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Déplacements et Publics

Déplacements et Publics

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Laurence Denooz)

Colloque interdisciplinaire et international

14-15-16 octobre 2015

Université de Lorraine

Campus Lettres et Sciences Humaines de Nancy

 

 

 

DÉPLACEMENTS ET PUBLICS

 

Responsables scientifiques

Sylvie THIÉBLEMONT-DOLLET, Professeure en Sciences de l’Information et de la communication, Université de Lorraine (sylvie.thieblemont@univ-lorraine.fr)

Laurence DENOOZ, Professeure en Littérature et culture arabes contemporaines, Université de Lorraine
(laurence.denooz@univ-lorraine.fr)

 

 

 

APPEL À COMMUNICATIONS

 

 

Le déplacement d’individus, de groupes et/ou de communautés peut se définir très largement comme le passage de différents espaces (géographiques, culturels...) et états (psychologiques, intellectuels, etc.) à d’autres. Il revêt des aspects divers comme les déportations, le bannissement, les exclusions, les exils, l’exode, l’expatriation contrainte ou volontaire, ou d’autres formes de départ (par exemple, voyage périodique, régulier ou ponctuel, immigrations) qui engendrent des perceptions et des représentations aux aspects multiformes quels que soient les individus, les périodes et les sociétés. Ces perceptions et représentations impliquent presque toujours et de manière variée toutes sortes de publics (lecteurs, auditeurs, témoins, victimes témoins, etc.) qui peuvent avoir différentes positions « en même temps » (par exemple victime-témoin) ou non. Cette thématique est, du reste, au cœur de l’actualité puisque le 20 juin 2014, le rapport du Haut-Commissariat aux réfugiés[1] (HCR) « montrait que le nombre de réfugiés, de demandeurs d'asile et de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays à travers le monde [avait] dépassé les 50 millions de personnes pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale » en raison de nombreux conflits : Mali, République centrafricaine, Soudan du Sud, Syrie, etc. De fait, le 20e siècle et le début du 21e siècle sont sujets à d’effroyables déplacements contraints et forcés, et d’exils associés à des guerres, des génocides, des crises politiques et sanitaires, des actes de terrorisme à l’image des attentats du 11 septembre, médiatisés de différentes manières selon la fonction et le lieu de ceux qui en parlent et de ceux et celles auxquels sont destinées les informations à ce sujet. Par ailleurs, la notion même de déplacements de populations implique très souvent celle de frontières, de barrières et de murs[2], qui se renforcent de plus en plus à l’appui de dispositifs juridiques, mais surtout physiques, comme l’illustrent les cartes de l’observatoire des frontières de Migreurope[3] ou encore le système européen de surveillance EUROSUR[4] opérationnel pour partie depuis le 2 décembre 2013.

 

Aussi depuis des siècles le déplacement est-il associé à des récits mémoriels en lien aux déportations de masse de toutes sortes, à des formes de rupture, de déchirures, de meurtrissures inévitables et difficilement dicibles, d’exil politique, et implique-t-il l’idée de déracinement de l’ici et de son corollaire, le ré-enracinement dans l’ailleurs. Le déplacement contraint (ou non) peut d’ailleurs prendre l’aspect d’une douloureuse auto-exclusion de toute communauté, d’origine ou d’adoption, menant au « déracinement », au sens de Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad (1964 : 161 sq)[5] et à l’extranéité intérieure. Le déplacement est alors prélude à la dépossession d’un facteur identitaire primordial et, de ce fait, à l’altération identitaire.

 

Toutefois, le déplacement peut être également associé à des formes de bonheur renouvelé ou recherché dans d’autres ailleurs et il peut revêtir des aspects plus positifs et heureux. Car loin de cette défiance envers l’étranger et l’étrangeté, se développe une volonté de découverte (par exemple au travers certaines formes de tourisme), d’assimilation et d’enrichissement réciproques donnant naissance à des formes sociales remaniées. Le déplacement géographique ou psychologique se transforme de la sorte comme préliminaire indispensable à la recréation de nouvelles racines socio-culturelles.

 

Ainsi, ce colloque, qui ne prétend pas à l’exhaustivité, tant la thématique est abondante, a pour ambition de questionner, au travers de différents champs disciplinaires (études littéraires, sciences de l’information et de la communication, histoire, géographie sociologie, philosophie, sciences du langage, anthropologie, etc.) et autour de quatre axes majeurs, la notion de déplacement en articulation avec différentes populations concernées (déplacés contraints, déplacés par choix, responsables des déplacements, etc.) et espaces géographiques.

