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Dénis historiques et travail de la mémoire

Dénis historiques et travail de la mémoire

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Pierre Bayard)

Colloque organisé, sous la direction de Pierre Bayard et d’Alain Brossat, par le GREVE Groupe de Recherche sur la Violence Extrême, Université Paris 8 et l’UTCP The University of Tokyo Center for Philosophy, avec le soutien d’Aircrige Association internationale de recherche sur les crimes contre l’humanité et les génocides, de l’équipe de recherches Littérature et histoires, du LLCP Laboratoire d’études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie, de l’Institut Universitaire de France, du Service des Relations et de la Coopération Internationales (Paris 8), de l’UFR «Histoire, Littérature, Sociologie» (Paris 8).
 
Le colloque a lieu le vendredi 01 décembre (9h30 - 17h30)  ainsi que le samedi après-midi (15h - 18h30) au Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis
(ligne 13, métro Porte de Paris, 22 bis rue Gabriel Péri), et le samedi matin (9h3O - 13h) à l’Université Paris 8 (ligne 13, métro Saint-Denis Université, salle B 106).


Les falsifications de l'Histoire accompagnent les exterminations et les génocides comme leur ombre.Elles sont comme le prolongement du crime lorsque la vie est redevenue « normale ». Elles revêtent des formes innombrables, dont les plus constantes sont la mise en place de récits falsifiés des événements, récits dotés d’une plus ou moins grande légitimité selon la qualité de ceux qui les émettent. Mais elles passent aussi par l’effacement des traces, la rétention ou la destruction des archives, la réduction au silence des témoins, l’emploi systématique d’euphémismes ou d’expressions inappropriées, l’imposition d’un enseignement de l’Histoire tendancieux, lacunaire ou mensonger et de « versions officielles », la lutte contre la diffusion des versions plus véridiques et contre l’apparition d’un espace public de discussion.


Ce que l'on nomme couramment "révisionisme" ne saurait ainsi se réduire à l'agitation conduite par quelques groupes de fanatiques et à leurs récits aberrants, comme c’est le cas dans des pays comme la France ou les Etats-Unis, où la mise en doute de l’existence des chambres à gaz demeure, pour l’essentiel, le fait de quelques personnes isolées. Tout au contraire sont le plus souvent en cause, dans les falsifications de l’Histoire moderne et contemporaine, de puissantes coalitions d’intérêts variés, impliquant des autorités établies, des forces sociales et économiques, des groupes communautaires, des secteurs d’opinion, des personnalités politiques ou intellectuelles... Plus les actions criminelles ou les violences massives ont découlé de décisions prises par des autorités légitimes, et plus s’avèrent en général persistantes et variées les tentatives de faire perdurer des récits falsifiés ou lacunaires.

Ce colloque se donne donc pour objet d’analyser, sous des angles multiples, les stratégies au moyen desquelles des autorités, des groupes d’intérêts et des individus organisent la falsification d’un passé criminel ou s’activent en vue de son déni, ainsi que les voies contraires par lesquelles peut s’élaborer le travail de la mémoire. Cette analyse prendra notamment la forme d’une étude comparative menée dans deux aires géographiques très éloignées, l’Europe de l’Ouest et l’Extrême-Orient, chacune de ces aires étant elle-même étudiée à partir de plusieurs exemples différents. La période envisagée sera celle de la seconde Guerre Mondiale, de l’après-guerre et de la décolonisation. Ces comparaisons, menées en croisant les aires géographiques et les pays, devraient permettre de mettre en valeur des situations à la fois proches et contrastées, et d’engager une réflexion plus large que si n’étaient en jeu qu’une ou deux expériences.


Vendredi 1er décembre
Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis métro Porte de Paris, 22 bis rue Gabriel Péri, Saint-Denis

Matin
modérateur : William MARX
9h30 ouverture du colloque Pierre BAYARD
9h45 Les crimes d’Etat sont-ils solubles dans la politique politicienne ? Alain BROSSAT, Université Paris8
10h30 Overcoming the past : the postwar Japan and Germany ISHIDA Yûji, Université de Tokyo
Pause
11h30 Japon, les historiens contre l’Etat Arnaud NANTA, CNRS
12h15 Le mythe fondateur de l’Autriche contemporaine : refoulement ou falsification de l’Histoire? Elissa MAILAENDER KOSLOV, EHESS

Après-midi
modérateur : Jean-Nicolas ILLOUZ
14h Négation et littérature : perversion historiographique et perversion esthétique Catherine COQUIO, Université de Poitiers
14h45 La télévision entre l’oubli et la mémoire : la commémoration de Hiroshima à la télévision japonaise ISHIDA Hidetaka, Université de Tokyo
Pause
15h45 Des sciences coloniales au droit colonial. Réflexion sur des disciplines oubliées Olivier LE COUR GRANDMAISON, Université d’Evry
16h30 The commemoration of Gwangju : who is the enemy of the state? KIM HANG, Université de Tokyo

Samedi 02 décembre

matin
Université Paris 8 métro Saint-Denis Université, salle B 106
modérateur : Martin MÉGEVAND
09h30 La question du Yasukuni-jinja TAKAHASHI Tetsuya, Université de Tokyo
10h15 Retour sur l’affaire Kravchenko Claude MOUCHARD, Université Paris8
Pause
11h15 A propos de «Frères» de HuHwa et «Confession» de Tongxi ZHANG Jie, Université de Wuhan
12h Ma sœur, y a-t-il eu pour toi dommage? Zineb ALI-BENALI, Université Paris8

après-midi

Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis métro Porte de Paris, 22 bis rue Gabriel Péri, Saint-Denis
modérateur : Muhamedin KULLASHI
15h Jus post bellum. Forgiveness and historical denials CHU Yuan-Horng, Université Chiao-Tung
15h45 RFA-RDA : des mémoires en miroir Pierre-Yves GAUDARD, Université ParisIV
Pause
16h45 Ecrivains faux témoins : le livre collectif sur la construction du Belomorkanal (URSS, 1934) Annie EPELBOIN, Université Paris8
17h30 Cambodge, entre mémoire et déni Soko PHAY-VAKALIS, Université Paris8
18h15 Conclusion


Renseignements : bayard.sakai@wanadoo.fr ou abrossat@club-internet.fr