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"Dépeupler, repeupler", Séminaire de M. Macé, EHESS

Publié le par Marielle Macé

Dépeupler, repeupler. Littérature, politique, environnement

Marielle Macé, EHESS. Du 15 nov. 2018 au 7 mars 2019

Je-15h-18h, salle 13 (6e étage, 105 Bd Raspail)

(photographie: Valentina Vannicola)

 

« Chacun va, cherchant son dépeupleur », écrivait Beckett dans l’un de ses derniers récits. Ce séminaire s’intéressera à une littérature contemporaine soucieuse de dépeuplements de tous ordres, observant les efforts d’œuvres occupées à dire un peuple ou inquiètes de s’en détourner — occupées à reconnaître un peuple, à s’adresser à lui, à se chercher des peuples, à en élargir le nombre, à en instituer de nouveaux…

On organisera l’ensemble en deux temps, correspondant aux deux genres privilégiés : le poème et l’essai. On essaiera de comprendre la façon dont la poésie moderne a pris le risque de se dépeupler (s’exagérant surtout l’absence d’un peuple qu’elle avait peut-être simplement cessé d’aimer). Et l’on observera une poésie contemporaine effectivement engagée à repeupler et se repeupler, autant que les ciels, les landes ou les places, interrogeant les outils d’une syntaxe démocratique (politique des prépositions, élargissement de l’adresse, des sujets et des parlers). On s’intéressera ensuite à la solidarité entre le genre littéraire de « l’essai » et une anthropologie contemporaine étendue aux bêtes, aux plantes, aux choses. On se familiarisera avec une perspective écopoétique. On lira des auteurs qu’il est peut-être inattendu de prendre ensemble : Thoreau et Latour, Ovide et Michelet, Caillois et Anna Tsing, Bailly et Annie Dillard, Michaux, Deligny, Tim Ingold, Élisée Reclus…

À chacun de ces moments, on entend montrer que la littérature participe de fait à l’élargissement du parlement des vivants et des formes de vie qu’il nous faut considérer. Pourquoi ? Parce qu’elle est l’élargissement même, et que c’est ainsi qu’elle prend sa place dans la définition d’un espace commun — c’est-à-dire, aujourd’hui, dans la nécessité de réimaginer des façons de vivre dans un monde abîmé.

 

 

Programme indicatif :

 

 

Premier semestre : Des poètes et des peuples

 

  • "Dépeupleurs, repeupleurs". Samuel Beckett. William Cliff. Bernard Heidsieck. E. De Signoribus.
  • "Politique des prépositions" : Nathalie Quintane. Emmanuel Hocquard. Claude Mouchard.
  • "Le petit peuple des mots" : Stéphane Bouquet. Valérie Rouzeau.
  • "Ovide et nous". Séance hors les murs, Maison de la Poésie, samedi 8 décembre, 16h.
  • "L’élargissement du poème" : Jean-Christophe Bailly. Gérard Haller.
  • "Sur le nom « paysans »" : James Sacré. William Cliff.
  • "Livres de cabanes" : Jean-Marie Gleize. Olivier Cadiot.
  • "Manifestes pour une vie lyrique. XIXe-XXIe s". Conférence de Dominique Dupart.

 

Second semestre : Essais pour un monde élargi

 

  • « Le reportage d’idées »
  • "Révolutions dans le cosmos : Humboldt, Thoreau, Reclus". Conférence de Bertrand Guest.
  • "Écouter les oiseaux dans l’anthropocène". F. Raphoz. D. Meens. B. Krause.
  • "Sur la piste animale". F. Ponge, J.C. Bailly. B. Morizot. V. Desprets.
  • "Laisser rêver une ligne". H. Michaux, T. Ingold, F. Deligny, I. Bahri.
  • "Discours de l’eau". J.C. Bailly. Forensic oceanography, G. Penone.
  • "Être forêt". E. Kohn, A. Tsing, J.B Vidalou. Claire Simon.