 

Représentations des déplacements de masse contraints et publics

 

Il s’agira dans un premier temps d’étudier les représentations des déplacements de masse contraints au prisme d’un certain nombre de questionnements. Quels sont ces déplacements, les lieux qui les symbolisent et les personnalités qui les représentent ? Comment ces représentations des déplacements ont-elles été construites ? Quelles perceptions des différentes régions du monde concernées donnent-elles ? Y a-t-il des types de déplacement davantage représentés dans les arts (littérature, peinture, cinéma, théâtre, danse, arts de la scène, musique, etc.) que d’autres ? Concernant les déplacements de masse plus récents, y-en-a-t-il certains qui sont davantage représentés dans les médias, lesquels et pourquoi ? À quels publics semblent destinées ces formes représentées et racontées des déplacements ? Et donc quels sont les modes de narrations des différentes formes de déplacements à destination des publics ciblés (ou non) : mises en texte, mises en images, mises en débat… Comment, dans le contexte de ces déplacements, certaines régions du monde dont l’Europe qui contribuent à établir des dispositifs de surveillance et des systèmes d’alerte de plus en plus perfectionnés pour éviter l’arrivée en masse de populations ou migrantes ou réfugiées[6], s’auto-représentent-elles, sont-elles représentées dans les médias, voire dans d’autres espaces de concertation (Agence des Nations Unies pour les Réfugiés ; UNESCO ; OMS ; Office français de protection des réfugiés et apatrides, ...) ou militants (Amnesty International,  Avocats sans Frontières ; Médecins du Monde ; La Cimade ; France, Terre d’Asile… ) ?

 

Représentations des déplacements individuels et publics

 

Ce deuxième axe privilégiera les réflexions portées sur les déplacements individuels ou de petits groupes (famille par exemple) en prenant en compte les impacts générées selon les sociétés et les générations, et surtout selon les modalités de narration de ces déplacements vécus ou imaginés, voire contraints ou non. À quelle période, selon l’espace d’étude choisi, voit-on émerger des narrations sur ces déplacements et quels en sont les effets recherchés par le narrateur (écrivain, peintre musicien, journaliste, essayiste etc.) ? Peut-on, dans certains cas, comprendre à quels types de publics ces constructions sont-elles adressées sur ces déplacements individuels ? Que véhiculent-elles (par exemple en littérature jeunesse, ouvrages sur des déplacements liés à l’adoption ; ou au 19e siècle, romans sur des contrées pensées comme exotiques) ? Certains supports semblent-ils plus appropriés ou plus faciles d’accès pour comprendre ces déplacements (films, BD, récits de voyage, récits de vie publiés, etc.) ? Ont-ils enfin une vocation marketing ou de « sensibilisation à… » ?

 

Déplacements et engagements

 

Le déplacement qu’il soit de masse ou non, contraint ou non, peut mobiliser différentes formes d’engagement. On se demandera ici s’il peut s’agir d’un engagement au service d’une collectivité, d’une société, ou d’une idéologie (philosophique, religieuse, politique, économiques, sociale) et ce que cela signifie et implique. On pourra aussi étudier la forme et les modalités de l’engagement lié au déplacement selon plusieurs positions, à savoir :

  • celle de ceux qui contraignent au déplacement et leurs motivations, et donc de leur engagement au service d’une idéologie et d’intérêts particuliers (exemple, la traite des esclaves) ;
  • celle de ceux qui choisissent le déplacement pour des raisons politiques (exemple d’Emile Zola), économiques (migrations économiques de personnes de pays pauvres vers des pays plus riches) ou culturelles (découvertes d’autres espaces via le tourisme, etc.) ;
  • celle de ceux qui choisissent le déplacement définitif ou temporaire pour changer de vie, de société (exemple de certains artistes) et/ou aider à participer à l’amélioration de la vie d’autres personnes dans des pays en guerre, ou ayant subi des catastrophes humanitaires, etc.

 

Étude terminologique et conceptuelle du déplacement

 

Ce dernier axe a pour objet d’interroger le terme même de déplacement et de tenter de le cadrer théoriquement et/ou historiquement, selon une perspective disciplinaire choisie, en relation à des types de population et de publics. Ainsi, est-ce que des notions et concepts proches peuvent être associés au déplacement, comment, pour quelles raisons et à destination de qui (par exemple : migration, émigration, immigration, impatriation, expatriation, migrance, exil, exode, flux migratoire, déterrorialisation/reterritorrialisation, déracinement, exopolitie, etc.) ? Et donc, comment peut-on articuler et définir certains publics selon les terminologies attribuées au déplacement ? Pour appuyer ces analyses, des études de cas pourront asseoir la démonstration et seront les bienvenues.

 

 

S’inscrivant à la fois dans des événements du passé et contemporains, ce colloque accueillera des chercheurs en sciences humaines et sociales et des professionnels (photojournalistes, reporters, responsables d’associations, etc.), avec différentes formes d’interventions ouvertes à tous les publics (tables rondes, débats, expositions, conférences).

