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Défi de lecture : Thomas l'Obscur de Maurice Blanchot

Défi de lecture : Thomas l'Obscur de Maurice Blanchot

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Alain Milon)

Défi de lecture : Thomas l’Obscur de Maurice Blanchot

 

Dans le prolongement des trois dernières publications (Blanchot-Lévinas : Penser la différence (2007), Maurice Blanchot et la philosophie (2010), Maurice Blanchot entre roman et récit  (2013) de la collection Résonances de Maurice Blanchot (cf. http://presses.u-paris10.fr/?page_id=1014) le quatrième ouvrage en préparation abordera l’ouvrage Thomas l’Obscur comme défi de lecture.

Il arrive très rarement dans l’histoire de la littérature qu’un écrivain concentre autant son travail autour d’une œuvre. C’est le cas avec Blanchot qui n’a cessé de réécrire son premier roman Thomas l’Obscur. La première version de 1941 a plus de trois cents pages alors que la seconde de 1950 environ cent vingt, soit une diminution des deux tiers du texte, sachant qu’il existe d’autres versions non publiées de ce texte. Est-ce que cela veut dire que la première version est une tentative, un brouillon, un essai… ? Que cherche à prouver, Blanchot, par la ré-édition de Thomas l’Obscur ? En publiant la première version, il en fait un véritable ouvrage et non une esquisse. Dans ces circonstances la seconde version est-elle un texte abrégé, mutilé ou appauvri ? Est-elle simplement un assemblage de fragments tirés de la première version ou la ré-écriture d’un nouveau roman ?

Dans l’avant-propos de la version publiée en 1950, Blanchot nous avertit : « Il y a, pour tout ouvrage, une infinité de variantes possibles. Aux pages intitulées Tomas l’Obscur, écrites à partir de 1932, remises à l’éditeur en mai 1940, publiées en 1941, la présente version n’ajoute rien, mais comme elle leur ôte beaucoup, on peut la dire autre et même toute nouvelle, mais aussi toute pareille […] ».

Une vingtaine d’années pour écrire le même livre, n’est-ce pas le lot de tous les écrivains et artistes qui n’arrêtent pas d’écrire le même livre, de peindre la même toile ou de faire le même film ? Une telle dépense d’énergie pour remanier un texte, un tableau, un film, dans quel but ? Celui de l’œuvre ultime, celui du tout dernier mot ? Blanchot ne pose-t-il pas la question de la possibilité de l’œuvre écrite, de l’œuvre unique ?

À la lecture de Thomas l’Obscur, qualifié par l’éditeur d’œuvre romanesque, le lecteur est embarrassé. Bien que les deux versions aient été éditées par Gallimard, on observe toutefois une inconstance ou une hésitation d’une édition à l’autre, ou plutôt d’une collection à l’autre, car la première version, publiée dans la collection ‘Blanche’, porte la mention : « roman », alors que dans la seconde version publiée dans la collection ‘L’Imaginaire’, il n’est plus question de roman ou de récit. D’où vient ce changement ? Est-ce le fait de l’auteur — une stratégie d’écriture —, ou de l’éditeur — une stratégie éditoriale ? Blanchot écrit-il dans sa réédition un roman, un récit, un essai ?

Toute l’œuvre fictionnelle de Blanchot, et particulièrement Thomas l’Obscur, est considérée comme difficile à lire voire illisible. La forme narrative et le style d'écriture obligent le lecteur à rompre avec les conventions. Cela donne à ce texte une étrangeté qui surprend. Le lecteur est presque sommé d’écarter toute explication psychologique ­ — y a-t-il là effectivement une narration fictionnelle ou une intrigue ? ­ — et de dissoudre la notion de sujet — y a-t-il encore un sujet-écrivain, un sujet-personnage, un sujet-lecteur ?

Jean Paulhan, membre du comité de lecture de Gallimard, écrivait à l’époque dans sa fiche de lecture en vue de la publication de Thomas l’Obscur que cet ouvrage « ne peut guère s’analyser », qu’« il ne trouvera pas beaucoup de lecteurs », mais qu’« il mérite certainement d’être publié. Il se lit, une fois accepté, avec passion. »

Cet ouvrage se présentera avant tout comme une invitation à lire ou à relire Thomas l’Obscur afin de s’interroger sur la singularité formelle mais surtout thématique de cet ouvrage et de le mettre en perspective avec l’ensemble de l’œuvre de Blanchot.

Toutes les approches sont envisageables : critique, littéraire, philosophique, psychanalytique, etc.

Les propositions (40.000 signes maximum, espace compris selon la feuille de style des Presses Paris ouest, consultable sur le site des Presses Paris Ouest : http://www.pressesparisouest.fr) sont à envoyer avant la fin juin 2015 à : Alain Milon (alain.milon@u-paris10.fr) et Anca Călin (anca.calin@ugal.ro).