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De l'avant-garde, des avant-gardes: frontières, mouvements

De l'avant-garde, des avant-gardes: frontières, mouvements

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Serge milan)



DE L'AVANT-GARDE, DES AVANT-GARDES : FRONTIERES, MOUVEMENTS


Les laboratoires CIRCLES (Centre Interdisciplinaire Récit, Cultures, Langues et Société), CRHI (Centre de Recherche d'Histoire des Idées), CTEL (Centre Transdisciplinaire d'Epistémologie de la Littérature) et RITM (Centre de Recherche sur l'analyse et l'Interprétation des Textes en Musique) organiseront un colloque international intitulé « De l'avant-garde, des avant-gardes : frontières, mouvements » les jeudi, vendredi et samedi 4, 5 et 6 décembre 2008 à l'Université de Nice–Sophia Antipolis, avec la collaboration du Musée Marc Chagall et de la Cinémathèque de Nice.

Les pistes de recherche figurent sur le texte d'orientation du colloque ci-dessous.

Les propositions de contribution (500 mots environ) devront être adressées avant le 15 mai 2008 par voie électronique à Serge Milan (milan@unice.fr), accompagnées d'une courte présentation de l'intervenant. Elles seront examinées et sélectionnées par les Comités Scientifique et d'Organisation du colloque pour le 30 juin 2008. Chaque intervention ne devra pas dépasser 20 minutes.

Pour plus d'informations:
http://www.unice.fr/circles/IMG/pdf/AvantGarde.pdf.pdf



Texte d'orientation


Dans la période post-moderne, la notion même d'avant-garde semble s'être dissoute au sein d'un ensemble beaucoup plus vaste de catégories esthétiques, qui l'ont au mieux reléguée dans les tiroirs de l'histoire comme objet fétiche, ou au pire, qui l'ont traitée comme une excroissance de la modernité soupçonnée de complicité avec les horreurs du siècle. Les avant-gardes historiques ont acquis parfois le statut d'un mal nécessaire, d'un « anti-art » qui aura revivifié la création, sans toujours réussir à empêcher la réification de la culture dans les circuits de consommation.
Les avant-gardes historiques ont en effet laissé une empreinte indélébile sur la production du XXème siècle : loin d'en avoir uniquement bouleversé les conventions culturelles, elles ont proposé de nouvelles réflexions structurelles et formelles sur le matériau artistique. Leur pars destruens a curieusement posé les prémisses de tentatives plus « modernes » au tournant de la seconde moitié du siècle. En termes de structures, certaines expériences de Cage, du mouvement Fluxus, ou de La Monte Young ne prolongent-elles pas les performances du cabaret Voltaire et les soirées futuristes ? Pourtant, pour reprendre une remarque d'Adorno à propos de la seconde moitié du XXème siècle, « le gestus expérimental, terme qui désigne les procédures artistiques pour lesquelles le nouveau s'impose comme une obligation, a subsisté ; mais aujourd'hui, il désigne fréquemment […] une chose qualitativement différente : le fait que le sujet artistique emploie des méthodes dont il ne peut concrètement prévoir le résultat ».
Or justement, ces notions sont liées à des affrontements dialectiques – ancien et nouveau, tradition et modernité – qui nécessitent, comme en photographie, un changement de focales afin de pouvoir faire le point, focales déterminées ici par une réflexion esthétique, historique et philosophique, ainsi que par une analyse des pratiques artistiques.
Les axes suivants pourront orienter les interventions des participants :

ANALYSE DES PRATIQUES ET DES ESTHETIQUES D'AVANT-GARDE
En définissant des objectifs ou des projets esthétiques et politiques, les avant-gardes ont vu se former en leur sein des groupes actifs de production, qui se sont peu à peu transformés en communauté, voire en école. Fondées à la fois sur des éthiques particulières, sur des concepts esthétiques ou encore sur des attitudes politiques – voire sur des gesta archétypiques – des identités se sont dégagées, en créant en même temps des frontières implicites.
Les mouvements qui se réclament de l'avant-garde possèdent ainsi des esthétiques très diverses et des pratiques qui méritent d'être soumises à un examen critique. On observe par exemple une production tendant souvent vers la synesthésie, voire l'oeuvre d'art totale, vers l'utilisation de techniques expérimentales ou vers l'émergence dans certaines de ces oeuvres d'éléments « pauvres » ou d'objets dévalués, ainsi que vers l'établissement d'un lien inédit entre la pratique artistique et sa théorisation. De plus, ces pratiques s'accompagnent souvent de gestes particuliers dans l'exécution, et investissent des lieux où la mise en jeu du corps est réinventée. Sonder ces tendances, ces espaces d'éclatement, ce lien oeuvre/manifeste et ce rapport au corps, permet de reposer implicitement la question des frontières, et celle du mouvement de l'art et de ces artistes.