 

 

Comité scientifique

 

Nehmetellah Abi-Rached, Université de Strasbourg, France

Christian Agbobli, Université du Québec, Montréal

Audrey Alves, Université de Lorraine, France

Tayeb Bouderbala, Université de Batna, Algérie

Nacer Eddine Benghenissa, Université de Biskra, Algérie

Béatrice Fleury, Université de Lorraine, France

Piero D. Galloro, Université de Lorraine, France

Claudio Gigante, Université libre de Bruxelles, Belgique

Doris H. Gray, Université Al Akhawayn, Maroc

Abdelkrim Hizaoui, IPSI, Université de la Manouba, Tunisie

Bernard Idelson, Université de la Réunion, France

Tristan Mattelart, Université Paris 8, France

Antonino Pellitteri, Université de Palerme, Italie

Virginie Spies, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, France

Marieke Stein, Université de Lorraine, France

Isabelle Thibaudeau-Boon, Radboud Universiteit Nijmegen, Pays-Bas

Christoph Vatter, Universität des Saarlandes, Sarrebruck, Allemagne

Jacques Walter, Université de Lorraine, France

 

 

 

Comité d’organisation

 

Étudiants inscrits en Information-Communication et en Master Méditerranée et Europe centrale et orientale, spécialité Arabe

Association des Jeunes Chercheurs du Crem

Doctorants en Littérature arabe et Littérature comparée

 

 

 

Propositions de communication

 

1 page isolée comportant le nom, l’appartenance institutionnelle, le grade, le titre de la communication et les coordonnées de l’auteur (adresse professionnelle, adresse personnelle, adresse électronique et téléphone)

Sur 1 autre page : une proposition de 15 à 20 lignes en français ou en anglais (Word, Times 12, interligne 1,5) avec indication de l’axe choisi et un titre provisoire.

Cinq mots-clés devront également être mentionnés.

Toutes les propositions seront soumises à une double expertise en aveugle des membres du comité scientifique.

 

Les propositions de communication seront adressées conjointement à :

Sylvie Thiéblemont : sylvie.thieblemont@univ-lorraine.fr

Laurence Denooz : laurence.denooz@univ-lorraine.fr

 

Calendrier

20 mars 2015 : date de retour des propositions

1er mai 2015 : envoi des avis du comité scientifique aux auteurs

14-15-16 octobre 2015 : colloque

30 janvier 2016 : remise des textes à Laurence Denooz et Sylvie Thiéblemont

1er mars 2016 : envoi des avis du comité scientifique aux auteurs pour corrections

30 mars 2016 : remise des textes définitifs pour publication

 

Les articles retenus, après avis du comité scientifique, feront l’objet d’une publication. Les consignes éditoriales feront également partie de l’évaluation du texte.

 

 

 

Frais d’inscription pour les intervenants : 80 euros

Les versements seront à effectuer sur place.

Les frais de déplacement et d’hébergement ne sont pas pris en charge.

Les déjeuners seront offerts aux intervenants.

 

           

 

 

[1] Document en ligne : http://www.unhcr.org/5399a14f9.html?_ga=1.62755564.1198012101.1403248576. Consulté le 24 juin 2014.

[2] Lussault Michel, Paquot Thierry (dirs), « Murs et frontières », Hermès 63, 2012.

[3] Migreurop, Atlas des migrants en Europe. Géographie critique des politiques migratoires européennes, Paris, Armand Colin, 2012. Carte réalisée par Nicolas Lambert.

Accès : http://www.migreurop.org/IMG/pdf/map_4.5_murs_dans_le_monde.pdf. Consulté le 6 octobre 2014.

[4] Site de Toute l’Europe. Accès : http://www.touteleurope.eu/actualite/quest-ce-queurosur.html. Consulté le 6 octobre 2014.

[5] Bourdieu Pierre, Sayad Abdelmalek, Le déracinement, Paris, éd. de Minuit, 1964.

[6] Il faut en effet préciser ce qu’est le statut de réfugié selon la Convention du 28 juillet 1951 : « La Convention consolide les précédents instruments internationaux relatifs aux réfugiés et constitue l’effort de codification des droits des réfugiés le plus complet jamais déployé́ sur le plan international. […]. Elle doit être appliquée sans discrimination par rapport à la race, la religion ou le pays d’origine du requérant. Elle prévoit diverses garanties contre l’expulsion des réfugiés, ainsi que des dispositions relatives à l’obtention des documents qui leur sont nécessaires, y compris un titre de voyage, qui se présente sous la forme d’un passeport. La plupart des États parties à la Convention délivrent ce titre de voyage. Le document est aujourd’hui aussi largement reconnu que l’était le passeport Nansen. Certaines dispositions de la Convention sont jugées si importantes qu’elles ne peuvent faire l’objet d’aucune réserve. C’est le cas notamment de la définition du terme "réfugié" et du principe du non-refoulement, selon lequel aucun État contractant n’expulsera ou ne refoulera en aucune manière un réfugié, contre sa volonté́, vers un territoire où il craint d’être persécuté ». Texte en ligne : http://www.ofpra.gouv.fr/documents/UNHCR_Convention_1951_Protocole_1967.pdf. Consulté le 6 octobre 2014.