"De la chasse aux sorcières aux dispositifs de terreur contemporains" (Séminaire Écrire et penser avec l’histoire à l’échelle du ‘monde’ ? Paris 7)
Mardi 11 octobre 2016, 16h-18h
De la chasse aux sorcières aux dispositifs de terreur contemporains
avec Jacob Rogozinski
en dialogue avec Céline Flécheux et Pascal Debailly
Séminaire CERILAC Écrire et penser avec l’histoire à l’échelle du ‘monde’ ?
Responsables : Catherine Coquio et Inès Cazalas, avec la collaboration d'Aurélie Leclercq.
Pourquoi hait-on ? Comment passe-t-on de l’exclusion à la persécution ? Comment l’indignation et la révolte des dominés se changent-elles en politique de persécution ? Engageant une confrontation critique avec Foucault, Girard et Agamben, la réflexion de Jacob Rogozinski se situe au croisement de la philosophie, des sciences historiques et de l'anthropologie. Il analyse les techniques mises en œuvre dans la chasse aux sorcières des XVe aux XVIIIe siècles, pour désigner les cibles - recherche du « stigmate diabolique », aveu d’une « vérité » extorquée sous la torture – et la mobilisation du schème du "complot" qui déchaîne les passions. Il repère l'une de ses origines dans l'angoisse que les soulèvements populaires suscitent dans les classes dominantes. L'enquête s’élargit à d'autres phénomènes d’exclusion - statut des lépreux au Moyen Âge, Intouchables indiens – et évoque la Terreur révolutionnaire de 1793-94, tentant de comprendre comment le processus de "désincorporation" du Corps politique a favorisé la constitution d’un nouveau dispositif de persécution. La séance portera sur les relations entre dispositifs de pouvoir et dispositifs de croyance, sur leurs mutations historiques, et sur la possibilité d’inscrire dans une histoire longue les phénomènes de terreur contemporains.
Jacob Rogozinski est philosophe, professeur à l'Université de Strasbourg. Après avoir travaillé sur Kant (Kanten – esquisses kantiennes, 1996 et Le don de la Loi, 1999) et la phénoménologie, il a publié Le moi et la chair - introduction à l'ego-analyse (2006) et sur Artaud Guérir la vie (2011), puis Cryptes de Derrida (2014) et Ils m'ont haï sans raison. De la chasse aux sorcières à la Terreur (2015). Il a critiqué les notions de « crime fasciste » et de « radicalisation » à propos de la terreur djihadiste:http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/02/20/le-philosophe-et-le-djihadiste_4580674_3232.html; http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/04/04/etre-radical-c-est-lutter-contre-la-souffrance-sociale_4895262_3232.html