RECEPTION DES AVANT-GARDES ET CONTINUITE HISTORIQUE
Au tournant de la seconde moitié du XXème siècle, les héritiers de certains courants historiques perpétuent le mouvement avant-gardiste (Lettrisme, Internationale Situationniste, mouvement Fluxus) dont les objectifs participent notamment de la remise en question de la notion d'oeuvre d'art. Que ce soit en musique, en art plastique ou encore en littérature, les avant-gardes historiques ont très nettement participé à une remise en question du matériau utilisé pour la création, et à une mise à plat de la conception formelle des oeuvres. Comment se réalise concrètement cette modernité ? Quelles sont les traces, les empreintes ou les mémoires des avant-gardes encore perceptibles dans les mouvements nés après 1940 ? Dans quelle mesure peut-on écrire que les avant-gardes présupposent un sens de l'histoire, et qu'elles évoluent toutes dans un certain paradigme temporel qui conçoit l'Histoire comme un processus orienté vers un but dont elle tire sa signification?

DEMARCATION DES PROJETS ESTHETIQUES, POLITIQUES, ANTHROPOLOGIQUES
En quoi la notion d'avant-garde artistique se différencie-t-elle de celle de mouvement artistique (ou littéraire) ? Il y a là, effectivement, l'idée d'un mode d'organisation militaire, et donc de combats à mener en art : combat oedipien contre la vieille génération des créateurs, assaut contre les institutions artistiques, éradication des idées esthétiques périmées, corps à corps avec les institutions politiques, enfin guerre ouverte à la société dans son ensemble.
L'avant-garde, en tant que terme générique, est-elle à comprendre comme une forme d'organisation permettant d'unifier ces différents types de combats? Il s'agirait alors d'examiner comment s'effectue cette unification (par quels discours théoriques et par quelles pratiques, par exemple), et comment, dans cette volonté de synthétiser, des contradictions internes condamnent les avant-gardes à n'être presque jamais fidèles à la pureté de leurs objectifs et de leurs proclamations (par exemple, dans leur rapport aux pères spirituels, au mécénat, à l'intégration dans les institutions artistiques, ou au marché de l'art).



Bibliographie indicative


- ADORNO Th. W., Théorie esthétique, Paris, Klincksieck, 1995.
- ALBERA François, L'avant-garde au cinéma, Paris, Armand Colin, 2005.
- BENJAMIN Walter, L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique, trad. Maurice de Gandillac, Paris, Allia, 2003.
- BONNET Henri, Roman et poésie, essai sur l'esthétique des genres : la littérature d'avant-garde et Marcel Proust, Paris, Nizet, 1980
- BOURRIAUD Nicolas, Formes de vie. L'art moderne et l'invention de soi, Paris, Denoël, 1999.
- BRENEZ Nicole, LEBRAT Christian, Jeune dure et pure! Une histoire du cinéma d'avant-garde et expérimental en France, Paris / Milan, Cinémathèque française / Mazzotta, 2001.
- BUCH Estebàn, Le cas Schönberg : naissance de l'avant-garde musicale, Paris, Gallimard, 2006.
- COMPAGNON Antoine, Les cinq paradoxes de la modernité, Paris, Seuil 1990.
- DANTO Arthur, La transfiguration du banal, trad. C. Hary-Schaeffer, Paris, Seuil, 1989.
- DE DUVE Thierry, Au nom de l'art. Pour une archéologie de la modernité, Paris, Editions de Minuit, 1989.
- ELLUL Jacques, L'Empire du non-sens : l'art et la société technicienne, Paris, Presses universitaires de France, 1980.
- GHALI Nourredine, L'Avant-garde cinématographique en France, Paris, Expérimental, 1995.
- GUET Michel, L'Artisme considéré comme un des beaux-arts, sinon comme le tout, Paris, Jean-Pierre Faur Editeur, 2001.
- HARRISON Charles et WOOD Paul, Art en théorie, 1900-1990, Paris, Hazan, 1997.
- JIMENEZ Marc, L'esthétique contemporaine : tendances et enjeux, Paris, Klincksiek, 2004.
- KAUFMANN Vincent, Poétique des groupes littéraires. (Avant-gardes 1920-1970), Paris, Presses universitaires de France, 1997.
- KRAUSS Rosalind, L'Originalité de l'avant-garde et autres mythes modernistes, Paris, Macula, 1993.
- LEMOINE Serge, LISTA Giovanni, NAKOV Aandré, Les avants-gardes, Paris, éd. F. Hazan, 1991.
- LÖWY Michael et SAYRE Robert, Révolte et mélancolie. Le romantisme à contre-courant de la modernité, Paris, Payot, 1992.
- LYOTARD Jean-François, La condition post-moderne, Paris , Minuit 1979.
- MARX William, Les arrière-gardes au XXème siècle. L'autre face de la modernité esthétique, Paris, PUF, 2004
- MESCHONNIC Henri, Modernité, modernité, Paris, Verdier, 1988.
- MICHAUD Yves, La crise de l'art contemporain : utopie, démocratie et comédie, Paris, PUF, 2005.
- NOUDELMANN François, Avant-gardes et modernité, Paris, Hachette, 2000.
- PARTOUCHE Marc, La Lignée oubliée. Bohèmes, avant-gardes et art contemporain de 1830 à nos jours, Paris, Al Dante, 2004.
- RANCIERE Jacques, Malaise dans l'esthétique, Paris, Galilée, 2004.
- ROSENBERG Harold, La Tradition du nouveau, Paris, Editions de Minuit, 1992.
- TEIGE Karel, Le Marché de l'art, trad. M. Ghergel, Paris, Allia, 2000.