques Derrida semble avoirtoujours eu une relation singulière avec l'Amérique. Une grande partie de sontravail intellectuel s'est faite aux États-Unis – de la fameuse conférence à l'UniversitéJohns Hopkins en 1966 à ses séminaires à UC Irvine. De même, plusieurs desgrands interprètes de Derrida se trouvent aux États-Unis, formant à la limitetoute une « École déconstructionniste ». Et finalement, plusieursgrandes polémiques typiquement américaines ont franchit les océans pour sedisséminer ailleurs : de la critique sur l' « obscurantismeterroriste » provenant soi-disant de Foucault, mais perpétrée par Searle, àla discussion sur la fin de l'histoire (contre Fukuyama, dans Spectres deMarx), en passant par l'accusation de nihilisme (avec le débat sur Paul deMan).

Pourtant, Derrida a plusieursfois exprimé son malaise face à l' « américanisation » de sa pensée,de manière exemplaire dans le texte « Descontruction : The Im‑possible »(dans Lotringer et Cohen, French Theory in America, 2001) où il affirme devoir y « tirerun trait », ou encore dans le film Derrida de Kirby Dick et AmyZiering Kofman (2002) – plus précisément dans une deleted scene – où, parlantdes intentions des réalisateurs, Derrida mentionne qu'elles forcentl'importance de l'Amérique pour sa pensée : ce film, dit-il dans cettescène coupée au montage, est d'abord un film américain.

Le présent appel de textess'intéressera à cet aspect « im‑possible » de l'américanité deDerrida, avec pour problématique centrale ce rapport ontologique entreimpossibilité et nécessité dans la traduction – et ici, traduction est pris ausens large d'une transposition entre deux systèmes sémiotiques. Pourparaphraser la Genèse de Chouraqui que citait Derrida dans « Des tours deBabel » (Psyché, 1987), la déconstruction-Babel devient-elle, à l'instarde Babel-Confusion, ce lieu où se confondent nom commun et nom propre, lieu detoutes les traductions et de l'universalité espérée par toutes les « lèvres »– Déconstruction-Confusion – et en même temps celui-là même qui est appelé àêtre à son tour déconstruit, pour (re‑)devenirle lieu de l'im‑possible traduction ? Nom commun confondu pour un nompropre, ou vice-versa : faudrait-il penser que dans l'incertitude, letrait d'union faisant office de supplément au transport, il tire un trait,et renverse toute duplicité du nom propre intraduisible en appelant, encore ettoujours, à la nécessaire traduction ?

Les contributions sur laréception et la traduction de Derrida en Amérique sont les bienvenues,particulièrement de la part des acteurs de cette traduction en anglais, enespagnol, en portugais. Sont aussi encouragées les contributions visant unethéorie de la réception par le biais du phénomène de la « déconstruction »,ainsi que celles prenant Derrida pour prétexte afin de penser l'Amérique, oules relations entre les grands corps américain et européen. Nous espéronsdévelopper, par-delà le jugement de Derrida sur sa propre vie américaine, une imagede la contemporanéité de l'Amérique.

Date limite pour l'envoi d'unarticle : 1er septembre 2011.

Information : http://www.revuetrahir.net/appel.html

Contact : info@revuetrahir.net